Commode bordelaise en
acajou de Cuba massif,
galbée en façade, et ouvrant à quatre tiroirs
sur trois rangs.
Si toutes les commodes "en tombeau"
ne sont pas bordelaises, il n'est pas non plus que des commodes "en
tombeau" à Bordeaux, les premières commodes de
la période de la Régence étaient plus sobrement
galbées, et en voici un exemple. Une autre caractéristique
de cette commode est d'être un rare modèle à plinthe recouvrant
la base de la façade et des côtés, et qui donne
souvent l'impression que le pied est légèrement décalé
du montant. Elle se retrouve également sur certaines commodes
"en tombeau", à Bordeaux ainsi qu'à La Rochelle
et les bordelais leur donnent le nom de "pieds à bourrelets".
Cet exemplaire assez peu courant, typique du travail des ébénistes
de Bordeaux, se rencontre parfois dans les belles demeures du Blayais
et du Médoc jusqu'à La Rochelle, et de même, quelques
scribans adoptent cette base à plinthe. Nous n'avons précédemment
trouvé que deux commodes de ce modèle, et nous reproduisons
l'une d'entre elle en document ainsi qu'une autre commode passée
en vente publique et qu'un scriban plus probablement rochelais.
Mais c'est aussi par une taille inhabituelle
que cette commode se distingue, car en effet sa largeur se situe exactement
entre celle d'une petite commode et celle d'un modèle classique,
et on en voit vraiment peu dans ce format. Les photographies ne témoignent pas au mieux de ses harmonieuses proportions
: il faut imaginer la commode assez basse (hauteur de seulement 79
cm) comme pour beaucoup de pièces typées
Régence. Gardant des réminiscences du style Louis
XIV, celle ci est fortement architecturée par un jeu de plate-bandes
et de moulures à doucine (en scotie) encadrant les tiroirs, ainsi
que des moulures arrondies creusant les larges montants.
Il convient également de souligner la très belle qualité
qui caractérise ce meuble, qualité à laquelle
les meilleurs ébénistes des ports de la côte atlantique
du XVIIIe siècle nous ont habitués, en l'occurrence
par l'emploi de beaux acajous utilisés en larges sections.
Ainsi le plateau, en deux planches, dont l'une de 47 cm de large,
présente un très bel acajou de Cuba flammé. Pour
le reste, un bel acajou de fil avec de jolis veinages sur les tiroirs,
des fonçures en bois de chêne (tiroirs et dos), excepté
pour les planchers en sapin et les côtés des tiroirs
supérieurs en noyer.
A signaler que le meuble possède encore ses quatre serrures
en fer.
A noter enfin les beaux pieds à volute
sculptés de palmettes. Une riche ornementation de bronze à
décor de rosaces et surtout de mascarons (rappelant les nombreux
modèles qui ornent frontons et fontaines de la ville de Bordeaux,
que l'on dit la ville aux trois mille mascarons) finit de lui donner
tout son éclat.
Très bel état d'origine,
absolument aucune greffe,
belle finition en rempli-ciré, belle patine.