Commode Louis XV bordelaise en
acajou massif, galbée toutes faces
en plan et en élévation, ouvrant à quatre tiroirs sur trois rangs.
Cette commode est un superbe classique de la production bordelaise du XVIIIe siècle, avec ses lignes épurées et ses galbes parfaits, construite dans un bel et dense acajou de Cuba ramageux et légèrement moucheté.
Nous voyons là un travail d'ébéniste, qui est induit par la qualité de finition de l'ensemble et confirmé par la présence de colle d'os.
Elle est coiffée d'un plateau en bois, au pourtour mouluré d'un bec-de-corbin, fait d'une large planche de 56 cm à l'avant et d'une petite à l'arrière. Les montants sont décreusés de réserves moulurées et ponctués de pieds à volutes dits "escargots". Il faut noter la qualité de ceux-ci, tant à l'avant qu'à l'arrière : sculpture parfaite, bons aplombs, harmonieuse disposition de l'ensemble. On note également la réussite de la coupure médiane, typique des bordelaises, et ici fort bien marquée. Les traverses intermédiaires ainsi que les angles intérieurs des montants sont ourlés d'une moulure en doucine qui forme un cadre autour des tiroirs, tandis que ces derniers voient leurs bords soulignés d'une plate-bande. La traverse basse
est agrémentée d'un chantournement bien nerveux souligné d'une moulure qui se poursuit sur les traverses des côtés. A noter les sections de bois employées (pas moins de 8 cm pour celle de façade et 6 cm pour celles des côtés).
Le meuble à la belle tonalité brun-rouge est éclairé par
une charmante garniture en laiton coulé découpé d'origine dite "à l'anglaise" et telle que l'on en rencontre dans les grands ports commerçant au XVIIIe avec la Hollande et l'Angleterre (Dunkerque, Boulogne, Morlaix, Saint-Malo et Bordeaux). Bien souvent elles étaient fabriquées localement, et si elles sont peu courantes à Bordeaux, on en rencontre cependant parfois (voir les exemplaires en documentation). Ayant procédé à leur démontage, nous avons l'assurance formelle qu'elles sont bien celles d'origine (aucune autre ancienne trace, excepté des traces de clous sous les plaquettes des deux petits tiroirs supérieurs lors d'un léger remontage des poignées suite à la pose de nouvelles serrures à l'entraxe plus court - marquage de montage d'atelier sur les tiroirs et le dos des plaquettes).
Bâti de très bonne qualité, avec dos et intérieurs de tiroir en bois de chêne et avec planchers intermédiaires dits "cache-poussière" en sapin.
Bordeaux - milieu du XVIIIe siècle.
Exceptionnel état* d'origine,
strictement aucune restauration des bois.
(hormis le remplacement des serrures au XIXè et celui des coulisseaux par nos soins)
Finition en vernis-ciré, superbe patine.
Note : *c'est en effet un point qu'il convient de souligner sur ce modèle. Si nous avons parfois rencontré des commodes du XVIIIe jamais passées dans les mains d'un restaurateur, jamais dans toute notre carrière nous n'en avions rencontré une qui ne nécessitait toujours pas (mis à part l'incontournable réfection des coulisseaux - et il n'en était que temps ici) la moindre restauration. Ainsi, détail assez remarquable, elle possède encore ses quatre bouchons de pied intacts. Il faut en voir les raisons dans sa qualité de sa fabrication et le fait qu'elle a été amoureusement conservée par ses propriétaires et est demeurée dans la même propriété. Aussi, gageons qu'elle saura satisfaire sur ce point l'amateur le plus exigeant.
Autre détail peu commun, le meuble est marqué à l'encre sous le plateau : "Le Henri". Vu son emplacement, l'inscription n'a pu être faite que dans l'atelier, avant le montage de la commode, aussi il est probable qu'il s'agisse du nom (ou du pseudo de compagnon) de l'ébéniste.