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COMMODE DE VOYAGE EN ACAJOU - SAINT-MALO XVIIIe

   

 

 

Très exceptionnelle commode malouine de frégate de corsaire
galbée toutes faces en acajou massif de Saint-Domingue
commode de voyage entièrement montée à crochets et démontable
Saint-Malo 
Époque Louis XV - milieu du XVIIIe siècle.

 

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C'est un meuble véritablement de légende que nous présentons ici, car outre que cette commode est encore plus riche que ce qui se fait de mieux à Saint-Malo, notamment par ses galbes très remarquables, elle est le seul exemplaire connu de commode de voyage du XVIIIe siècle.

En effet s'il a été fabriqué durant ce siècle et le suivant de nombreux meubles de voyage, aujourd'hui devenus fort rares et fort recherchés, il n'est pas un seul autre exemplaire de commode de voyage référencé dans les inventaires du mobilier français, seulement des lits (de campagne, à usage militaire), des bureaux aux pieds démontables (les plus courants à usage militaire), des sièges et bien entendu des coffres et des cabinets.

S'il existe des meubles dits de marine, et parmi ceux-ci des commodes, ce ne sont là, d'une part, que des meubles de fabrication anglaise, et qui n'ont rien à voir avec la fabrication portuaire, mais se caractérisant par leur rigueur militaire et fonctionnelle. On pourrait ajouter (au risque d'en décevoir beaucoup) que si les commodes de bateau anglaises du XIXe siècle sont courantes, les véritables commodes datant du XVIIIe, souvent meubles d'arsenal militaire pour les frégates anglaises, sont quasiment introuvables (à cet égard la base de donnée de Christie's, qui présente près d'une centaine de commodes de bateau en acajou ou "mahogany campaign chest" comme les nomment les Anglais, ne fait pas état d'une seule commode XVIIIe passée en vente ces dix dernières années). Quoi qu'il en soit, si elles sont certes parfois en deux parties, ces commodes de marine ne sont pas des meubles entièrement démontables et ainsi, ce qui fait d'elles des commodes de bateau n'en fait pas pour autant des commodes de voyage ... Et inversement par contre ici, si notre commode est un meuble de bateau, ce n'est cependant pas un meuble de marine mais bel et bien un meuble de voyage.

Nous comprenons donc que cette commode meublait la malouinière d'un corsaire lorsqu'il se trouvait à terre et sa frégate lorsqu'il partait pour une course en mer, et nous parlons bien ici de légende car elle existe bel et bien (ou devrions nous dire existait, puisqu'elle se transforme sous nos yeux en vérité manifeste), et justement à Saint-Malo, où il se dit depuis fort longtemps que des commodes ont autrefois voyagé dans les bateaux des riches armateurs malouins. Cette légende fut relayée au cours du temps par les antiquaires de la côte d'Émeraude mais, de mémoire d'antiquaires, on en a jamais eu, ou même seulement vu, une seule avant celle ci.

Rappelons que "ces messieurs de Saint-Malo" avaient accumulé des fortunes considérables, tel Duguay-Trouin qui, après la conquête de Rio en 1711, s'en revint avec une prise tellement colossale qu'elle renfloua à elle seule les caisses de Louis XIV et, à la demande pressante des banquiers du roi, les corsaires et armateurs malouins, dont les Magon et Danycan de l’Epine (Noël dit "le Grand Danycan", Sieur de l’Epine, était alors considéré comme le plus riche armateur français) renflouèrent les caisses du royaume vidées par les guerres du roi soleil. Et considérons aussi que l'Empereur (Napoléon Ier) n'avait pas même une commode parmi son mobilier de campagne, aujourd'hui entièrement conservé à La Malmaison.

Après les grands hommes, un mot sur les petits (à prendre absolument au sens figuré) : on verra ici que Monsieur Ingvar Kamprad (enseigne Ikéa) n'a rien inventé puisque les ébénistes du XVIIIe siècle l'avaient réalisé bien avant lui, avec cette différence que dans 300 ans encore, leurs meubles seront encore bien là pour témoigner de leur savoir faire.

 

Dimensions : 82 cm de hauteur - 137 cm de largeur - 62 cm de profondeur.

   
 

 

 
 

 
 

 

 
 

 
 

 

 
 

Photographie prise sur le lieu de découverte, au Cap d'Agde.

 
  commode-de-saint-malo  
 

 

 
 

Cette commode est demeurée dans un état d'origine superbe,

 
  commode-malouine-de-frégate-de-corsaire-acajou-XVIIIe  
 

 

 
 

et pourtant elle a vécu l'aventure ...

 
  commode-de-port-voyage-Saint-Malo-acajou-de-Cuba  
 

 

 
 
A noter à la fois l'importance et la fluidité des galbes que l'on pourrait mettre
en parallèle avec celles d'un grand yacht de course profilé et racé, les lignes
superbement profilées en plan et en élévation (tant en façade qu'en côté).
 
 

commode-de-bateau-Saint-Malo

 
 

 

 
 
Et nous tâchons au mieux ici de rendre compte de ses galbes (et par exemple du profil
de la traverse basse qui s'avance tel un becquet) d'un tracé parfaitement indémodable
 
 

commode-malouine-de-port

 
 

 

 
 

à mettre en parallèle avec le coup de crayon d'un designer automobile tel qu'un Jean Bugatti.

 
 

commode-de-Saint-Malo

 
 

 

 
 

Et une certaine sensualité même n'est elle pas à fleur de bois ?

Le jeune public s'intéressant fort peu, comme on le sait, aux antiquités, nous sommes "entre nous" n'est ce pas ... Alors pourquoi ne pas dire que bon nombre de nos clients se rejoignent pour trouver à nos meubles des accords tantôt masculins ou tantôt féminins.

A une cliente et amie observant cette commode d'un oeil aiguisé et qui nous dit : "Je la trouve bien féminine pour une commode de corsaire ?" nous répondîmes simplement : "Et bien justement elle ne pourra qu'en être davantage appréciée par un corsaire...en mer !"

 
 

commode-malouine

 
 

 

 
 
On y voit l'exceptionnelle patine d'un meuble pourtant non verni, comme c'est le
cas des meubles de marine (les vernis supportant particulièrement mal l'air salin).
 
 

meuble-de-port-malouin

 
 

 

 
 
L'acajou des Antilles est de toute beauté, il est ramageux et, signe d'un travail de qualité, on
peut observer la continuité des figures du bois sur toute la hauteur de la façade de la commode,
 
 

 
 

 

 
 

et semblablement pour le grain

 
  commode-de-voyage-Saint-Malo  
 

 

 
 

et les veines superbes de l'acajou du plateau monté en larges planches à coupe d'onglet.

 
  Plateau-Acajou-de-Cuba  
 

 

 
 
Ici on voit que le dessous du plateau est mortaisé et emboîté dans des tenons
avant que d'être maintenu par deux crochets :
ce détail, loin d'être exceptionnel,
est une véritable spécificité des malouines fabriquées en intra-muros ...
 
 

commode-de-voyage-demontable-Saint-Malo

 
 

 

 
 

C'est "maintenant" que celà devient complètement insolite, et il semble donc plus que vraisemblable que cette spécificité des plateaux des commodes malouines n'était qu'une réminiscence de commodes toutes montées à crochets (notre commode n'est certainement pas unique, et c'est d'ailleurs pourquoi la légende existe bel et bien, c'est simplement le seul et unique exemplaire connu ... ou peut-être le seul à avoir subsisté). Observons plutôt, déjà la traverse supérieure, montée à simple queue d'aronde, nous viendrait presque dans la main ...

 
 

commode-de-voyage-a-crochets-Saint-Malo

 
 

 

 
 

Les planchers pour leur part se retirent avec une grande facilité grâce à des encoches pratiquées dans la feuillure des traverses de soutien vissées au dos puis dans une autre encoche de la traverse basse elle même. La première planche de faible largeur ôtée, il suffit ainsi de glisser les autres une à une pour ôter chacun des deux faux fonds, y compris le fond le lui même.

 
   
 

 

 
 

Cette découpe, on le voit, est donc pratiquée ainsi à chaque étage.

 
   
 

 

 
 

Et ainsi voici la commode sans ses planchers.

 
  commode-démontable-malouine  
 

 

 
 

C'est le dos qui est immédiatement le plus évocateur,

 
  commode-de-bateau-saint-malo  
 

 

 
 

aux habituelles chevilles se substituent des crochets de fer.

 
   
 

 

 
 

Au passage on peut apprécier l'épaisseur des traverses : celles de façade ont une section de 9 cm d'épaisseur, et en côtés, elles atteignent 11 cm au niveau de l'emboîtement avec les pieds arrière. La restauration du meuble nous à appris, par la constatation des jeux entre tenons et mortaises, que la commode a souvent été démontée par le passé, et de même on observe que la traverse basse du dos, doublement rainurée, a été retournée, il faut indubitablement y voir une véritable restauration d'usage du fait d'un grand nombre de montages et démontages du meuble.

 
   
 

 

 
 
Poursuivons le démontage, il suffit d'enlever les crochets et de séparer les éléments, en commençant par un des côtés. Quelques petits coups de maillet s'avèrent largement suffisants.
 
  Commode-demontable-de-voyage  
 

 

 
 

La suite est un jeu d'enfant, chacune des traverses s'enlevant facilement,

 
   
 

 

 
 

car si la traverse supérieure est montée à queue d'aronde, les deux traverses intermédiaires sont emboîtées par une double-tenon mortaisé aux côtés et enfin la traverse inférieure à simple mortaise est maintenue par des crochets. On voit ici (photographie prise du dessus et de la commode retournée) l'un de ces deux crochets d'origine attachant la traverse basse de façade à celle du côté.

 
  commode-malouine-a-crochets-de-bateau  
 

 

 
 
Détail du superbe pied en sabot. On observe également que la traverse basse
(comme toutes les autres)
n'est donc pas chevillée au montant (et ne le fut jamais),
 
  commode-malouine-a-jarrets  
     
 

A noter que seuls les plus riches exemplaires de Saint-Malo sont dotés de telles moulures sur les traverses, et qui se terminent ici en volutes affrontées et avec un sabot fini de nervures et de stries.

 
   
 

 

 
 

La commode possède encore ses trois grosses serrures XVIIIe et sa clé qui actionne les trois.

 
   
 

 

 
 

Les garnitures sont d'un beau modèle et sont bien également celles d'origine.

 
  poignees-malouine-en-laiton-coule  
 

 

 
 

 
 

Voici la commode entièrement démontée.

 
   
 

 

 
 

 
 

 

 
 

Ainsi moins de cinq minutes suffisaient à deux charpentiers de marine pour monter ou démonter cette commode qui pouvait donc être aisément embarquée dans les quartiers d'un capitaine de frégate corsaire et voguer au gré de ses courses en mer. Ce n'était assurément pas n'importe quel capitaine que son propriétaire* mais sur ce point la légende conservera encore quelques mystères.

 
 

 

 
 

 
 

 

 
 

 
 

 

 
 

Mais voici cependant un indice sous la forme d'une marque d'un membre de la corporation des menuisiers-ébénistes de Saint-Malo, que nous n'avons pas été surpris de découvrir (puisque justement nous la cherchions, car il n'est nullement étonnant de la trouver sur une commode si extraordinaire), marque fort anciennement gravée, et ce à deux reprises, au dos de l'épais plancher de la commode. Il est dit par Monsieur Jean-René Lécuyer que "Des charpentiers hollandais, prisonniers des corsaires, travaillèrent également en atelier. Certaines familles firent souches à Saint-Malo. On a pu relever sur certains meubles leurs initiales et même leurs noms.".

 
 

 
 

On peut y lire en effet les initiales GM, qui demeurent à identifier ...

 

* l'usage maritime voulait que le mobilier du navire appartenait au capitaine et non à l'armateur et, à Saint-Malo, le capitaine corsaire était bien souvent lui même son propre armateur.

 
 

 

 
 

Propos de Monsieur Lécuyer, ancien spécialiste du mobilier malouin, au sujet des commodes de Saint-Malo (il nous a ravit de lire qu'il faisait également un parallèle avec les coques des bateaux).

 
 

 
 

 

 
 

 
 

"ESPACE DÉTENTE"

 
 

Hélas incomprise en temps et en heure par le musée de Saint-Malo (misère culturelle de certains conservateurs...) qui exprima par la suite quelques regrets ("ben tiens!"), cette fabuleuse commode de corsaire ornera la partie Musée, consacrée à la guerre de course, qui occupera prochainement le second étage de la Maison de la Duchesse Anne à Landerneau. Les visiteurs pourront alors l'admirer dans cette splendide demeure en pierre de Logonna datant du XVIIe siècle. Outre que sa destination fut pour nous une véritable récompense, notre rencontre avec les propriétaires des lieux fut un réel enchantement qui doubla notre satisfaction.

Mais nous ne sommes nullement surpris de savoir quelques temps plus tard tout le petit monde malouin en grande effervescence (il est vrai qu'il existe désormais "un musée" à Saint-Malo où l'on visite des caves vides, alors...) pour un bijou (enfin, une bagatelle en vérité) offert par Louis XIV d'une main souverainement condescendante (et quasi indélicate serions-nous tenté de dire / car oui, et c'est bien connu, contrairement à d'autres, ce bon Louis était un peu fesse-mathieu avec les finances de l'état, et pour cause, l'état c'était lui, et donc ses finances étaient sienne) à un corsaire malouin, en récompense de ses prodigalités (sonnantes et trébuchantes, celles là!).

"Depuis sa présentation dans la malouinière de la Bardoulais à Saint-Malo, il n'y a pas un descendant de capitaine corsaire qui ne craigne que cet exceptionnel bijoux offert par le roi Soleil à Alain Porée en 1696 ne quitte la France. Doté de son certificat de sortie du territoire par le Ministère de la Culture, il attise en effet l'attention du marché britannique, qui trouverait dans son acquisition le moyen de prendre une revanche sur la France, après que Philippe de Villiers lui ait arraché l'anneau de Jeanne d'Arc... Le Télégramme, Ouest France et Le Pays Malouin battent le rappel des troupes pour ne pas faillir face à l'Anglais!" (Propos -que nous jugeons ô combien malicieux- de l'étude Rouillac). Estimation : 60 000 € ~ 80 000 €
Excusez du peu! Pour un objet en sulfure à l'imitation d'un camé, certes entouré de diamants...Oui mais quand l'objet mesure 4,3 x 3,9 (soyons précis) cm, les diamants, viendraient-ils de Golconde (à noter aussi en passant ce rapprochement un tantinet "gonflé" avec "l'anneau de Jeanne d'Arc" dont on sait l'origine éminemment controversée...), ne se mesurent même pas en dixième de carat! Et pourtant, chez les Rouillac, malice et snobisme oblige, on allait, c'était couru d'avance, faire des choux gras... On raconte que l'adjoint au maire de Saint-Malo avait fait le déplacement avec mandat jusqu'à 80.000 €, somme bien insuffisante puisque, la babiole, présentée à grand renfort de mise en scène (la Marche pour la Cérémonie des Turcs de Jean-Baptiste Lully résonnait dans la salle des ventes lorsqu'il fut présenté...Si, si, carrément, nous n'inventons rien), s'envola à 500.000 euros (auquel il faut ajouter 120.000 pour l'étude Rouillac, largement de quoi payer la SACEM donc), somme déboursée par un industriel malouin et patriote (sorte d'actuel petit roi soleil, si l'on peut dire, puisque magnat breton du photovoltaïque, et sans l'ombre d'un doute partageant les convictions souverainistes des Rouillac). De là à dire que l'acquéreur est forcément un esthète du Grand goût il n'y aurait qu'un pas, mais que, pour avoir vu son intérieur dans une vidéo, nous ne saurions franchir. En vérité, s'il est un pas franchi, c'est celui du snobisme à la finance, l'art n'ayant strictement rien à voir la dedans, et plutôt donc à mettre en corrélation avec un sac Hermès vendu 287.500 USD quelques jours plus tard. Un bijou, un sac à main, c'est fait pour être porté, non ? Gageons que ceux-ci orneront plutôt l'intérieur... d'un coffre-fort! Par contre bien malin qui saurait dire le sort qui sera réservé (poil au pied) à la paire de "vieilles Birkenstock portées été comme hiver par Steve Jobs" (cofondateur d'Apple éteint en 2011) vendues 218.750 USD (soit 210.000 euros, mais n'oublions tout de même pas que c'est une paire, donc vous en avez deux pour ce prix).

Mais retournons à Vendôme, car quelques temps plus tard c'est une fracassante déconvenue qui allait s'abattre sur cette même salle des ventes. Il s'agissait d'un Monet de la première heure, présenté à grand renfort de presse écrite et télévisuelle. Après 20 mn d'une solennelle (autant qu'interminable) mise en bouche, aucun des enchérisseurs-spéculateurs étrangers ne parvint à ouvrir la sienne... Pas UNE SEULE enchère (y en aurait-il seulement eu une au prix de notre "babiole" ?) ne fut prononcée, in situ, pas plus qu'au téléphone, et pas davantage sur le live. Nos commissaires-priseurs fort embarrassés (on était "en direct" n'est ce pas), ne sachant trop que dire, s'en prirent à la covid... Ils négligèrent juste de rappeller que le tableau (certifié) n'était pas signé (puisque Monet l'avait conservé pour lui-même). Et ces Messieurs de la Finance (qui ont pris le pas sur les vrais collectionneurs), pour qui l'art est vraiment affaire trop compliquée (cela fait appel à l'affect... Non mais vous rendez-vous compte ! Ce qui explique pourquoi ils ont purement et simplement inventé le concept d'art contemporain -conceptuel et consensuel à l'outrance- pour mieux satisfaire leurs appétits), ont par dessus tout deux choses en horreur : la confusion et le doute...