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ARMOIRE RENNAISE PAR CHARLES CROIZE

Armoire rennaise d'exception signée Charles Croizé et datée 1801

 


Exceptionnelle armoire de mariage rennaise de style Régence
en merisier très richement sculpté.
Elle est signée et datée :
"PAR CHARLES CROIZÉ L'AN 1801 OU L'AN DIX DE LA REP"
Travail du pays de Rennes.

 

Signature de Charles Croizé menuisier et sculpteur du pays de Rennes

 

Cette armoire est un meuble de sculpteur, et n'est pas la première venue, loin s'en faut :

- Tout d'abord elle appartient à l'âge d'or du mobilier du pays de Rennes, une courte et florissante période de transition entre meubles de style Louis XIV et Louis XV qui va de la fin du XVIIIe siècle jusqu'aux toutes premières années du XIXe siècle, durant laquelle les hiératiques armoires à trois panneaux et pieds droits de type Louis XIV voient leurs montants s'arrondir, leurs pieds se galber, leurs sculptures foisonner, et qu'apparaissent les premières armoires à deux panneaux chantournés et sculptés d'une luxuriante ornementation toujours inspirée du répertoire dit "à la Bérain".

- Par ailleurs nous avions souligné, dans le cadre du descriptif d'une armoire signée Depouez, que des armoires rennaises il en est relativement beaucoup et de toutes sortes, tant les menuisiers qui s'activaient dans le pays de Rennes étaient nombreux (pas tous véritablement professionnels, mais pour beaucoup de simples amateurs fabriquant à moindres coûts), et en vérité il faut bien comprendre que c'est moins d'une dizaine de sculpteurs par générations qui auront à eux seuls fabriqué les modèles les plus dignes d'intérêt... Or notre armoire est l'œuvre du plus grand sculpteur du pays de Rennes, Charles Croizé (1746-1814), menuisier et sculpteur à L'Hermitage puis à Saint-Gilles. Il y a une certaine correspondance entre les Croizé en Bretagne et les Hache en Dauphiné (toutes proportions gardées naturellement), et en paraphrasant Édith Mannoni parlant de Thomas Hache, nous pourrions dire : il existait dans le pays de Rennes une important corporation de menuisiers dont les fameux Allory et Tullou. Mais à partir de 1800, personne ne peut plus suivre Charles Croizé. Il est semblablement question pour les Croizé d'une dynastie qui s'étire sur trois générations, et tout comme les Hache ils ont utilisé les plus beaux bois de la région, ils ont fabriqué les meubles les plus soignés mais surtout ils se sont montrés novateurs et même nous pourrions ajouter les plus grands inventeurs, entraînant les autres à leur suite. Charles Croizé est donc quelque part le Thomas Hache du mobilier rennais, et sans nul doute il aura, et ses fils après lui, fabriqué les meubles les plus éblouissants jamais vus en Bretagne.
On pourra se reporter à notre exposé sur la famille Croizé dans lequel cette armoire figure : http://antiquites-gledel-philippe.chez-alice.fr/le_Mobilier_du_pays_de_Rennes.htm#Les-Croize

- Enfin et pour finir cette armoire de Charles Croizé est incontestablement la plus remarquable que nous lui connaissons, et dès lors il va de soi que nous la considérons comme l'une des plus exceptionnelles armoires rennaises.
Si nous devions dresser un podium nous la placerions en toute logique dans le "top 3", entre une armoire de Jean-Charles Croizé (son propre fils aîné), la seule sans doute à pouvoir prétendre lui ravir "le titre suprême" [Collection des Musées de Rennes] et une autre de François Allory (son neveu, qu'il aura lui-même contribué à former) - [Collection US].
Tout classement demeure certes subjectif, mais cependant notre passion pour les armoires du pays de Rennes nous aura entrainé jusqu'à en acheter plus de cent et sans doute à en avoir vu près d'un millier, et c'est donc en toute connaissance du sujet que parlant de celle-ci nous la désignons comme un pur chef d’œuvre du mobilier de Haute Bretagne.

 

Notre armoire est donc ici encadrée par la célèbre armoire du musée de Rennes et par une armoire vendue en 1984 chez Ader Picard Tajan à Drouot (101.000 francs au marteau soit hors frais). Corrigeons : Armoire en merisier mouluré et abondamment sculpté de motifs dits "à la Bérain". Travail du pays de Rennes. XIXe). Il convient de signaler que ces deux modèles ont leur quasi jumelle (mais d'une qualité toutefois très légèrement inférieure) : armoire signée Croizé datée 1825 [d'une collection privée rennaise] et armoire signée Allory datée 1807 [de notre collection privée].

Nous n'allons pas énumérer ici tous les éléments composants cette fastueuse ornementation, (nous y serions encore demain), ni les qualités du sculpteur (se reporter à notre exposé sur les Croizé), bornons-nous à énoncer ce qui est nouveau, car cette armoire innove incontestablement et a dû marquer les esprits, c'est sans doute pourquoi d'ailleurs, sans même en avoir de photographie, les auteurs des plus anciennes publications ne manquèrent pas d'en faire mention:

LES BEAUX MEUBLES RUSTIQUES DU VIEUX PAYS DE RENNES - Dr. Jambon / Ed. Laffitte

MENUISIERS ET MOBILIER DU PAYS DE RENNES - Gwénaël Baron / Ed. Apogée

 

Tout d'abord le fronton de corniche à galerie, ajouré à claire-voie, que nous avions pu voir sur un buffet de 1815 de nos anciennes collections par le sculpteur Jean Rouge de Cintré, puis sur les armoires de 1824 et 1825 de Charles Croizé II évoquées (on en verra très peu d'autres par la suite, et en tous cas jamais plus de cette qualité), apparaît ici sur une armoire double cintre pour la toute première fois, et nous pensons raisonnablement que Charles Croizé en est tout simplement l'inventeur. Cependant, précisons toutefois qu'en 1801, s'il est âgé de 55 ans, son fils aîné a 26 ans (ce qui n'est pas loin de l'âge de la pleine maturité pour un sculpteur, surtout quand il a les dons que nous lui connaissons) et voilà qui nous amène à émettre l'hypothèse que cette armoire doit probablement résulter d'une collaboration entre père et fils (pour reprendre notre comparaison avec les ébénistes de Grenoble, tout comme Pierre Hache, Jean-Charles Croizé aura longtemps patienté avant de devenir le maître de l'atelier Croizé, car en effet son père y demeurera jusqu'à l'âge de 67 ans). Ajoutons que sur de nombreux points l'armoire de Charles Croizé II du musée de Rennes se réfère à notre armoire de 1801 (la reprise du cadre mouluré sur les épais montants est d'ailleurs presque un archaïsme en 1824). D'autre part, si de nombreux éléments du décor sont bien spécifiques à l'ornementation habituelle de Charles Croizé I (coquilles à l'amortissement des portes, couronnes de fleurs...), outre ce formidable fronton, quelques éléments sculptés sur cette armoire nous ramènent plutôt au répertoire de Charles Croizé II (larges coquilles godronnées de la traverse basse qui sont à voir comme parmi ses plus caractéristiques décors à venir).
Par ailleurs, si la qualité de la serrure dotée d'une crémone est d'un luxe peu habituel en pays de Rennes, la garniture de laiton d'excellente qualité (fiches à larder et entrées de serrures qui la composent) y est totalement avant-gardiste car en effet, excepté le cas de poses occasionnelles d'entrées de serrures importées de Saint-Malo, on ne rencontre jamais de telles garnitures d'origine fabriquées en laiton (et absolument jamais de fiches à larder) avant 1815.

 

 

État :
Très bel état d'origine de l’ensemble, infimes restaurations d'usage
(deux greffes effectuées d'origine à l'atelier Croizé sur des nœuds).
Ce meuble a été l'objet d'une restauration particulièrement approfondie,
sa patine profonde d'origine ravivée par égrenage-polissage-remplissage
et une mise en cire méticuleuse est absolument superbe.

 

Dimensions :
hauteur 2,45 m x largeur 1,43 m x profondeur 0,60 m
(hors débords de corniche pour ces deux dernières).

 
 
Exceptionnelle armoire de mariage du pays de Rennes


L'armoire de trois quarts droit dégageant puissance et harmonie.

 
 
 
 
 
 
Armoire de mariage rennaise très richement sculptée par Croizé


Et de trois quarts gauche, accrochant la lumière.

 
 
 
 
 
 


La partie supérieure du meuble.

 
 
 
 
 
 


La partie inférieure du meuble.

 
 
 
 
 
 


La partie supérieure d'une porte.

 
 
 
 
 
 


La partie inférieure d'une porte.

 
 
 
 
 
 


Le sommet du meuble (de face).

 
 
 
 
 
 


Le sommet du meuble (de trois quarts droit).

 
 
 
 
 
 


Détails d'une porte.

 
 
 
 
 
 


Détails d'un panneau.

 
 
 
 
 
 


La base du meuble.

 
 
 
 
 
 


Une entrée de serrure et ses clous d'époque.

 
 
 
 
 
 


Entrée de serrure - Serrure à crémone - Fiche à larder.

 
 
 
 
 
 


Les côtés de l'armoire.

 
 
 
 
 
 
 


L'armoire ouverte : intérieur avec dos, plancher et plafond d'origine en châtaignier, se présentant en configuration penderie avec son étagère d'origine. Les anciens coulisseaux ont été conservés et ainsi on pourra aisément rapporter deux étagères (pour une lingère).

 
 
 
 
 
 
 
 


L'armoire de dos : montants arrière et dos en châtaignier.
On y voit la pose (postérieure) de tirefonds sur toutes les traverses, simple précaution
pour une meilleure jointure des assemblages, probablement consécutive au poids
important du meuble, et ce en dépit d'une parfaite conservation des tenons et mortaises).