Le verrier ou verriau (mais encore 
            verriero en provençal) est un petit meuble de cuisine suspendu 
            dans la pure tradition provençale, région où 
            le vaisselier n'existait pour ainsi dire pas et où il se voyait 
            remplacé par une multitude charmante de petits meubles à 
            fonctions diverses : la panetière, fixée au dessus du 
            pétrin (pour ranger le pain), l'escudelié (pour le rangement 
            de la faïence), l'estagnié, (pour celui des étains), 
            la saliero (ou boîte à sel), la farniero (pour enfariner les poissons), le couteliero (ou porte-couteau), et donc 
            enfin le verriero (pour le rangement des verres et carafes).
           
          Ce  modèle est  exceptionnel par la richesse de son ornementation sculptée. Coiffé d'une corniche (indépendante et s'emboîtant à la traverse haute par deux tenons), ouvrant par deux portes (ce qui est plus rare encore) mais aussi deux tiroirs en partie basse, il prend véritablement des airs d'armoire miniature. 
          On observe naturellement au premier regard l'étonnant  fronton orné d'un "bouquet" central figurant la fable de Jean de La Fontaine Le Renard et la Cigogne (quoi de mieux approprié pour un verriau), puis la partie basse et notamment sa traverse somptueusement sculptée et ajourée à motifs de soupière, tiges florales et volutes. Les montants aux angles arrondis ponctués de pieds "en escargots" (pour les quatre) ainsi que  le dormant sont également sculptés de culots de feuillages et roseaux sauvages, et enfin les tiroirs de fleurons et culots végétaux.
          Il ferme par une serrure sur le battant droit et deux cliquets sur le battant gauche. Les portes sont cloisonnées par des traverses intermédiaires  foncées de  vitres anciennes en verre soufflé étiré (l'une remplacée).
          Ses vitres anciennes, ses gros gonds en fer, forgés à la main, ses fonçures de tiroir montés à queues d'aronde et feuillures,  sa corniche posée à tenons sur mortaises sont des éléments qui déterminent une datation possible de la fin du XVIIIe ou du début du XIXe siècle.
          
            Au dos du meuble, on remarque les traces laissées par d'anciens crochets destinés à le suspendre 
            au mur. Le verriau étant en effet avant tout un meuble d'applique. Les fonçures (dos, plafond, 
            planchers et fond de tiroirs) sont en sapin. L'intérieur, laqué "sang de bœuf", est agrémenté de deux étagères posées sur crémaillères pour recevoir les verres et les carafes.