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Les Meubles
du Pays de Rennes
© ANTIQUITÉS PHILIPPE GLÉDEL – TOUS DROITS RÉSERVÉS. 1998/2024 |
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Fronton d'armoire de François Allory - Collection personnelle
Préambule,
Bibliographie et Remerciements.
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Il a été déjà beaucoup écrit sur
le mobilier rennais, notamment dans des collections générales
sur les meubles régionaux. On y trouve souvent hélas de
nombreuses approximations. On aura donc davantage intérêt
à se tourner vers les publications locales. Nous proposons ici
une bibliographie choisie des meilleurs ouvrages :
- Tout d'abord le plus ancien, "Les beaux meubles rustiques
du Vieux Pays de Rennes", livre de référence
écrit par un collectionneur passionné, le Docteur
Jambon, édité chez Plihon & Hommay en 1927, réimprimé
chez Laffitte en 1977. Ouvrage fort complet doté d'une importante
documentation photographique et qui paraît avoir fixé la
mémoire de toute une époque.
- Le plus récent, incontournable, "Menuisiers et mobilier
du Pays de Rennes" aux éditions Apogée-1997,
de Gwénaël Baron, en collaboration avec Alison
Clarke, conservatrice à l'Ecomusée de la Bintinais.
Ecrit cette fois par un universitaire, il s'agit d'un véritable
livre d'investigation puisque de nombreuses archives notariales ont
été compulsées. Cette publication nous a comblé,
c'est en effet un ouvrage passionnant qui apporte de précieux
renseignements et que nous ne manquons jamais d'offrir à nos
clients et, bien entendu, nous
en
recommandons la lecture à tous les amateurs. On y trouve entre
autre une très belle étude sur Charles Allory, une liste
des artisans élargie par rapport à celle établie
par le Dr Jambon, quelques meubles inédits également,
même si la place accordée aux photographies n'est pas prédominante.
- Le dossier de Paul Banéat, ancien conservateur du
Musée archéologique de Rennes, intitulé "Le
Mobilier Breton", aux éditions Massin en 1926, dresse
un inventaire au travers de très belles photographies en noir
et blanc.
- Dans la même veine, aux éditions des Musées de
Rennes, "Mobilier
du Pays de Rennes" de
1970 par F. Bergot et J.-Y. Veillard, respectivement conservateurs
du Musée de Rennes et du Musée de Bretagne.
- Quelques clichés inédits aussi à voir dans un
exemplaire de Vie à la campagne intitulé "Maisons
et Meubles Bretons Paysans et Bourgeois" de 1922, réédité
en 1976 chez Hachette.
- Il ne faudrait pas oublier un très intéressant article
sur les Croizé, par Jean-Yves Veillard, intitulé
: "Une dynastie de menuisiers du pays de Rennes, les Croizé", édition des Musées de Bretagne.
- Enfin, un
dossier sur le mobilier rennais auquel nous avons activement collaboré,
dans le magazine France Antiquités de janvier 2005.
- Signalons aussi et pour finir un beau livre récent, "Le
Mobilier Breton "par René Trotel, aux éditions
Coop Breizh.
Ces
livres constituent une véritable source d'enseignement,
et il n'est pas question ici de répéter ce qui a déjà
été écrit mais d'essayer modestement de compléter
certaines parties avec ce que notre expérience d'homme de terrain
nous a permis de découvrir. En effet, au
cours de nos nombreuses années de quêtes, nous avons amassé
une
importante documentation photographique provenant de quelques collections
privées, du marché de l'art et surtout de nos anciennes
collections (on voudra bien excuser la qualité inégale
de ces documents). Certains clients et amis nous ont incité à
faire partager cette documentation, et c'est ce que nous nous proposons
de faire ici, le net offrant un moyen parfaitement adapté, en
confrontant nos propres archives à celles qui ont été
éditées et en tachant d'apporter des éléments
nouveaux.
Nous
en profitons pour adresser un vif et sincère remerciement à
nos clients qui nous ont permis de poursuivre notre passion, nous les
savons comblés par les belles pièces qu'ils possèdent
aujourd'hui et celà nous ravit. Nous ne voudrions pas manquer
non plus d'évoquer la mémoire d'un personnage qui fut
justement notre premier client : Henry
Jouanolle, certains s'en souviennent sans doute encore, qui était
le grand spécialiste du mobilier rennais. Possédant dans
son magasin de Chantepie une fort belle collection ne comptant pas moins
d'une vingtaine d'armoires rennaises, il se plaisait à dire qu'il
n'en vendait pas une seule avant d'avoir au préalable trouvé
sa remplaçante. Le marchand étranger (et "argenté") qui lui proposa un
jour de lui acheter toute sa collection en un seul lot fut bien désappointé,
le bonhomme refusa tout net. Voilà
une petite histoire qui traduit la passion de cet amoureux du mobilier
rennais, nous n'en verrons plus beaucoup "de ce tonneau là".
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Qu'est
ce que le véritable mobilier du pays de Rennes?
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A
notre époque, et comme beaucoup d'autres hélas, le terme
"mobilier rennais" est un peu galvaudé et mis à
mal, soit par manque de connaissance, soit par intérêt
purement commercial. Faudra t'il créer un label ?
En effet, les meubles du département de l'Ille-et-Vilaine, généralement
tardifs et très simples, pour ne pas dire stéréotypés,
hormis peut-être pour quelques très rares meubles du pays de Vitré,
sont souvent associés aux meubles de Rennes.
Cependant, sur les trois cent cinquante trois communes que compte le
département, le mobilier rennais se circonscrit à moins
d'une vingtaine de communes situées dans un mince "croissant
fertile" localisé du nord au sud-ouest de la ville de Rennes.
Comme
le souligne Gwénaël Baron, notre historien du mobilier
rennais :
" Ce mobilier que l'on classe sous l'appellation "meuble
du pays de Rennes" se caractérise par une série de
traits bien particuliers :
-
l'utilisation du merisier ...
- l'influence, au 18e siècle, des motifs décoratifs
du style savant dans le décor du mobilier du pays de Rennes ...
L'influence du décor parisien dénote en tous cas la grande
perméabilité des campagnes rennaises aux modes extérieures.
- l'existence de quelques spécificités structurelles,
la plus notable étant l'adoption de la corniche à double
cintre au milieu du 18e siècle. Ce trait, unique en France,
permet de reconnaître à tout coup une armoire du pays de
Rennes.
Ces structures
et ce décor, élaborés sur l'armoire, se sont adaptés
par la suite aux autres types de meubles. C'est cet ensemble de mobilier
si bien caractérisé que les amateurs du début
du siècle ont dénommé "mobilier du pays de
Rennes".
Une dernière particularité s'attache aux meubles du pays
de Rennes : un grand nombre d'entre eux, le plus souvent les armoires,
sont datés et signés par leurs auteurs. Il s'agit d'un
phénomène remarquable et dont on ne connait pas d'équivalent
à une échelle aussi importante dans le mobilier régional
français ...
Le "pays de Rennes" (qui se situe dans le bassin de Rennes
mais est plus limité) est donc bien loin d'être concerné
dans sa totalité...la commune de Pacé est situés
au centre géographique de cette zone. Elle a abrité à
elle seule plus du quart des artisans localisés (17 sur 60). "
En
bref, le mobilier rennais, très particulier, ressemble sans doute
davantage au mobilier nîmois qu'à celui du reste de l'Ille-et-Vilaine. Pour l'anecdote, une commode de la région nîmoise est présentée
dans Le Mobilier Breton de Balnéat ... Et de même nous avons acheté par le passé un lit à baldaquin rennais annoncé comme provençal par l'hôtel des ventes d'Avignon, pourtant bien spécialisé dans ce mobilier).
Mais apportons tout de même quelques précisions et "tordons
le cou" à quelques idées reçues :
- certaines
armoires ou meubles divers, n'adoptant pas la corniche à double
cintre, peuvent être attribués au mobilier rennais.
- les meubles rennais n'étaient pas tous richement sculptés.
- le terme "brin de fougères" ne tient pas son origine
de la ville de Fougères mais de la plante (parquetage en adoptant
la forme).
Enfin,
voici pêle-mêle un florilège de meubles dont l'attribution
donnée au pays de Rennes peut être formellement rejetée.
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La
grâce de l'armoire Rennaise.
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Si
la renommée du meuble rennais a dépassé les frontières
de la Bretagne, l'armoire en est bien entendu l'élément
emblématique, c'est aussi le meuble principal, bien souvent offert
aux jeunes époux. Durant la période prospère allant
environ de la fin du XVIIIe siècle au premier tiers du
XIXe siècle, les plus beaux spécimens se sont hissés
au rang des plus riches meubles régionaux Français. On
ne dédaigne pas d'ailleurs de les comparer aux provençales et languedociennes, arlésiennes et nîmoises. Elles
ont sans doute la même grâce, la même douceur dans
le grain du bois, la même capacité à capter la lumière,
à se patiner au fil des ans. Mais entre toutes, l'armoire rennaise se distingue par sa corniche double
cintre si particulière. On n'en connait pas d'équivalentes
en France coiffant les armoires. De nombreuses hypothèses
ont été formulées sur son origine, sans jamais
vraiment apporter de réponse documentée.
Au
XVIIe siècle, le Baroque a
influencé le goût français, en premier
lieu l'architecture puis
le mobilier. Forclos de Paris, il nous est venu par les grands ports de France et la situation
particulière de la Haute-Bretagne, située entre deux des
premiers ports de commerce français de l'époque, Nantes
et Saint Malo, qui subissaient conjointement l'influence de l'Angleterre,
des Flandres et de la Hollande, n'a pu être sans apports. C'est
incontestablement à ce style venu de la mer que les menuisiers
du pays rennais ont emprunté la fameuse corniche à double
cintre.
Diverses photos, reproduites ci dessous, pour illustrer ce propos :
deux meubles du début du XVIIIe siècle à
corniche en double arc ou double cintre, le premier est un buffet flamand
et le second un bureau-cabinet anglais. En dessous, l'interprétation
qui en a été faite à Saint Malo, qui échangeait
beaucoup avec les Flandres, puis à Nantes qui commercait à
la fois avec la Hollande et l'Angleterre. Au centre, une
armoire de Rennes du milieu du XVIIIe siècle,
la parenté est évidente.
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Buffet flamand
- Début XVIIIe
La Gazette Drouot |
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Scrinan anglais
- Début XVIIIe
Le monde fascinant des antiquaires-Celiv |
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Armoire rennaise - milieu
XVIIIe
Styles régionaux- L'illustration
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Buffet Malouin
- Milieu du XVIIIe
Mobilier Breton - Ch. Massin |
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Scriban nantais - Milieu
du XVIIIe
La Haute Bretagne-Massin |
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Autre
particularité de l'armoire rennaise, le travail de sculpture.
Il est bien entendu d'autres régions prospères où
l'armoire de mariage atteignit des sommets de virtuosité, il
faut citer Fécamp et Beaubec la Rosière en Haute-Normandie, Vire en Basse-Normandie, Arles et Nîmes en Provence et Languedoc, Lyon... Il est entendu qu'il n'est
pas question de comparer l'armoire rennaise à l'armoire normande
par exemple, sujet trop général, et qu'il convient
plutôt d'établir des comparaisons avec un centre de production, tel
le bocage virois par exemple. Or, dans tous ces centres de fabrication,
où le nombre de sculpteurs était au moins aussi important
qu'en pays rennais, on n’observe pas la même variété
des décors. Bien souvent, les formes varient peu, les mêmes
poncifs sont souvent répétés et enfin, la qualité
du travail, si elle est certainement plus égale, est aussi beaucoup
plus stéréotypée. Une armoire rennaise, par contre,
ne ressemble pas à une autre, sauf cas de deux pièces
fabriquées par le même auteur et à seulement une
année d'intervalle. Alors pourquoi cette singularité?
Il y a sans doute conjonction de plusieurs causes. D'une part, nous
le savons, en pays rennais, les ateliers étaient fort modestes
et la plupart des artisans travaillaient seuls ou avec un unique apprenti,
il y avait donc ainsi moins d'interactions entre les sculpteurs, et
d'autre part bon nombre d'artisans n'étaient pas de véritables
professionnels au sens strict du terme mais, comme l'a souligné
Gwénaël Baron, exerçaient une double activité.
Enfin, on doit bien entendu pouvoir mettre cette singularité
en corrélation avec une autre : L'armoire rennaise est très
souvent signée et datée et on ne connaît pas d'autre
région où la signature soit à ce point répandue.
Il semble donc bien y avoir aussi volonté de se singulariser,
comme nous allons le voir avec les Croizé.
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La
dynastie des Croizé de Pacé
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Il
n'est que justice de commencer par évoquer les Croizé,
véritable dynastie qui compte en effet au
moins quatre générations de menuisiers, dont plusieurs
sculpteurs de grand talent à la célébrité
amplement justifiée. L'achat par le Musée de Bretagne
d'une somptueuse armoire de 1824 signée Croizé
aura
été à
l'origine des travaux de l'ancien conservateur du musée de Bretagne Jean-Yves Veillard. Travaux fort
précieux qui ont permis de mieux connaître cette lignée
de menuisiers, d'établir sa généalogie et de
relever les lieux où ils s'installèrent.
Charles Croizé I
Le fondateur, le premier dont nous savons avec certitude
qu'il était menuisier, est Charles Croizé.
Né en 1746 à Pacé, il épousa Angélique
Allory en première noce et s'établit à l'Hermitage
puis à Saint-Gilles jusqu'à sa mort en 1814.
Attachons-nous
tout d'abord à reproduire les rares modèles connus signés
Charles Croizé ainsi que les signatures.
A noter une signature répertoriée dans "Les
beaux meubles rustiques du Vieux Pays de Rennes" du Docteur Jambon : "FAIT
PAR CHARLES CROIZE L'AN 1801 ou L'AN X de la REPUBLIQUE". Nous avons fait très récemment l'acquisition de cette armoire que nous considérons comme la plus exceptionnelle armoire de Charles Croizé.
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"FAIT
PAR MOI CHARLES CROIZE
CE 12 JANVIER 1798"
Mobilier du Pays de Rennes-Musées
de Rennes
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"FAIT
PAR MOI CHARLES CROIZE EN 1800"
SVV Rennes
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"FAIT
PAR MOI CHARLES CROIZE
CE 18 GERMINAL DE L'AN VIII"
Soit
le 8 avril 1800
Collection privée
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"PAR CHARLES CROIZE L'AN 1801
OU L'AN DIX DE LA REP"
Ancienne Collection Antiquités
Philippe Glédel |
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"FAIT
PAR MOI CHARLES CROIZE
CE 3 AOUST 1802"
Le Mobilier Breton-Ch.Massin |
"FAIT
PAR MOI CHARLES CROIZE
CE 3 JANVIER L'AN 1803"
Ancienne Collection Antiquités
Philippe Glédel |
"FAIT P. C. C.ZE
EN L'AN 1805 CE 18 OCTOBRE "
Mobilier du Pays de Rennes-Cliché
Musées de Rennes
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Ces
pièces sont toutes d'une très grande qualité, les
bois superbes avec un emploi majeur du merisier utilisé en larges
et épaisses sections, les assemblages parfaits. Le sculpteur
fait preuve d'une très grande maîtrise technique, le tracé
est sûr, partout souple et bien enlevé, la sculpture purement exceptionnelle,
à la fois délicatement ciselée et parfaitement
dégagée. Ce qui ne cesse d'étonner, considérant un panneau d'armoire de Charles Croizé, c'est qu'il nous paraît que le sculpteur vient de l'exécuter, alors même qu'il a plus de deux siècles. Son travail a le rendu d'une ciselure sur bronze. C'est pourquoi nous le considérons comme le sculpteur (de mobilier) breton le plus doué de sa génération.
Il
est intéressant de suivre l'évolution stylistique à
travers ces exemples connus de Charles Croizé, nous n'oublierons
pas qu'il s'agit d'un mobilier de province présentant un important
décalage avec le style en vogue dans la capitale.
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L'armoire
de 1798 est encore d'un style de transition entre forme Louis XIV et Louis XV,
tandis que nous voyons bien que comparativement à l'armoire rennaise du milieu du XVIIIe
(photographiée ci-dessus en illustration de la corniche à double
cintre), les montants se sont arrondis, les pieds se sont galbés.
Le décor "à la Bérain", encore maintenu dans le cadre
rigoureux des trois panneaux droits, est déjà en partie
naturaliste.
Sur les armoires de 1800 le style régence s'est affirmé,
la coquille apparaît à l'amortissement des portes qui n'ont
plus que deux panneaux tandis que l'on remarque l'apparition d'un superbe fronton de corniche ajouré.
Avec l'armoire du 8 avril 1800, dont les traverses adoptent un mouvement chantourné, nous glissons même vers le Louis XV. Elle est la plus richement
sculptée, mais conserve toutefois une certaine raideur.
Assez curieusement le modèle de 1802, avec ses panneaux droits, effectue un retour en arrière.
L'armoire de 1803 quand à elle présente une différence sensible, le
style Louis XV est là, les panneaux adoptent maintenant une forme
quadrilobée pleine de souplesse. On note que le
décor des panneaux est une reprise du dessin du modèle
de 1802, mais adapté à la nouvelle forme maintenant
aboutie qui laisse davantage de place au décor naturaliste
et permet de l'aérer. A
noter aussi la réapparition du cadre mouluré autour des
portes...
Il s'agit véritablement d'une exceptionnelle armoire rennaise.
L'armoire
datée 1805 ressemble beaucoup à celle de 1803 mais, en
y regardant de près, on constatera de nombreuses variantes dans le
décor : Charles Croizé est
un artiste inspiré qui ne se répète jamais. Enfin l'armoire de 1801 est indéniablement le chef-d'œuvre de Charles Croizé et la première apparition connue d'une galerie ajourée au fronton de la corniche.
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Hormis
une autre armoire connue, également datée 1805, ces sept armoires
semblent bien être les seules portant la signature de Charles
Croizé répertoriée à ce jour et il ne paraît pas davantage
exister d'autres exemplaires non signés ressemblant à
celles-ci et qui pourraient lui être attribuées, ce qui
laisse à penser que Charles Croizé a
probablement signé toute sa production et aussi, bien entendu,
que quelques autres armoires demeurent encore à découvrir.
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Deux autres armoires, datées 1806 et 1810, semblent marquer le travail d'une période de transition entre la première et la seconde génération Croizé, déjà engagée avec l'armoire de 1805. Elles ne portent plus la mention du prénom tandis que les dates "en 8" font leur apparition et il semble qu'une nouvelle signature s'ébauche : C. CZE - C.ZE - CR.ZE pour en arriver à CROIZE. Il faut noter qu'en 1805, Charles Croizé, deuxième du nom, atteint l'âge de 30 ans, ce qui représente à cette époque l'âge de pleine maturité de l'artisan (nous avons remarqué que beaucoup de sculpteurs ont produit leurs plus beaux chefs-d'oeuvre à cet âge). S'il nous semble bien reconnaître (tout au moins pour celle de 1810) une sculpture de la main de Charles Croizé I,
ces deux modèles marquent la toute première apparition du décor à la coquille allongée, élément visible au centre de la traverse haute. |
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"FAIT
LE 8 OCTOBRE 1806
PAR CROIZE"
Collection privée |
A noter la signature d'un buffet deux corps de cette période reproduit plus bas : Fait le 8 Janvier 1806 P : C.ze |
"FAITE
LE 18 OCTOBRE 1810
PAR CR.ZE A PACE"
Collection privée
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Charles Croizé II
Il n'est pas simple d'identifier les œuvres de la descendance de Charles Croizé car il a été le seul à avoir signé du nom et du prénom.
Ainsi l'armoire de
1824 du Musée de Bretagne est demeurée
sans attribution.
Nous savons cependant que deux enfants sont nés
de l'union de Charles Croizé et d'Angélique Allory. Sur
le cadet, Julien-Désiré, nous avons peu de renseignements
et le fait qu'il fût aussi menuisier n'a pas encore été
établi. Le fils aîné, Jean-Charles Croizé,
nous est beaucoup mieux connu. Nous savons qu'il est
né en 1775, qu'il s'est installé à Pacé
et que ses quatre fils seront à leur tour menuisiers, mais citons
plutôt Jean-Yves Veillard :
" En 1836, Jean-Charles Croizé est établi
au bourg de Pacé; il est dans sa soixantième année.
Trois de ces fils - du second au quatrième - travaillent avec
lui; à cela, il faut ajouter un jeune ouvrier de seize ans; soit
un atelier de cinq personnes. L'aîné de ces fils, Julien-Charles,
est aussi implanté au bourg et emploie deux ouvriers. Cinq ans
plus tard, la taille du premier atelier s'est légèrement
modifiée. A la place du jeune ouvrier de seize ans, ce sont deux
compagnons de vingt-cinq ans. A plus de soixante-cinq ans, Jean-Charles
Croizé reste le patron et, en dehors de l'aîné,
aucun des trois autres qui ont entre vingt-trois et trente ans, n'a
cherché à s'établir à son compte. En 1846,
(Jean-) Charles Croizé est toujours recensé comme menuisier
(il a soixante douze ans) et a gardé avec lui son plus jeune
fils. "
Tous
ces éléments (longévité professionnelle
- succession nombreuse - taille de l'atelier - formation de compagnons)
semblent bien attester que Jean-Charles Croizé est un maître sculpteur
important, et il pourrait bien être celui
des Croizé qui
a le plus contribué à la renommée de cette dynastie.
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Nous
avons relevé, sur un certain nombre de très belles armoires,
toutes
parées de motifs décoratifs récurrents,
des signatures avec les mêmes singularités : en
premier lieu les caractères du nom Croizé y sont souvent gravés
de la même manière,
comme on peut le voir sur ce cliché - les deux
dernières lettres presque toujours plus petites. Mais
ce n'est pas tout, il existe entre ces signatures une seconde
similitude tout aussi troublante. |
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"FAIT
DU 18 AOÛT 1813"
PAR CROIZE"
Collection Musée des
Arts et Traditions Populaires-MuCEM |
"FAIT
DU 18 OCTOBRE 1813"
PAR CROIZE"
Collection Privée |
"FAIT
DU 18 AVRIL 1814"
PAR CROIZE"
Ancienne Collection Antiquités
Philippe Glédel |
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"FAIT
DU 28 AOÛT 1814"
PAR CROIZE"
Collection privée |
"FAIT
DU 28 OCTOBRE 1814"
PAR CROIZE"
Ancienne Collection Antiquités
Philippe Glédel |
ARMOIRE CROIZE VERS 1820-25
SIGNATURE ET DATE EFFACEES
Ancienne Collection Antiquités
Philippe Glédel
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ARMOIRE CROIZE VERS 1820-25
SIGNATURE ET DATE EFFACEES
Ludlow Antiques Auctions Ltd
Cliché Gazette anglaise |
"FAIT
DU 28 MAI 1824"
ANNO DOMINE PAR CROIZE"
Exposée par les Musées
de Rennes
Cliché Menuisiers et mobilier
du pays de Rennes-Apogée |
"FAIT
DU 28 MAI 1825"
ANNO DOMINE PAR CROIZE"
Collection privée
Cliché Musées de Rennes |
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Armoire de gauche :
Le cartouche en partie centrale des traverses est un des éléments déterminant dans l'attribution. Celui de la traverse haute demeure le même mais on voit celui de la traverse basse évoluer chez J. C. Croizé au fil des années, et nous observons sur cette armoire un motif quasi semblable à celui du modèle de 1824, ce qui vient encore confirmer notre attribution (en dépit de la typographie différente évoquée ci-après).
Armoire de droite :
Modèle avec une rare signature, et dont l'auteur Pierre-Jean-Marie Croizé (né en 1743) ne peut être que le frère ainé de Charles Croizé (soit l'oncle de Jean-Charles Croizé). Il est visible que Pierre Croizé ne possède pas les dons de son cadet. Signalons également l'existence de deux autres
armoires (reproduites ci-après) signées du même prénom, datées 1834 et 1851 (que nous attribuerons cette fois au second fils de Jean-Charles Croizé : Pierre-Jean Croizé, né en 1811). |
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"FAIT
DU 28 MARS 1826"
PAR CROIZE"
Hôtel des ventes de Poitiers
Cliché catalogue de vente |
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"FAIT
POUR J.B. COUDE ET T. DUNOTSON
EPOUSE
L'AN 1810
PAR MOI PIERRE CROIZE"
S.V.de Rennes
Cliché catalogue de vente |
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En
effet, outre la typographie de la signature on observe tout d'abord que les trois plus anciennes
sont datées du 18, tandis que toutes les autres armoires sont datées du 28 du
mois. Sachant que leur fabrication nécessite au moins un mois
de travail et même bien davantage pour certaines d'entre elles, cette précision du jour, récurrente
chez J.-C. Croizé, et l'on ne rencontre que très fortuitement
chez ses collègues, n’est sûrement pas le fruit du
hasard, surtout quand il s'agit exactement du même jour. Jean-Charles Croizé a t-il cherché à laisser
un indice, une marque pour ces contemporains, voire même pour
la postérité ?
On remarque que les armoires les plus anciennes
sur lesquelles sont reproduites cette signature CROIZE sont datées à partir de de
1813-1814. Charles Croizé père étant décédé en 1814, 1813 pourrait raisonnablement correspondre à la période
où le fils aîné prend véritablement la succession de l’atelier
et l’on peut penser que les armoires datées
du 18 puissent être les
premières armoires fabriquées par Jean-Charles à son compte. A partir d'août 1814 elles seront donc toutes datées du 28. On
peut par ailleurs constater que la moins ancienne est datée de 1826.
En tenant pour admis que ces armoires ont bien un seul et même
auteur (notons toutefois que les deux splendides armoires de 1824 et 1825 posent encore question, car elles n'ont pas la même graphie à deux tailles du nom Croizé, mais en ayant bien toutefois comme on le voit la mention du 28 du mois) tout indique qu'il s'agit bien de Jean-Charles Croizé.
Rappelons, par probité, l'existence d'un cousin du nom de Charles-Pierre
Croizé, dont nous connaissons que la date de décès,
en 1840. Mais ce dernier était menuisier à Rennes où
la fabrication d'armoire double cintre n'a jamais été établie,
et nous ne le mettrons pas en ballottage avec le propre fils de Charles
Croizé, possédant sans doute de surcroît le plus
grand atelier de Pacé, village réputé comme le
centre principal de fabrication de ce mobilier, à tel point que
pour paraphraser Gwénaël
Baron,
nous ne devrions pas dire le mobilier rennais mais le mobilier de Pacé. Demeure toutefois l'existence d'un jeune frère prénommé Julien (et l'existence d'une certaine renommée associée à cet autre prénom au sein de la famille Croizé) dont nous savons encore peu de choses hormis sa date de naissance,
1798, qui refute toute possibilité de le désigner comme l'auteur de ces armoires (excepté certes à partir de 1824... Mais utiliser les mêmes signes de reconnaissance que son frère -le fameux 28- et réaliser de tels chefs-d'oeuvre à seulement 26 ans ans nous semblent deux improbabilités suffisamment pertinentes pour l'écarter). D'ailleurs cette renommée pourrait fort bien être celle du propre fils aîné de Jean-Charles Croizé, également prénommé Julien, qui fut le seul fils à fonder son propre atelier avant 1840, mais qui, né seulement en 1809, ne peut absolument pas davantage être l'auteur de ces deux chefs-d'oeuvre de 1824 et 1825.
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Ces
armoires sont toutes superbes, dans un style Louis XV des plus pur
et des
plus gracieux, et bien entendu, s'agissant de meubles fabriqués à la demande (nous pouvons dire de commande puisqu'il s'agit chaque fois d'armoires de mariage) ornées en fonction de la richesse du commanditaire mais aussi certainement de la prospérité du moment. La
somptueuse armoire de 1824, acquise par le Musée de
Rennes,
est sans doute la plus exceptionnelle armoire rennaise connue, et à
ce titre elle peut figurer parmi les plus belles armoires régionales
de France, osons-le dire au risque d'être taxé
de chauvinisme. Rivalise de beauté avec elle une armoire de 1825, inventoriée par les Musées de Rennes.
Si nous
nous attachons à mieux observer le travail de la sculpture,
il apparaît que le répertoire ornemental, bien que très
riche et varié, possède de nombreux points communs.
Bornons-nous à en relever quelques-uns parmi les plus marquants :
- Les ressemblances entre les traverses hautes et en particulier le
motif central.
Il s’agit d’une coquille allongée, inspirée
du style Régence et tout à fait inédite à
cette date mais que l’on retrouvera employée par des
sculpteurs de la génération suivante (L.Boutin–J.Gérard…).
Jean-Charles Croizé paraît bien en être l’inventeur
et Joseph Gérard, pour ne citer que lui, fut d'abord apprenti
chez les Croizé avant de se mettre à son compte dans
le village du Rheu.
- A la différence de Charles Croizé, qui ornait l'amortissement
de la porte d'une coquille, son fils sculpte un motif fait de larges
fleurs disposées en couronne.
- Tous les dormants de ces armoires ont en commun la même coquille
sculptée au sommet.
On
remarque aussi le soin accordé au pied, qu'il soit dessiné
en volutes ou plus tard en un gracieux sabot de biche reconnaissable
entre tous. Tous ces éléments permettent d'attribuer
à Jean-Charles Croizé la réalisation de la superbe
armoire à la date et signature effacée de nos anciennes collections, tout comme les armoires de 1824 et 1825 que nous considérons comme parmi les plus exceptionnelles armoires rennaises jamais réalisées.
On y retrouve le somptueux fronton qui coiffe l'armoire de 1824, un
modèle très particulier que nous appellerons à
galerie, et dont nous pensions lui attribuer la paternité jusqu'à la découverte de la formidable armoire de 1801 réalisée par son père. Cependant Jean-Charles
Croizé, bien plus qu'un simple sculpteur, est lui aussi un inventeur, et
qui aura d'ailleurs de nombreux disciples. C'est un peu le Pierre
Hache du mobilier rennais. Pourquoi
n’a t-il pas tout simplement signé de son nom et prénom
en toutes lettres comme c'est l'usage en pays de Rennes? Nous pouvons
émettre plusieurs hypothèses :
Il
est plus que probable, au sein de ce milieu rural du début du
XIXe siècle où l’usage est de donner le nom
de baptême du père à l’aîné des
enfants était tenace (quoi de mieux pour illustrer cette tradition
séculaire que cette petite anecdote, qui ne date pourtant que
des années 1930 : Fernand et Jeanne eurent trois enfants. Le
premier, une fille, on l’appela Fernande, puis une autre fille
que l’on appela Jeanne bien évidemment, mais le troisième
enfant fût un garçon, à la grande joie de ce couple
d’agriculteurs qui ne se démonta pas et décida de
l’appeler Fernand), et où les gens de cette époque n’aimait pas
voir les habitudes bousculées, que Jean-Charles se faisait
en tous cas certainement appeler Charles. Nous avions d'ailleurs noté que tant Gwénaël Baron que Jean-Yves Veillard écrivent "(Jean) Charles Croizé" et nous lirons beaucoup plus tard une petite note dans l'ouvrage de Baron et Clarke : "1- Prénommé Jean-Charles à sa naissance, mais connu ensuite dans les sources documentaires sous le seul prénom de Charles". De là sans doute,
soit par respect pour son père ou par soucis de se distinguer
ou encore les deux à la fois, l’idée d’adopter
cette signature atypique.
Il est sans doute aussi un autre aspect qu’il faut envisager :
à cette époque, les sculpteurs avaient une grande réputation.
Voici ce que nous apprend le Dr Jambon :
" Quelques-uns de ces artisans jouissaient d’un prestige
énorme dans leur région. Au début, on prêtait
à leur talent une origine surnaturelle, voire même diabolique.
Bien mieux, comme les rebouteurs d’aujourd’hui *, ils jouissaient
d’un
« don » qu’ils pouvaient transmettre à leur
descendants "
* Nous devons nous replacer dans le contexte des années 1930.
Le Dr Jambon poursuivait son récit en rapportant l'histoire d’un
sculpteur célèbre du nom de Maladri qui "portait
dans sa poche une tabatière remplie de « petits diables
» qui, lorsqu’il les faisait travailler, exécutaient
de véritables chefs-d’œuvre avec une rapidité
incroyable" ... "nous avons eu la bonne fortune de
voir une gaine d’horloge qui portait l’inscription suivante
: P. MALADRI DE NUIT DU 13 O 14 AOUT
1810. C’était loin d’être un pur chef-d’œuvre".
Jean-Charles Croizé, ou Charles Croizé II, comme nous
pourrions le nommer, n'aurait-il pas tout simplement signé ainsi
par jeu, pour le simple plaisir de l'énigme.
Et puisqu'il est question d'énigme, il en est justement une posée
par la signature d'un magnifique lit carrosse à deux étages photographié dans
le livre du Dr Jambon et qui déconcerte visiblement
Gwénaël Baron et Alison Clarke qui le
reproduisent dans leur ouvrage. Nous avons vite été convaincu qu'il s'agissait d'un cryptogramme.
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Ce
lit est gravé d'une suite de lettres et de chiffres :
c 9 4 3 z 2
1831
Les auteurs émettent une hypothèse: doit-on y voir un
accident typographique ? et s'interrogent : " doit-on lire Croizé
? "
En
effet, ce lit a bien la qualité des plus beaux meubles
fabriqués
à
Pacé
et le registre ornemental de sa sculpture est au plus près du travail des Croizé, sans compter que ce nom paraît être le seul possible
dans la liste des
sculpteurs connus.
Enfin, il provient de l'ancien manoir du Grand-Champeaux, situé tout près de Pacé,
et
dont
nous
savons (pour être intervenu dans la succession familiale) qu'il était meublé d'armoires signées par les
Croizé.
Et
il existe une autre hypothèse
:
Ne s'agirait-il pas d'un rébus ?
Il y a trois voyelles dans le nom Croizé : O I et E,
qui sont respectivement la 4èm, 3èm et 2èm voyelle.
Pour le chiffre 9,
le R est la 9èm lettre de l'alphabet inversé.
La réponse est donc :
c r
o i z é
1831 |
Signature du lit carrosse
rennais à double étages
attribué
à Charles Croizé II
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Lit carrosse à double étages daté 1831 et autre lit carrosse de l'atelier Croizé.
Collections privées
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Plus tard nous décrouvrirons un buffet droit
que l'on reconnait au premier coup d'oeil
pour un meuble de l'atelier Croizé signé :
FAIT DE 1836
PAR c 9 4 3 z 2
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Collection Antiquités
Philippe Glédel
Buffet droit illustré dans l'ouvrage
de 1927
du Docteur Jambon,
sans plus de précisions
sur la signature.
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Réminiscence
des rébus celtiques ou plutôt connaissances ésotériques acquises par le compagnonnage? Jean-Charles Croizé qui se plaisait ainsi à
brouiller les pistes était il "un initié", à t'il fait son tour de France? C'est en effet plus que probable. Par curiosité, nous nous sommes renseigné sur le sens symbolique du nombre 28, et voici ce que nous avons pu lire : "Au point de vue mystique, ce nombre montre l'Initié".
L'histoire
de Maladri ouvre la voie à une conjecture supplémentaire.
Cet homme là n’était-il pas dans le fond un habile
marchand qui passait occasionnellement commande à des sculpteurs
de talent ? Aujourd'hui encore*, c'est une pratique fort répandue
chez les sculpteurs qui ne peuvent fournir à leur carnet de commandes
et s'adressent à leurs collègues. Et ainsi au XVIIIe
siècle dans la capitale, les marchands merciers étaient
quelquefois des ébénistes qui achetaient à leurs
confrères. C'est d'ailleurs l'une des causes de l'existence de
très beaux meubles qui ne portent pas d'estampille ou bien une
estampille habilement dissimulée, quitte à la frapper
sur le dessus d'une ceinture recouverte d'un plateau, comme sur un bureau
plat par exemple. Ainsi le bureau plat dit "de Vergennes"
du Musée du Louvre qui posa aux experts l'énigme d'une
double estampille. On y trouve en effet celle de Pierre II Migeon, placée
en évidence et, cette fois savamment cachée, celle d'un
des plus grands maître-ébéniste de l'époque,
Jacques Dubois. Pierre Kjellberg dans "Le mobilier français
du XVIIIe siècle" nous rapporte cela comme :
"une pratique assez fréquente chez les marchands qui cherchaient
à s'approprier la paternité des ouvrages qu'ils vendaient".
Nous pourrions imaginer, mais c'est là bien entendu pure spéculation,
que le lit du Grand-Champeaux aurait été commandé
à Jean-Charles Croizé en 1831 par le fameux Maladri. Ceci
pourrait expliquer, outre la signature déguisée de Charles
Croizé (II), la grande renommée de Maladri, la déconvenue
du Dr Jambon devant une pièce portant la signature de Maladri
ainsi que... Les petits diables ou autres farfadets!
* Reprenons le clavier ici pour relativiser ce point car, en quelques années seulement, les sculpteurs de nos villes et campagnes ont vu leur commandes baisser de manière exponentielle, au point que ce beau métier pourrait disparaître, et ce du fait que les mêmes qui reprochaient aux brocanteurs d'avoir échangé le mobilier de leurs aïeux contre du mobilier de formica (la mode... Déjà, à l'époque, n'est ce pas...) vont aujourd'hui (de leur plein gré... Mais oui puisque c'est la mode!) acheter des "meubles" dans une enseigne suédoise (pour ne pas la nommer) ... Des "meubles" donc, faits d'une matière qui élèverait (si la chose était possible) le formica au rang de matériaux noble et ajoutons même de matériaux salubre... Pour que tout soit dit en un mot puisque le Larousse nous vient en aide avec une parfaite définition : "Salubre - Qui est favorable à la santé, à l'organisme : Climat salubre / Qui favorise l'harmonie, le bien-être social, le redressement économique : Mesure salubre pour le pays"... Voilà qui devait être dit en passant.
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Charles Croizé II et III et les meubles des ateliers Croizé
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"FAIT EN 1831 PAR CROIZE"
Ancienne Collection Antiquités
Philippe Glédel
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"FAIT PAR CROIZE 1834"
Ancienne Collection Antiquités
Philippe Glédel
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"FAIT
PAR CROIZE EN 1834"
Collection privée
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"FAITE DE 1836 PAR CROIZE"
Collection Antiquités
Philippe Glédel
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"FAIT PAR CROIZE EN 1838"
SVV Rennes
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"1838 PAR C:LE CROIZE"
Collection privée
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"FAITE A PACÉ EN 1842 PAR CROIZE"
SVV Rennes
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"FAITE
A PACE L'AN 1847
PAR CROIZE"
Mobilier
du Pays de Rennes-Cliché Musées de Rennes |
"FAIT
PAR CROIZE EN 1848"
Collection Antiquités Philippe
Glédel |
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"FAIT
POUR ANNE MARIE HARDY
EN 1856 P:CROIZE"
Ancienne
Collection Antiquités Philippe Glédel |
"FAIT L'AN 1834 PAR PIERRE
CROIZE"
Collection privée |
PAR PIERRE
CROIZE 1851
Vie à la campagne/Ed. Hachette |
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Voici pour clore ce chapître les armoires de la troisième génération Croizé, fabriquées dans un atelier devenu le plus réputé et le plus important du Pays de Rennes, et qui comptera jusqu'à six artisans travaillant ensemble. Charles Croizé II veillera en patriarche à la transmission du savoir faire et de la belle
oeuvre et, hormis ses propres fils (Julien, Pierre, Charles et Jean-Marie), il y formera des apprentis menuisiers-sculpteurs qui compteront parmi les plus habiles. Malgré tout, là encore, cette série d'armoires a plus qu'un air de famille et le connaisseur distinguera une armoire des Croizé avant même d'y lire la signature car outre la qualité de menuiserie qui les font se démarquer de beaucoup d'autres, les ornements de ces armoires ont de nombreux traits de ressemblance, les plus immédiatement repérables étant le motif en forme de cœur animant le centre de la traverse basse et les colonnes ioniques aux moulures des portes. A noter une armoire de 1851 très richement sculptées signée de Pierre Croizé, une armoire de 1838 (au centre) nous paraît avoir été sculptée par Charles Croizé II et une signature se distingue des autres (toutes simplement marquées "CROIZE"), on peut en effet y lire "C:LE CROIZE", soit très probablement la signature de Charles Croizé III, né en 1813, travaillant encore à Pacé en 1838 et qui s'établira à Bruz trois ans plus tard, bientôt secondé de ses deux fils, qui seront les derniers à perpétuer le nom de Croizé par une quatrième génération... Perpétuer est sans doute beaucoup dire, car nous arrivons définitivement à l'ère de la copie et surtout du pastiche, le mobilier rennais n'y échappera pas. Plus tard encore, le paysan n'ayant plus d'yeux que pour le tout nouveau tracteur américain qui le conduira inéluctablement à se meubler en formica, ce sera l'ère du mobilier standardisé (et donc sans intérêt) industriel (et donc en tous points navrant) ... et de même pour l'agriculture d'ailleurs ... ô combien industrielle (... et plus que navrante **).
** C'est triste à dire, et c'est un peu déborder du sujet, qu'aujourd'hui il y a pire qu'Al Quaïda...Vous me direz : Daech?... Oui fort bien et sans doute, mais alors... Que faites-vous de Monsanto?***
*** Reprenons le clavier, à des fins de mise à jour, puisque Monsanto a été racheté par le groupe Bayer...
Le gaz moutarde du Vietnam rachetant le gaz des camps de la mort nazis. Je ne sais pas si c'est une bonne nouvelle, mais certainement la boucle est bouclée!
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Les buffets
Croizé
Mais pour vite regagner le plaisir et l'émotion positive que nous procure ce mobilier des temps anciens, voici le buffet à deux corps, meuble éminemment représentatif et véritable graal du collectionneur du mobilier rennais (surtout quand y est apposée une telle signature). Les Croizé nous en ont laissé quelques très rares exemplaires. En voici trois ci-dessous, et ce sont d'ailleurs les seuls qui nous sont connus (à signaler deux autres modèles, mais dont les signatures sont apogryphes).
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"FAIT
PAR MOI CHARLES CROIZE CE 19 AOUT 1785"
Collection privée
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Le premier l'est en effet de beaucoup car figurant dans de
nombreux ouvrages, bien des amateurs le considérant
comme le plus merveilleux buffet rennais.
Il est l'oeuvre de Charles Croizé et daté de 1785.
Ses trois particularités immédiatement repérables sont les
superbes coquilles ajourées qui ornent les traverses hautes
des portes du corps supérieur, la présence d'incrustations de
bois de placage découpé et enfin le galbe des tiroirs ainsi
que des traverses (la traverse médiane ayant la particularité
d'être galbée en plan, mais également en élévation pour
rattraper le niveau des portes qui sont planes). |
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Non daté et non signé, fin XVIIIe
Ancienne Collection Antiquités
Philippe Glédel
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A noter ce buffet non signé copiant le fameux buffet de
1785. Il s'agit d'une copie d'époque, qui pourrait avoir été
réalisé dans l'atelier des croizé par un apprenti, mais plus
probablement par un autre artisan recevant une commande
d'un particulier qui, ayant eu connaissance du buffet Croizé,
désirait en faire faire un exemplaire semblable (à moindre
coût). Mais une copie n'a rien à voir avec une oeuvre
originale, elle cherche à rivaliser en singeant (ici on voit
même que le copiste a ajouté de la sculpture là ou l'artiste-
sculpteur Charles Croizé avait laissé des zones de vide
médian où se repose le regard) et en dépit de la bonne
volonté de l'artisan, il manque ici la créativité, le souffle, la
force, la qualité d'exécution qui va de pair (si la différence
de qualité de sculpture manque de visiblité sur les clichés,
le tracé des moulures mis en comparaison est à lui seul
assez éloquent). |
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"FAIT
PAR MOI CHARLES CROIZE"
Collection privée
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Un second buffet, cette fois non daté mais également signé
de Charles Croizé, à été découvert récemment, il est la
fierté d'un grand collectionneur du mobilier rennais. Est-il
antérieur en âge ou postérieur au premier? Difficile de le
dire, mais très certainement fabriqué dans la même
décennie, il présente une construction et un décor presque
identiques, avec cependant l'ajout aussi atypique que hardi
d'une sculpture ajourée de la traverse médiane. A noter
toutefois que les façades de tiroirs, très probablement
marquetées à l'origine, ont hélas été refaites et ornées de
sculptures. Ce spécimen qui a perdu ses étagères à
bobèches a cependant conservé son grillage d'époque
entièrement fabriqué à la main. |
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"FAIT
LE 8 JANVIER 1806 P : Cze"
Ancienne Collection Antiquités
Philippe Glédel
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Le troisième exemplaire, que nous avons eu le plaisir de découvrir,
est signé Croizé et daté 1806 (nous avons d'ailleurs dû reprendre le
tracé de la date qui avait été antidaté 1706... Comme quoi tous les
antiquaires ne "vieillissent" pas leurs meubles, puisqu'il en est ainsi
qui les "rajeunissent").
Sa signature : Fait le 8 Janvier 1806 P : C.ze
nous ramène à la période que nous avons qualifiée de transition de
l'atelier, entre Croizé père et fils. Nous le donnons pour un travail de
Charles Croizé II, qui s'inspire visiblement des modèles de son père
(que nous savons en outre encore bien présent à ses côtés) et qui
tente même ici de les sublimer : même coquille ajourée, mêmes
galbes du corps inférieur mais ajout d'un profil en arbalète (à notre
connaissance parfaitement inédit dans le mobilier rennais) et d'un
fronton de corniche ajouré dans l'esprit des deux armoires de
Charles Croizé datées de 1800. Tout comme le second, il a perdu
ses étagères en vaisselier (pour cause de commodité) et, tout
comme le premier, a été vitré. |
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Le Docteur Jambon écrivait à propos des buffets rennais : "Il est fort probable même que, pendant très longtemps, il fut spécialement réservé aux familles les plus aisées. Quoiqu'il en soit, les spécimens que nous connaissons sont presque toujours très beaux." Ces exemplaires commandés aux Croizé coûtèrent sans nul doute fort cher à l'époque, et sans doute aussi ces meubles constituaient de véritables "morceaux de bravoure" pour les Croizé qui les fabriquaient pour leurs plus riches clients. Pour mieux juger de la qualité du travail, voici ci-dessous un détail de chacun d'entre eux.
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La
dynastie des Allory de Pacé
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Voici un autre nom éminemment célèbre dans le Pays de Rennes, celui d'une famille de sculpteurs
apparentée aux Croizé par le mariage d'Angélique Allory, la soeur aînée de François Allory I, avec Charles Croizé I.
Cependant, pendant longtemps on aurait pu s'étonner, par ce que l'on pouvait en juger au travers des archives documentaires, de la réputation quasi égale des deux familles. Dans Menuisiers et mobilier du Pays de Rennes Gwénaël Baron et Alison Clarke consacrent un chapitre à Charles Allory (le seul membre de la famille alors vraiment documenté) et ne semblent disposer encore que de bien peu de documents photographiques d'œuvres de ses deux aînés. Certes ils avaient connaissance de quelques armoires respectivement datées : 1778 (citée dans le livre du Docteur Jambon : "Fait par moi François Allory anno domini ce 14 mars 1778"), 1781, 1784 et 1791, ainsi que d'un buffet daté 1780, mais sans pouvoir en proposer de clichés (excepté pour le buffet, très simple d'ailleurs), et donc à dire vrai rien de vraiment formidable à voir pour ce qui concerne le travail des Allory.
Il faudra attendre l'année 1984 pour mieux saisir la raison de cette résonance du nom Allory avec la mise en vente à Drouot chez Ader Picard Tajan d'une prodigieuse armoire signée François II et datée 1809 (vendue 101.000 francs au marteau, ce qui en 84 était un prix rare pour une armoire régionale). A peine deux ans plus tard nous avons eu le bonheur de trouver un modèle presque semblable du même auteur, daté cette fois 1807 (les musées de Rennes qui nous contactèrent un peu tardivement, la mise en page de leur ouvrage étant bouclée, regrettèrent de ne pouvoir inclure, parmi d'autres documents d'archives en notre possession, ces deux armoires en particulier mais parvinrent tout de même à glisser dans leur ouvrage quelques clichés de détails de notre armoire de 1807). Cette même année 1984, à la salle des ventes d'Arles, apparut une autre splendide armoire, mais cette fois Louis XIV signée François Allory I et datée 1784. Dans cette même décennie nous avons fait l'acquisition de quelques rares modèles d'armoires de Charles Allory et nous avons pu admirer la plus sculptée qui lui soit connue dans une collection privée du Pays de Rennes. Enfin en 2024 nous avons fait la découverte d'une fabuleuse armoire de François Allory I datée 1788, et cette dernière est également fort riche en enseignements.
Nous commencerons cette fois à l'inverse de l'ordre chronologique par présenter un ensemble d'armoires de Charles Allory, le plus emblématique des sculpteurs rennais, qui est l'auteur d'une importante production (notons que nous avons pu recenser autant d'armoires de Charles Allory que d'armoires de Charles Croizé II) de meubles de très belle qualité. On verra d'une part, grâce à la documentation en partie inédite que nous apportons ici, que Charles Allory est l'auteur de quelques superbes armoires, mais ensuite que, contrairement à ce qui était perçu depuis des décennies, il n'est pas, et loin s'en faut, le seul instigateur de la notoriété du nom Allory.
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Charles Allory |
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"FAIT PAR CHARLES ALLORY 1813"
Ancienne Collection Antiquités
Philippe Glédel
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"FAIT PAR CHARLES ALLORY 1814"
Collection privée
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"FAIT PAR CHARLES ALLORY 1815"
Collection privée
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"FAIT PAR CHARLES ALLORY 1816"
Collection privée
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"FAIT PAR CHARLES ALLORY 1819"
Collection privée
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"FAIT PAR CHARLES ALLORY 1822"
Collection privée
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"FAIT PAR CHARLES ALLORY 1824"
Ancienne Collection Antiquités
Philippe Glédel
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"FAIT PAR CHARLES ALLORY 1824"
Collection privée
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"FAIT PAR CHARLES ALLORY 1825"
Ancienne Collection Antiquités
Philippe Glédel
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"FAIT PAR CHARLES ALLORY 1826"
Ancienne Collection Antiquités
Philippe Glédel
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"FAIT PAR CHARLES ALLORY 1826"
Collection privée
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"FAIT PAR CHARLES ALLORY 1830"
Collection privée
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""FAIT PAR CHARLES ALLORY 1831"
Ancienne Collection Antiquités
Philippe Glédel
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"FAIT PAR CHARLES ALLORY 1835"
Ancienne Collection Jouannolle
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"FAIT PAR CHARLES ALLORY 1847"
Collection Mairie de Pacé
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Charles Allory a produit pendant plusieurs décennies un type d'armoire auquel nous sommes devenus familiers, toutes de belle qualité et jamais exactement semblables. Cependant, outre celle déjà connue de la Mairie de Pacé, se distinguent ici quelques superbes modèles, possédant à la fois davantage de richesse et d'originalité que son modèle classique (1814 -16-19-24-26-31-35). Ce sont en particulier l'armoire de 1813 et surtout celle de 1815, certainement l'armoire souveraine parmi toute sa production connue, et enfin l'armoire de 1830, que nous jugeons la plus charmante entre toutes. Il convient de noter que toutes ses armoires sont sculptées d'un cœur
au centre de la traverse basse qui est à voir comme une véritable "signature figurative".
Charles Allory est né à Pacé (le véritable "berceau" du mobilier rennais) en 1783, et le meilleur avenir lui est promis puisque son père, François Allory, est un célèbre sculpteur et qu'on lui a donné le prénom de son parrain Charles Croizé, le plus célèbre entre tous. Cependant, son père décédera prématurément en 1794, alors qu'il n'est encore qu'un enfant de onze ans et que son frère aîné, François, n'a pour sa part que treize ans. Il est donc tout naturel qu'il sera pris sous la tutelle de son parrain (et très probablement son frère aîné avec lui). A cet égard, l'armoire de 1815, confrontée aux œuvres de Charles Croizé I de 1801 et de 1803 (période où justement le jeune Allory termine son apprentissage) vient parfaitement nous éclairer. Nous savons que Charles Allory, dont la mère ne s'est pas remariée, demeurera dans la maison familiale de Pacé (citons ici un passage de l'ouvrage de Baron et Clarke où il est dit qu' "Anne Berthelot -soit la veuve Allory- recrute en 1812 comme remplaçant aux armées de son fils Jean, un jeune paysan de Saint-Gilles". Il faut bien comprendre que c'est un apprenti pour Charles Allory qui est recruté à la place de son jeune frère qui ne fut certainement qu'apprenti lui-même). Charles en sera donc le maître (au moins à partir du départ de son frère aîné en 1810) et dirigera l'atelier Allory jusque dans les années 1850. Ceci nous est corroboré par les datations des armoires connues de sa main allant de 1813 pour la première à 1847.
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"FAIT
PAR MOI CHARLES CROIZE
CE 3 JANVIER L'AN 1803"
Ancienne Collection Antiquités
Philippe Glédel |
"FAIT PAR CHARLES ALLORY 1815"
Collection privée |
"PAR CHARLES CROIZE L'AN 1801
OU L'AN DIX DE LA REP"
Ancienne Collection Antiquités
Philippe Glédel
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François Allory II
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Le frère aîné de Charles Allory, prénommé François comme son père, est plus mystérieux. Tout d'abord ses œuvres
(qui sont extrêmement rares) ne figurent dans aucun ouvrage traitant du mobilier rennais et même elles sont restées quasi inconnues jusqu'en 1984. D'autre part nous savons fort peu de choses sur lui. A t'il rejoint l'atelier Croizé pour y faire son apprentissage après la mort de son père ? C'est en effet plus que probable et d'autant qu'à cette époque l'atelier de Charles Croizé se situe à Saint-Gilles, soit à moins de 5 km de Pacé. D'ailleurs, nous ne voyons tout simplement pas comment il aurait pu devenir le sculpteur qu'il est devenu sans cela. On apprend aussi qu'il s'installera à Rennes en 1810 et donc qu'il cessera son activité alors qu'il n'a que 29 ans, soit à l'âge de pleine maturité de sa carrière. Celui qui aurait pu être l'égal de son cousin Charles Croizé II est-il devenu ébéniste comme on l'a prétendu ?
S'il n'était qu'un mot pour évoquer François Allory II ce serait fulgurance, car en effet il n'aura fabriqué des meubles rennais que pendant une très courte période (moins de 10 ans) et se sera pourtant hissé au rang des plus grands noms de ce mobilier. Ses armoires sont d'une très grande rareté et, en ayant fait la découverte, nous avons le plaisir de les présenter ci-dessous.
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"FAIT PAR FRANCOIS ALLORY 1807"
Collection Antiquités
Philippe Glédel
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"Au nom de la Nation, le conseil, tous les corps FRANCOIS ALLORY 1808"
Ancienne Collection Antiquités
Philippe Glédel
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"FAIT PAR FRANCOIS ALLORY 1809"
Vente Drouot 1984
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Attribuable à FRANCOIS ALLORY
Collection privée
Reproduite dansVie à la Campagne (1922)
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Les deux armoires de 1807 et 1809 sont de purs chefs-d'oeuvre et figurent parmi les plus belles armoires rennaises jamais fabriquées. Les frontons des corniches aux phénix (voir le détail en haut de page) sont absolument splendides. La sculpture de François Allory est très douce et rappelle celle de son cousin Croizé, le dessin un tout petit peu moins enlevé toutefois tandis que ses moulures sont plus épaisses. Ses armoires donnent à la fois une impression de finesse et de puissance. S'il a beaucoup appris de son oncle, il semble que François Allory, au contraire de son frère, se soit imprégné à jamais du travail de son père. A treize ans il était en âge de l'apprentissage et il n'a donc pas manqué d'apprendre avec lui et d'observer son père à l'ouvrage mais aussi quelques-uns de ses meubles, peut-être y en a t'il dans la maison familiale, et il ne lui aura pas été difficile d'en rencontrer dans des habitations avoisinantes, possiblement aussi des dessins et croquis sont demeurés dans l'atelier qui n'a pas été vendu et qui sera le sien vers 1800.
L'armoire de 1808 n'est pas signée sur le faux-dormant mais on peut lire au dos du panneau supérieur du battant gauche des inscriptions à l'encre rouge : "Au nom de la Nation, le conseil, tous les corps" suivie de la signature et de la date. Sans doute François Allory, dont le grand-père rappelons-le était maître d'école, est issu d'une famille favorable à la République et à la Constitution et peut-être, lui-même bonapartiste, entend ici le signifier.
Nous lui attribuons une dernière armoire (sans faux-dormant) non signée (sinon peut-être "à la rubrique") reproduite dans Vie à la Campagne de 1922 (elle y est légendée comme datée 1780 mais il semble y avoir confusion avec celle de François Allory père, présentée à sa droite, pour laquelle rien n'est indiqué mais dont nous savons justement qu'elle est datée 1780).
Nous ajoutons également ci-dessous une armoire de son frère Charles (également sans faux-dormant) tout d'abord parce qu'on y observe le même rare type de signature mais aussi parce que cette armoire de Charles Allory est assez différente de celles qu'on lui connait et possède avec l'armoire de François datée 1808 un air de famille. Aussi nous ne pensons pas nous tromper de beaucoup en la datant des environs de 1810. Le détail le plus éloquent est la largeur des médaillons, absolument spécifique au travail de François Allory II, spécificité de l'atelier qui lui vient de son père, comme nous allons le voir plus bas avec une première armoire de François Allory I de 1782 mais surtout avec notre armoire datée 1788.
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"FAIT PAR MOI CHARLES ALLORY... "
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"FAIT PAR MOI CHARLES ALLORY..."
Collection privée
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"Au nom de la Nation, le conseil, tous les corps FRANCOIS ALLORY 1808"
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François Allory I
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"FAIT PAR MOY FRANCOIS ALLORY
CE 4 OCTOBRE ANNO DOMINI 1780"
Vente à Rennes
Reproduite dansVie à la Campagne (1922)
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"F. P. M. FRANCOIS ALLORY
1782"
Collection privée
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"FAIT PAR MOY FRANCOIS ALLORY
1784"
Venteà Arles 1984
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"FAIT PAR MOY FRANCOIS ALLORY
1784"
Collection privée
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"FAIT PAR MOY FRANCOIS ALLORY DE PACÉ FAIT ANNO DOMINE CE 6 JUIN 1788"
Collection Antiquités
Philippe Glédel
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"FAIT PAR MOY FRANCOIS ALLORY
... ANNO DOMINI 1792"
Collection privée
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François Allory I surprend tout d'abord par la diversité de ses modèles. L'armoire la plus ancienne est de pur style Louis XIV, mais quel changement seulement deux ans plus tard avec cette armoire déjà de style Régence qui le fait entrer dans le rang des précurseurs. Petit retour en arrière avec une troisième armoire (comptant tout de même parmi les plus anciennes de ce type) d'un style de transition entre les deux premières, armoire absolument superbe qui peut prétendre figurer parmi les plus remarquables de ce style. On observe une armoire presque similaire fabriquée la même année et nous arrivons enfin à notre armoire de 1788, autre sublime armoire, mais cette fois de style Régence, qui définitivement finit de nous convaincre comment et pourquoi François Allory, au talent visiblement à l'égal de celui son beau-frère Charles Croizé, a pu jouir d'une grande réputation en son temps.
Nous noterons qu'assez curieusement aucune armoire de Charles Croizé (né en 1746, et donc de 12 ans l'aîné de François Allory) n'est recensée avant 1798. Rappelons toutefois un exceptionnel deux corps qui l'est de 1785 (buffet qui sans doute fera parler de lui et dont la formule décorative sera reprise par d'autres sculpteurs tels que Jean-Baptiste Depouez et Jean Saunier), soit alors qu'il est âgé de 39 ans et marié depuis 11 ans à la sœur de François Allory. La production connue de François Allory commence elle dès 1780 (sans oublier une armoire recensée datée de 1778), alors qu'il n'a que 22 ans et, tout du moins à la vue des documents dont nous disposons, il semble chaque fois marquer un temps d'avance sur Croizé.
Les deux François Allory ont donc eu des carrières fulgurantes servies par un talent peu ordinaire.
A noter une armoire signée "Allory" et datée 1760 recensée par les musées de Rennes, mais dont une photographie nous a suffit pour juger les inscriptions purement apocryphes (Croizé et Allory sont bien entendu les noms qui reviennent le plus souvent dans les fausses signatures).
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Comparaisons
entre les armoires
de
François Allory I
et de
Charles Croizé I |
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"FAIT PAR MOY FRANCOIS ALLORY
1784"
Venteà Arles 1984
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"FAIT
PAR MOI CHARLES CROIZE
CE 12 JANVIER 1798"
Mobilier du Pays de Rennes-Musées
de Rennes
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"FAIT
PAR MOI CHARLES CROIZE
CE 18 GERMINAL DE L'AN VIII"
Soit le 8 avril 1800
Collection privée
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"FAIT PAR MOY FRANCOIS ALLORY DE PACÉ FAIT ANNO DOMINE CE 6 JUIN 1788"
Collection Antiquités
Philippe Glédel
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"FAIT
PAR MOI CHARLES CROIZE
CE 3 JANVIER L'AN
1803"
Ancienne Collection Antiquités
Philippe Glédel
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Jehan et Jacques Tulou de La-Chapelle-des-Fougeretz
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Dans
la région rennaise, le nom de Tulou (indifféremment orthographié
Tulou ou Tullou) est associé à une famille de sculpteurs
qui jouit d’une très grande réputation. En effet,
au côté de celui des Croizé et Allory, le nom Tulou
figure parmi les trois plus célèbres (trois rues du centre de Pacé portent d'ailleurs leurs noms). Ainsi, dans son
livre paru en 1927 et consacré au meubles du pays de Rennes,
le docteur Jambon les place particulièrement en exergue. Citons
trois passages de l’ouvrage :
Mais alors que l’on en connaît
les raisons pour ce qui concerne les premiers (on considère que les plus beaux meubles
rennais fabriqués sont ceux des Croizé
sur quatre générations et les Allory sont bien connus
pour ceux de Charles Allory qui a marqué les esprits
en signant presque toutes ses œuvres) l’origine d’une
telle renommée se rattachant aux Tulou peut apparaître plus
étonnante puisqu’on ne connaît que très peu d’ouvrages
signés de leurs mains. On doit certainement et tout d’abord
voir des causes de cette réputation de par la généalogie
familiale justement prise en exemple par le Docteur Jambon :
Cette transmission du métier de menuisier-sculpteur
sur six générations fait des Tulou la plus longue dynastie
connue. Elle commence avec l’apparition des premiers meubles du
style rennais vraiment abouti, ainsi l’armoire signée Jehan
Tulou et datée 1759 conservée par les Musées de
Rennes qui prend place parmi les plus anciennes connues, et la génération
Tulou est encore présente à la fin de la fabrication.
Et sans doute aussi, la personnalité de Raphaël Tulou,
qui fut l’un des derniers sculpteurs du mobilier du pays de Rennes,
n’est pas sans incidence sur la renommée familiale encore bien vivante.
Tulou Raphaël Baptiste Joseph, dit Raffig
Tullou (1909-1990) : Artiste rattaché au fameux groupe "Ar
Seiz Breur" (Les sept frères), en tant que décorateur il a collaboré avec l'architecte malouine Yves Hémar, sculpteur tant sur bois (meubles celto-bretons) que sur pierre (auteur de la statue de Nominoë à Bains sur Oust), personnage fantasque enfin, féru d’ésotérisme et
de légendes celtiques, et qui se faisant appeler sous le nom druidique
(druide, il l'était en effet) de Nven Lewarc’h (Lewarc’h le jeune).
Si près de huit artisans
répondant au nom de Tulou ont été recensés,
l’étrangeté vient du fait que paradoxalement bien
peu de leurs œuvres
l’ont été. Ils ont pourtant dû produire un certain nombre d'armoires mais il est vrai que beaucoup, parmi les premières armoires fabriquées, ont disparues, et l'on peut supposer que certains de la jeune génération ne signaient pas tout, car il faut rappeler qu’il existe de nombreuses armoires rennaises non signées, y compris parmi les plus richement sculptées. Ainsi en est-il d'une armoire
de l’ancienne collection Jouanolle, modèle datant en effet
du milieu du XVIIIe siècle, et que l’on peut attribuer
à Jacques Tulou lui même, mais plus précisément sans doute vers 1760 :
Nous
pouvons voir dans les armoires de 1777 et 1780 ,
tout comme dans celle de 1772 de la collection Jouanolle (notre prédécesseur,
ancien grand spécialiste du mobilier rennais), tant par la qualité
du décor que par l’exécution de celui-ci, les véritables justifications de la renommée des Tulou. Le dessin est superbe,
la sculpture parfaitement dégagée, et assurément
Jacques Tulou est de ceux qui ont mené, avec Charles Croizé
et quelques autres, le mobilier rennais à son apogée.
Voici un détail de notre armoire de 1777 permettant de mieux juger de la qualité de sculpture, purement exceptionnelle. Le style ornemental de Jacques Tulou est au plus proche de celui de Julien Dondel (La-Chapelle-des-Fougeretz n'est elle pas également au plus proche de Saint-Sulpice-la-Forêt, et même plus encore de Betton où Dondel pourrait avoir eu un temps un atelier, tel que signalé par le Dr Jambon), mais il cède moins à la nouveauté de la Régence, et sa sculpture perd en souplesse ce qu'elle gagne en rigueur de ciselure. Ainsi si la virtuosité de Julien Dondel rejoint celle de Jean-Charles Croizé, celle de Jacques Tulou nous paraît égaler celle de Charles Croizé.
Nous
savons que le style rennais est issu de la venue de sculpteurs ornemanistes
parisiens et de l’interprétation locale des ornements "à la Bérain".
Comme le suggérait déjà le Docteur Jambon, de nombreux
artisans de la capitale sont venus travailler à Rennes à
partir de la fin du XVIIe siècle et ont notamment contribué
à la décoration du Parlement de Bretagne. Ils ont formé
localement des apprentis mais il fort possible que certains de ces maîtres-sculpteurs
soient demeurés à Rennes. Devons-nous y voir l’origine
des Croizé et des Tulou (noms répertoriés justement,
en dehors du pays de Rennes, uniquement à Paris) et dont les dons
de sculpteurs n’en finissent pas de nous étonner? C’est
une hypothèse qui peut sérieusement être avancée...
Nous avons pu voir ou avoir quelques très rares exemplaires de Jehan et Jacques Tulou, dont deux signés Jehan. Signalons cependant, pour le second, que la date au troisième chiffre illisible demeure mystérieuse. On a cru y lire 1727, mais nous voyons cette armoire de fabrication postérieure à celle du musée de Bretagne (fabriquée alors que le sculpteur n'a encore que 24 ans - Et s'il existe bien une armoire datée 3 ans plus tôt, le Dr Jambon précise bien : "Louis XIII", modèle qui est toujours sommé d'une corniche droite et adopte une large traverse basse façon coffre (ces deux détails étant caractéristiques des plus anciennes armoires rennaises).
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Les armoires signées
J. Tulou
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Musée de Bretagne
Armoire signée Jehan Tulou datée 1759
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S. V. Blois
Armoire signée Jehan Tulou datée 17[6?]7
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Ancienne collection Antiquités Jouanolle
Armoire signée Jacques Tulou datée 1772
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Ancienne Collection Antiquités Philippe Glédel
Armoire signée Jacques Tulou datée 1777
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S. V. Argent-sur-Sauldre
Armoire signée Jacques Tulou datée 1778
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Ancienne collection Antiquités Philippe Glédel
Armoire signée Jacques Tulou datée 1780
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Julien Dondel de Saint-Sulpice-la-Forêt
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Julien Dondel est un artisan qui figure parmi les plus célèbres du pays de Rennes. Bien qu'il soit cité dans les principaux ouvrages référents, que trois armoires (non signées) de sa main figurent dans les collections des musées de Rennes, on sait encore peu de choses sur lui, hormis que son atelier se trouvait à Saint-Sulpice-la-Forêt, commune située au nord de la capitale bretonne.
Ainsi il exerçait à l'une des extrémités du "croissant fertile" du pays de Rennes, et donc relativement loin de l'épicentre, situé au nord-ouest de Rennes, soit la commune de Pacé et ses environs immédiats où nombre de menuisiers-sculpteurs s'activaient. Peut-être faut il y voir l'une des principales raisons de l'originalité qui caractérise son travail, peut-être aussi sa proximité avec les Tulou.
Car en effet Julien Dondel, à l'instar toutefois de Jacques Tulou, sculpteur de grand renom qui était sans doute son plus proche voisin (puisque de La-Chapelle-des-Fougeretz à Saint-Sulpice-la-Forêt ou mieux encore à Betton -où selon le Dr Jambon il aurait eu un atelier- il n'y a pas loin...Et Julien Dondel ayant tissé des liens avec les Tulou, voilà qui serait tout à fait plausible, eu égard aux nombreuses similarités) à été l'un des seuls (et le plus hardi dans cette liberté) à s'être affranchi en plein XVIIIe siècle (exception faite pour un buffet daté 1779) des cadres moulurés en quadrilobes, et à négliger les parties laissées en réserves non sculptées pour mieux couvrir (tout en évitant avec talent le piège de la surcharge) toute la surface des panneaux de ses armoires. On remarque également qu'alors que ses concurrents restent encore attachés à une parfaite symétrie, Dondel adopte déjà l'asymétrie dans ses décors. Le caractère délié de sa sculpture, en asymétrie et sans contraintes des cadres, est en parfaite adéquation avec les canons du style Régence.
C'est pourquoi nous voyons en lui un artisan novateur, et d'autant que pareillement, la seule et unique armoire du XIXe siècle connue de sa main, signée et datée 1807, en est le témoignage. Cette dernière (que nous reproduisons ci-après) est en effet de pur style Louis XV, et constitue la plus ancienne de ce type que nous ayons vue, environ sept ou huit années avant son adoption dans le pays de Rennes (rappelons qu'alors en Cornouailles par exemple, c'est toujours le style Louis XIII qui perdure).
La renommée d'un atelier florissant d'où sont sortis de nombreux meubles, ajoutée à cette spécificité de décor qui rend son travail reconnaissable entre tous, nous ont permis de compiler un nombre d'armoires (que nous reproduisons ci-dessous) assez considérable et, avec son confrère Charles Allory de Pacé, il nous apparaît comme l'un des deux artisans les plus prolifiques. Il convient de garder à l'esprit que, contrairement à ce même Allory, la plupart des sculpteurs du pays rennais ne signaient qu'une partie de leurs ouvrages et que les ateliers des plus célèbres d'entre eux disposaient de plusieurs compagnons, généralement affectés aux tâches de menuiserie, même si les plus chevronnés prenaient part à la sculpture. Ainsi la plupart des éditions traitant du sujet présentent (sans le savoir, pour la plupart des exemplaires qui ne sont pas signés) au moins une armoire de Julien Dondel. On notera enfin que si toutes ces armoires présentent de nombreux traits communs, aucune n'est exactement semblable (hormis les modèles 4 et 5 - Mais justement, nous avons pu par la suite vérifier qu'il s'agissait bel et bien de la même armoire, dont le fronton et les entrées de serrure avaient disparus et furent par la suite remplacés).
Observons tout d'abord ces deux chefs-d’œuvre
parmi les buffets rennais, meubles alors réservés aux plus riches propriétaires terriens de la région et pour ce qui concerne ces véritables modèles rennais, soit à corniche à double cintre (le buffet de 1779 fait cependant encore une fois exception), quasi exclusivement commandés aux sculpteurs de grande renommée. Le troisième buffet n'est pas signé mais nous lui attribuons ce travail.
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Les buffets
J. Dondel
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---------------------------Gazette Drouot------------------------------Photo d'archives (Meuble reproduit dans de nombreux ouvrages)
Signature "au papier" encré sous verre dans un médaillon----------Double signature : une gravée et une encrée à l'intérieur
Ancienne collection Antiquités Philippe Glédel -------------------Ancienne collection Antiquités Philippe Glédel
Ancienne collection Antiquités Philippe Glédel
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Les armoires signées ou attribuées à
J. Dondel
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Ancienne Collection Antiquités Philippe Glédel
Armoire non signée
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Mobilier du Pays de Rennes/Musée de R. Armoire non signée
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Ancienne collection Antiquités Philippe Glédel
Armoire signée (au papier) et datée 1771
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Le mobilier breton / Balnéat
Armoire non signée
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Le mobilier breton / Trotel - Coll. Ecomusée
Armoire non signée
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Les meubles du pays de Rennes / Dr Jambon
Armoire non signée
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(Ci-dessus) Très certainement les deux mêmes armoires photographiées à différentes époques, ce que confirme le fronton refait de l'armoire du centre. |
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Collection privée
Armoire non signée
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Collection musée de Rennes
Armoire non signée
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Collection privée
Armoire non signée
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Ancienne collection Antiquités Philippe Glédel
Armoire non signée
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Ancienne collection Pierre Bellemare
Armoire signée et datée 1775
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Guidargus du meuble régional
Armoire non signée
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Meubles Régionaux / A. Maumenée
Armoire non signée
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Vie à la campagne / Hachette
Armoire non signée
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Vente Hôtel Drouot / Etude Ader
Armoire non signée
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Ancienne collection Antiquités Philippe Glédel
Armoire signée (au papier) et datée 1785
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Ancienne collection Antiquités Philippe Glédel
Armoire non signée
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Ancienne collection Antiquités Philippe Glédel
Armoire signée et datée 1791
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Ancienne collection Antiquités Philippe Glédel
Armoire non signée
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Collection privée
Armoire non signée
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Ancienne collection Antiquités Philippe Glédel
Armoire non signée
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Ancienne collection Antiquités Philippe Glédel
Armoire signée J. Dondel
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Ancienne collection Antiquités Philippe Glédel
Buffet-vaisselier non signé
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Ancienne collection Antiquités Philippe Glédel
Armoire L. XV signée J. Dondel datée 1807
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Jean-Baptiste Depouez
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Jean Baptiste Depouez figure parmi les meilleurs artisans rennais de la fin du
XVIIIe.
On connait un certain nombre de meubles signés de sa main :
- Un buffet, daté 1788, d'une grande richesse de sculpture, avec tiroirs galbés à incrustations, de notre collection personnelle.
- Un buffet, daté 1789, très richement sculpté, avec des moulures noircies (à la mort de Louis XVI) et tiroirs galbés, que nous proposerons prochainement à la vente.
- Un autre splendide buffet
daté 1798, de nos anciennes collections (puis collection Catteliot), est venu enrichir les collections du Musée de
Rennes, dont il est l'un des fleurons.
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Les buffets
J. B. Depouez
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Buffet 1788
Collection personnelle
Collection Antiquités Philippe Glédel
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Buffet 1789
Actuelle collection
Collection Antiquités Philippe Glédel
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Buffet 1798
Collection Ecomusée du pays de Rennes
Ancienne Collection Antiquités Philippe Glédel
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Le buffet de 1798 est référencé dans l'ouvrage
Menuisiers et mobilier du pays de Rennes
aux 18e et 19e
siècles de Gwénaël Baron
tout comme y est référencée
l'armoire de 1784,
ainsi qu'une autre armoire datée 1798. |
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Les armoires J. B. Depouez
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Ancienne collection Antiquités Philippe Glédel
Armoire signée datée 1784
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Ancienne collection Antiquités Philippe Glédel
Armoire signée datée 1789
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Anc. collection French Accents Antiques - USA
Armoire signée datée 1791
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Ancienne Collection Antiquités Philippe Glédel
Armoire signée datée 1796
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Collection Privée
Armoire signée datée 1796
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Anc. collection Marc Scheer - Luxembourg
Armoire signée datée 1799
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Hormis sur
l'armoire de 1799, on retrouve, sur tous les meubles portant la signature
Depouez, le même panneau à décor de couronne fleurie,
liens d'amour et lambrequins. Il faut noter que trois autres artisans, Charles Croizé I, François Allory I, Louis
Hindré, ont utilisé un motif quasiment semblable.
Depouez a souvent repris les mêmes décors à la Bérain sur ses armoires, d'une sculpture très luxuriante, un tout petit peu heurtée cependant et d'une qualité inégale. Ainsi la sculpture de l'armoire de 1789, la plus exceptionnelle Depouez que nous ayons vue, est d'un autre niveau que celle, juste en dessous, de 1796 (variations qui peuvent être dues à l'âge du sculpteur ou au fait d'avoir peut-être parfois laissé la main à un compagnon, et comparant cette dernière armoire avec notre modèle daté de cette même année 1796, nous opterons pour la seconde hypothèse).
Cette maie rennaise du Musée de Rennes
pourrait fort
bien être attribuée à Jean Baptiste Depouez.
C'est principalement le cul-de-lampe en cartel à fleuron, chaque fois répété au centre
des traverses
basses
qui
retiendra l'attention,
car ce motif bien particulier
peut être considéré comme "la griffe" de Jean-Baptiste
Depouez.
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ANTIQUITÉS PHILIPPE GLÉDEL – TOUS DROITS RÉSERVÉS. 1998/2023
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