Commode d'entre-deux en placage de bois de rose
sur contre-fonds d'amarante ouvrant par trois tiroirs.
Estampillée de Jean-Baptiste Fromageau et
frappée du poinçon de la Jurande parisienne.
Paris - Époque seconde moitié du XVIIIe siècle.

Très élégante petite commode de style Transition dite "à la grecque" en placage de bois de rose en chevrons, filets de charme teintés vert bordés de buis, marqueterie de bois de violette, de palissandre Santos clair et de citronnier sur contre-fonds d'amarante.
Coiffée d'un marbre rouge Royal elle ouvre par trois tiroirs, dont un moins large au sommet (ces modèles, portant le nom de commodes à tiroirs de ceinture, feront leur apparition durant le passage du Louis XV au Louis XVI) marqueté d'une frise de glyphes, tandis que les deux suivants sont marquetés de grecques. On remarquera que les côtés plaqués en glyphes et en frisages reprennent harmonieusement la formule décorative de la façade. Ses montants arrondis sont ornés de cannelures et ponctués d'un chanfrein qui fait le lien avec des pieds antérieurs en gaines fuselées. Cette façon, ainsi que les découpes encore légèrement chantournée des traverses basses, marquent le passage entre style Louis XV et Louis XVI.
Cette commode de qualité aux justes et rares proportions est parée d'une belle garniture de bronze ciselée et dorée du meilleur goût Louis XVI : poignées de tirages à anneaux, entrées de serrures à rubans noués, cul-de-lampe à gouttes et précieux sabots en chaussons à pattes de lions de style "à l'étrusque".
Le bâti tout entier de la commode est en chêne, y compris le dos, les planchers et les caissons des tiroirs montés en feuillures.
Elle est frappée, sur la traverse latérale à proximité du montant droit, de la large estampille de Jean-Baptiste Fromageau et de la marque de la Jurande parisienne sur le montant.

Jean-Baptiste Fromageau, ébéniste, menuisier et mercier, est un cas particulier à cette époque de réglementations strictes entre les différentes corporations, car à l'inverse de Georges Jacob, il a produit essentiellement des meubles d'ébénisterie mais aussi des meubles de menuiserie (et en particulier des sièges). Si on a longtemps considéré que cela était dû à sa position de marchand-mercier, on s'accorde désormais plus volontiers à penser qu'il était à la fois menuisier (comme l'était son père) et ébéniste (comme l'indiquent ses documents de maîtrise).
Les bronzes de cette commode, certains détails de son placage ne sont pas sans rappeler l'ébéniste Pierre Roussel avec qui Fromageau à collaboré.

Très bel état de conservation d'origine, dans son intégrité de placage encore bien épais.
Restauration au marbre (sans réintégrations, solide et illusionniste).
Garniture de bronze d'origine (redorée par notre doreur).
Parfaitement restaurée par notre ébéniste.

Travail parisien d'époque XVIIIe siècle, vers 1770.

Dimensions : 80,5 cm de hauteur x 65,5 cm de largeur x 37,5 cm de profondeur.