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ARMOIRE
DE MARIAGE RENNAISE
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Exceptionnelle
armoire rennaise de mariage Régence en merisier,
à corniche double cintre, signée Julien Dondel, datée 1785.
Travail
du pays de Rennes de la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Cette armoire appartient à l'âge d'or du mobilier du Pays de Rennes, courte période florissante de transition entre meubles Louis XIV et meubles Louis XV qui va de la fin du XVIIIe siècle jusqu'aux toutes premières années du XIXe siècle, et durant laquelle les hiératiques armoires à triple panneaux et pieds droits de type Louis XIV verront leurs montants s'arrondir et leurs pieds se galber, ceci juste avant que les premières armoires à double panneaux (encore entièrement sculptés) ornés de moulures Louis XV feront leur apparition, toutes parées d'une luxuriante ornementation propre aux répertoire "à la Bérain".
Cette armoire possède une signature écrite à l'encre sur un vélin enchâssé dans un petit médaillon cerclé de fer et foncé d'une vitre. Ce rare procédé, parfois employé par de grands ébénistes parisiens, est dit "à la rubrique". On peut y lire : "Fecit J. Julien Dondel l'année 1785" et y deviner un petit motif quasiment effacé rappelant celui dessiné sur un autre meuble daté de 1779 (autre signature reproduite en documentation).
Le travail de Julien Dondel est reconnaissable car il s'est montré novateur en introduisant le style Régence dans le pays de Rennes, style qui n'a que très peu été assimilé dans nos provinces. Cette armoire est en effet animée par un riche répertoire
ornemental issu de la Régence et pour mieux l'assouplir l'artisan s'est débarrassé de la rigidité des traditionnels cadres moulurés (quadrilobes des panneaux centraux des armoires rennaises XVIIIe et bordures de pourtour des autres panneaux) ainsi que des habituelles réserves (zones découpées et laissées planes sur les panneaux inférieurs et supérieurs).
On dira en effet que le style Régence a soumis l'architecture à la sculpture, mais sans la négliger pour autant.
Julien Dondel figure parmi les sculpteurs les plus renommés du Pays de Rennes et cette armoire est sans conteste souveraine parmi toutes celles que nous lui connaissons. Dès lors il n'est pas étonnant que si un "top ten" des plus merveilleuses armoires rennaises était établi, cette armoire ne manquerait pas d'y figurer.
Plusieurs éléments sont à mettre en exergue sur ce modèle, et ce d'autant qu'ils sont totalement inédits et novateurs dans le mobilier rennais (et certains même dans le mobilier tout court!).
- La présence de quatre phénix ornant le fronton de l'armoire. On en rencontre parfois deux, mais très rarement et exclusivement sur les plus riches modèles des plus célèbres artisans (en particulier les Croizé et les Allory).
- L'exceptionnelle coquille centrale du centre du fronton concave et traitée en ajouré.
- La présence d'un miroir enchassé dans une réserve en forme de cœur.
- La présence de deux entrées de serrure (et effectivement de deux serrures fonctionnelles), cette double fermeture étant incontestablement d'origine (leurs positions excentrées ainsi que les deux médaillons en fleurons placées à l'aplomb sur faux-dormant et les montants sont là pour en attester).
- La coquille, en agrafe de la traverse basse, placée très bas, en véritable tablier, et d'ailleurs assemblée, et cela absolument d'origine, en montage chevillé ajouté (autant par économie de bois que très probablement du fait de son caractère inédit).
État :
Très bel état d'origine de l’ensemble,
quelques toutes petites restaurations d'usage.
Ce meuble a été l'objet d'une restauration particulièrement complète et approfondie,
et
sa patine profonde d'origine "rouge cerise", ravivée par égrenage-polissage-remplissage
et
une mise en cire
méticuleuse, est absolument superbe.
Merisier pour toutes les parties visibles,
juste excepté les montants arrière en noyer.
Assemblage du bâti à tenons,
mortaises et chevilles,
fonçures (dos - plancher - plafond) en
bois de châtaignier.
Pour les garnitures, quatre gonds épais et quatre
entrées de serrure
en fer ouvragé
de la plus belle des qualité et deux grosses serrures
en
fer
avec leurs clés,
une targette
en fer,
le tout
d’origine
et en parfait état.
(une serrure anciennement remplacée et une entrée de serrure légèrement restaurée)
Dimensions :
hauteur 2,53m x largeur 1,46m x profondeur 0,60m. |
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L'armoire, vue de trois quarts, accrochant la lumière et dégageant puissance et harmonie.
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Vue rapprochée sur le décorum de la façade.
A noter l'importance du panache la coquille ajourée aux phénix en cimaise et de la coquille
au naturel en tablier ainsi que les rares chantournements aux extrémités du faux-dormant.
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La corniche à double cintre, moulurée et sculptée d'une large bande de feuilles d'acanthe imbriquées et d'une bande de motifs estampés, est surmontée d’un majestueux fronton à décor central d’une large coquille concave et ajourée épaulée de deux phénix aux ailes déployées picorant des grains de raisin sur des pampres qui se poursuivent ...
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agrémentés de coquilles en palmettes, tout au long de la corniche flanquée de deux autres phénix, et ce toujours en sculpture ajourée à claire-voie. La traverse haute, qui adopte le mouvement cintré des portes, est sculptée d’un médaillon central mouluré d’un baguette demi-ronde et sculptée d’un large fleuron tandis que deux réserves, semblablement moulurées, sont sculptées d'un puissant décor de mouvement en C bordés de larges feuilles godronnées.
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Sur les portes, les trois panneaux, mis en relief par une plate bande et par des traverses soulignées de puissantes moulures saillantes et à larges gorges concaves, sont sculptés d'arabesques "à la Régence" dans une ordonnance équilibrée. Sur ce panneau supérieur, à peine contenu par un jeu de bandes, de culots, de médaillons réticulés et d'un motif réticulé en forme de cœur (meuble de mariage) se déploie sur toute la surface disponible et sans effet de masse un foisonnant décor de feuilles et de cartouches godronnés agrémenté de chutes de tiges florales.
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Le panneau central est également très richement sculpté de larges collerettes et ailes de chauve-souris godronnées, festonnées et ponctuées de volutes, tiges florales, feuilles d'acanthe, cartels et médaillons réticulés et estampés à l'imitation de la mosaïque, tous ornements propres au style Régence.
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Le panneau inférieur où se déploient avec souplesse de larges feuilles d'acanthe crispées sommées de cartouches godronnés étirés en éventail rappelant encore la coquille, de chutes florales et de culots.
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Les montants où s'étirent avec souplesse des motifs en C bordés à larges feuilles godronnées, fleurons dans des médaillons, culots, entrelacs et réserves réticulées.
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La traverse basse puissamment découpée et avec sa remarquable coquille en écho du fronton de la corniche.
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Le tablier en coquille et son montage d'origine à tenons-mortaises chevillés.
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Les côtés en merisier sont compartimentés en cinq panneaux moulurés décreusés de plates bandes. La base du côté droit (ici présenté à gauche) présente ses deux extrémités de panneaux réhaussés (mais absolument d'origine, suite à une erreur de coupe).
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L'armoire ouverte : intérieur avec dos, plancher et plafond d'origine. Ici en configuration penderie avec une étagère en châtaignier (ancienne mais rapportée).
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L'armoire ouverte. Ici en configuration lingère avec trois étagères (anciennes mais rapportées).
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L'armoire de dos : montants arrière en noyer et dos en châtaignier.
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DOCUMENTATION
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Julien Dondel est un artisan qui figure parmi les plus célèbres du pays de Rennes. Bien qu'il soit cité dans les principaux ouvrages référents, que trois armoires (non signées) de sa main figurent dans les collections des musées de Rennes, on sait encore peu de choses sur lui, hormis que son atelier se trouvait à Saint-Sulpice-la-Forêt, une commune située au nord de la capitale bretonne.
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Ainsi il exerçait à l'une des extrémités du "croissant fertile" du pays de Rennes, et donc relativement loin de l'épicentre, situé au nord-ouest de Rennes, soit la commune de Pacé et ses environs immédiats où nombre de sculpteurs s'activaient. Peut-être faut il y voir l'une des principales raisons de l'originalité qui caractérise son travail.
Car en effet Julien Dondel, à l'instar toutefois de Jacques Tulou, sculpteur de grand renom qui était sans doute son plus proche voisin (puisque de La-Chapelle-des-Fougeretz à Saint-Sulpice-la-Forêt ou mieux encore à Betton -où selon le Dr Jambon il aurait eu un atelier- il n'y a pas loin...Et Julien Dondel ayant tissé des liens avec les Tulou, voilà qui serait tout à fait plausible, eu égard aux nombreuses similarités) à été l'un des seuls (et le plus hardi dans cette liberté) à s'être affranchi en plein XVIIIe siècle (exception faite pour un buffet daté 1779) des cadres moulurés en quadrilobes, et à négliger les parties laissées en réserves non sculptées pour mieux couvrir (tout en évitant avec talent le piège de la surcharge) toute la surface des panneaux de ses armoires. On remarque aussi qu'alors que ses concurrents restent encore attachés à une parfaite symétrie, Dondel adopte déjà l'asymétrie dans ses décors. Le caractère délié de sa sculpture, en asymétrie et sans contraintes des cadres, est en parfaite adéquation avec les canons du style Régence.
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Armoire de Julien Dondel et de Jacques Tulou. |
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---------------------------------Armoire de Julien Dondel (non signée)----------------------------------Armoire de Jacques Tulou datée 1777--------------- -----------------Anciennes collections Antiquités Philippe Glédel---------------------------- |
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Buffets à deux corps signés Julien Dondel |
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----------------------------Gazette Drouot--------------------------------------------Photo d'archives (Meuble reproduit dans de nombreux ouvrages)-
Signature "au papier" encré sous verre dans un médaillon--------------------------Double signature : une gravée et une encrée à l'intérieur
Ancienne collection Antiquités Philippe Glédel-----------------------------------Ancienne collection Antiquités Philippe Glédel
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Buffet vaisselier traité en sculpture ajourée attribué à Julien Dondel
& Armoire de style Louis XV signée J. Dondel et datée 1807 |
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-Buffet-vaisselier attribué à J. Dondel -------- ----Armoire Louis XV signée et datée 1807
Ancienne collection Antiquités Philippe Glédel-----Ancienne collection Antiquités Philippe Glédel |
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Inventaire des armoires signées ou attribuées à Julien Dondel :
http://antiquites-gledel-philippe.chez-alice.fr/le_Mobilier_du_pays_de_Rennes.htm#J-Dondel |
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Deux armoires reproduites dans La Haute Bretagne aux éditions Massin
et
Le Mobilier Breton aux éditions Coop Breizh. |
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"ESPACE DÉTENTE"
Gros pastiche pour petit pasticheur!
Par contre cette armoire, en ligne sur les sites Selency et Proantic * (site dont on ne dira jamais assez de bien...) n'a, contrairement à ce qui est écrit ci-dessus et ci-dessous, absolument rien à voir avec Julien Dondel, ce qui n'empêchera pas "l'antiquaire" hum hum (pardon je m'étouffe) de pomper sans vergogne notre descriptif (si cela était fortuit, mais non en vérité cela devient récurrent sur ce site et ainsi, pour commencer par la lettre A et pour le seul nom de Allory, nous avons fait déjà fait retirer deux de nos descriptifs et deux attributions complètement farfelues). Son armoire n'étant pas de la même variété de bois, il ne lui restait qu'un mot à écrire : châtaignier... Et bien voilà comment il l'a écrit, le bougre : châtaigner). **
Voici une copie (et ça on peut le dire trois fois !) qui vaut un bon 0 / 20.
Il est pourtant bien stipulé en haut de cette page TOUS DROITS RÉSERVÉS© 2024.
"Répertoire à la Bérain"!!! hum hum (là c'est Bérain qui se retourne dans son cercueil). "Circa 1750 - 1780" !!! L'armoire (pourtant dite "d'après Julien Dondel", artisan dont on ne connait pas d'armoire fabriquée avant 1770) de ce branque serait même plus ancienne que l'authentique (ça pourrait être drôle si ça n'était pas vraiment si triste...).
Pour dire la vérité, et nous allons en passer par là, nous avons affaire ici à une pauvre et très commune (comme il en fut fabriqué des milliers) armoire dite de pêcheur cancalais vers 1850 (ce qui fait quand même un delta d'un siècle avec ce qui est annoncé) entièrement sculptée au début du XXe siècle (ce qui porte le delta à près de deux siècles) par un sculpteur habitué à travailler sur des salles à manger dans un style pastiche et lourdingue néo provençal et avec (cerise sur le gâteau) des poignées de tiroirs montées à l'envers. Et en effet une armoire à deux panneaux séparés par un médaillon central dont le bâti est fait de deux planches verticales ça n'existe tout simplement pas.
monsieur (zut j'ai oublié la majuscule) Portier, pour qui c'est une habitude, se contentera pour cette fois de me lire, puisque je lui ai signalé la mise à jour de ma page (ce qui devrait lui rafraîchir les idées), mais qu'il sache bien que la prochaine fois il lui sera loisible de lire le courrier de mon avocat.
Si l'acheteur de cette aberration (affichée 3.300 euros... tout de même!) me lit, qu'il sache pour sa part qu'il pourra compter sur mon expertise écrite gratuite en vue d'un remboursement intégral de la somme déboursée. Car en effet voici à quoi ressemblait votre armoire, chère Madame, cher Monsieur, avant d'être sculptée au début du XXe par un sculpteur plus besogneux qu'inspiré (et encore ici les poignées des tiroirs sont montées comme il se doit). Une mode fut en effet lancée entre 1870 et 1920 qui engendra la post-sculpture de nombreuses armoires plates de la Vallée de la Rance, et notamment par des sculpteurs itinérants. Ce n'était pas des artistes ni des maîtres sculpteurs, mais plutôt des pasticheurs mélangeant les styles, répétants les mêmes poncifs et se hâtant à la tâche en creusant le bois (la sculpture n'est donc pas en saillie mais à peine à fleur de parement). Mais surtout, il n'y a là ni inspiration ni création, ni grâce ni talent... à ranger dans le décadent, le caricatural... et j'oserais dire, le môche, tout simplement.
Voici une armoire semblable à la précédente (cette fois dans son état originel).
Valeur d'environ 150 euros, compter 650 euros maxi de sculpture et 150 de patine soit moins de 1000 euros.
Notons au passage "l'incroyable existence de deux entrées de serrures fonctionnelles" sur cet autre modèle en
rappelant que, contrairement au Pays de Rennes, c'est une coutume généralisée dans toute la Vallée de la Rance.
Et il conviendra de se poser la question : n'aurait-il pas mieux valu la laisser dans son authentique simplicité ?
Donc selon moi, plutôt moins de 1.000 euros - 650 - 150 soit environ 150 euros.
Et à choisir je préfère prendre l'armoire dans son état d'origine pour 150 euros.
Voilà donc ce qu'on vous vend (à "bon marché" pour de l'exceptionnel) sur certains sites
(et sur un site certain qui se prétend "le plus beau catalogue d'antiquités"... Laissez-moi rire!).
* Alerté, Selency aura pris la peine de retirer l'annonce. Pour ce qui est de proantic nous savons par avance (et par expérience)
que toute démarche aurait été parfaitement inutile (ce serait comme parler des calories vides ou des sucres ajoutés à Michel-
Edouard Leclerc), aussi nous avons préféré, plutôt que de perdre notre temps, ne pas interférer dans leur florissant business.
** Signaler cette faute grossière (surtout quand on se prétend antiquaire, n'est ce pas ) n'est sans doute pas lui faire opprobre.
Et oui, cela me rappelle une anecdote racontée par mon épouse, professeur de lettres. Un élève (pas un petit enfant non plus)
devant lui remettre une poésie avait présenté (carrément!) Oceano Nox (de Victor Hugo, est il utile de le préciser) mais en prenant
bien soin ("malin" qu'il était) de semer quelques fautes d'orthographe pour que personne se s'étonne qu'il puisse en être l'auteur.
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