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TABLE DITE VOLANTE EN ACAJOU MASSIF

Cette table se distingue par sa qualité et son élégant classicisme mettant en valeur l'éclat de son acajou, notamment celui de son plateau en moucheté, et nous pouvons souligner la grâce de ses courbes, le léger chantournement de ses ceintures ourlées d'un quart-de-rond s'harmonisant avec le "coup de fouet" de son piétement, détails qui la datent de la fin du style Louis XV et du début du néo-classicime, soit vers 1760.

Elle possède une particularité, que nous n'avons jamais rencontrée à l'exception d'un seul et unique cas, certains sièges de la main de Georges Jacob (et il est notoirement connu que seul son successeur Séné a perpétué cette façon), les ceintures sont décreusées sur quasiment toute leur face intérieure, ceci à dessein de l'alléger (et la légéreté de la table est en effet très surprenante, surtout au regard de son essence d'acajou massif).
En cela elle confirme sa spécification de petit meuble volant (meubles destinés aux châteaux, suffisamment légers pour y être facilement transportés d'un salon à un autre au gré des jeux et des collations) tout en compliquant singulièrement la détermination de sa localisation de fabrication.
S'agit-il bien d'une table portuaire (et en ce cas certainement bordelaise) comme elle nous le semble de prime abord, ou bien plutôt d'une table parisienne (et en ce cas des premières années de Georges Jacob, alors qu'il fabriquait encore "du Louis XV"). Il faut bien convenir que sa qualité de fabrication est parfaite et que son raffinement discret ne dénoterait dans aucun château. Nous savons par ailleurs que Jacob fut l'un des très rares artisans parisiens du XVIIIe siècle à utiliser l'acajou en massif du fait qu'il était menuisier, et pourtant ne se refusait pas à fabriquer de tels petits meubles pour les châteaux qu'il fournissait, de la même manière qu'un ébéniste tel que Pierre Garnier par exemple fabriqua des sièges d'acajou sur commande. On ne pourra cependant rejeter l'hypothèse d'un artisan bordelais ayant vu dans un château quelques sièges du maître et copié sa manière, même si notre conviction est plutôt inverse.

 

Très bel état d'origine, absolument aucune greffe, une brûlure au
sommet d'une ceinture latérale, mais à peine visible sous le plateau.
Belle finition en vernis-ciré, belle patine.

DOCUMENTATION