HORLOGE DEMOISELLE DE BAYEUX |
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Cette très rare horloge de forme dite "Demoiselle" est fabriquée en noyer exclusivement, y compris le dos, ce qui est en soi fort atypique pour un meuble normand, mais n'est pas le seul élément original de ce modèle véritablement exclusif, et donc très probablement de commande. Cette pièce de grande qualité est une parfaite illustration de l'assimilation du néoclassicisme dans le mobilier régional bourgeois, voire aristocratique. Nous sommes en effet en présence d'une horloge de parquet destinée à l'ameublement d'un manoir, sinon même d'un château normand, et faite dans l'esprit des régulateurs de parquet parisiens.
Dimensions : hauteur 2,42 mètres.
Très bel état d'origine, superbe patine.
Travail Normand de la fin du XVIIIè siècle.
Note : L'horloge demoiselle est le modèle d'horloge de parquet le plus renommé de Basse-Normandie, et certes le plus élégant qui soit. Celle de Bayeux compte, avec celle de Vire, parmi les plus rares et les plus recherchées. Un telle horloge, avec caisse et mouvement parfaitement d'origine, constitue aujourd'hui une très rare opportunité. |
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La caisse est fortement architecturée, à l'image déjà de son épaisse corniche aux multiples moulures, amortie d'un couple de colombes se becquetant sur une corbeille tressée ornée de feuillage et d'une grappe de raisin. La porte du mouvement s'ouvre par le dessus et, seconde particularité de ce modèle, n'est pas foncée d'une vitre. L'intérieur de la porte est en effet décreusé pour que le grand cadran vienne quasiment s'y appliquer (et ainsi il n'est pas besoin d'ouvrir la porte, relativement difficile à atteindre, pour mettre le mécanisme à l'heure). Toujours sur cet envers, on observe également deux rainures pratiquées pour y recevoir les panneaux des côtés qui sont simplement emboîtés et maintenus ensuite par des pièces de métal mobiles. La porte est parfaitement circulaire, ourlée de trois rangs de sculptures : fil de perles, feuilles lancéolées et ruban torsadé. A la base, le mouvement s'arrondit tout en souplesse sur une corniche intermédiaire soulignée d'un large tore de laurier. |
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La partie médiane adopte une forme violonée, aux angles à pans légèrement concaves soulignés de moulures baguettes ponctuées de crossettes feuillagées et sommées de dais stylisés ponctués de campanes. Elle ouvre par une porte épousant parfaitement le contour de la gaine, et se divisant en deux parties : un panneau en brins de fougère et un large oculus elliptique foncé d'une vitre à sa base à bordure de baguette à chapelet. Ces deux parties sont ourlées d'un ruban torsadé qui est l'élément ornemental récurrent de la gaine, et sur lequel notre regard s'est longuement attardé (car nous savons que les sculpteurs se servent bien souvent de ce motif assez commun et d'apparence anodine et facile à réaliser pour juger de la qualité du travail de leurs pairs) pour la raison qu'il est tout simplement sculpté de main de maître. Ici comme sur les autres parties, les garnitures se veulent discrètes, simples boutons de laiton s'harmonisant avec le balancier et fines charnières de fer, afin de ne pas couper la ligne très verticale de l'ensemble. |
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La partie basse adopte pour sa part une forme en gaine très légèrement fuselée, avec une porte presque semblable à celle de la partie médiane. Elle est encadrée de deux épaisses moulures sculptées, en partie supérieure de tors et en partie inférieure d'une frise d'entrelacs. Le tout repose sur un socle (d'origine) haut et fortement évasé en piédouche. |
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Le mouvement est un modèle normand de Pont-Farcy de très belle qualité. Datant de la fin du XVIIIè siècle, il est parfaitement d'origine sur la caisse : mécanisme lanterne à piliers, échappement arrière à ancre, remontée hebdomadaire des poids par chaînes, sonnerie à râteau des heures sur une cloche en airain marquée "Louis Robert Dubois au Puy", grand cadran émaillé de 26,5 cm de diamètre et aiguilles en laiton à motifs soleil finement découpées. Louis-Gabriel Dubois (1761-1837) appartient à la célèbre dynastie des fondeurs de cloche du Puy en Velay. Il signait LOUIS ROBERT DUBOIS AU PUY (du patronyme de son épouse Marguerite Robert). |
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DOCUMENTATION |
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les beaux meubles régionaux des provinces de France - Albert Maumené / Ed. Moreau | ||
Mobilier régional Basse-Normandie / Ed. Massin | ||