Très riche et très rare fauteuil de cabinet
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Superbe témoignage de cette période de transition, aussi courte que féconde, que constitue la Régence, entre rigueur et académisme du Grand Siècle et naturalisme et fantaisie du Siècle des Lumières, ce siège possède des lignes majestueuses, où s’exprime la grâce de la Régence encore emprunte de classicisme, et où la luxuriance de la sculpture, tempérée par une parfaite symétrie, lui confèrent une très grande classe. L’influence de l’ornemaniste Pierre Lepautre est manifeste, et nous pouvons le dater très tôt, avant 1720. La sculpture, magnifiquement déliée, se désolidarise de la rigidité du cadre et, paraphrasant Roger Verdier, expert du mobilier XVIIIe, nous pouvons dire qu’elle " courre sans entraves sur la surface des bois avec une luxuriance savamment distillée ". Exceptionnelle de finesse et de nervosité, elle est aussi étonnamment bien ourlée et parfaitement dégagée pour un siège si tôt d’époque. Ce siège possède toutes les caractéristiques du fauteuil de cabinet, placé à l’opposé du fauteuil de bureau, et il y a tout lieu de penser qu’il ne faisait pas partie d’une paire. Les dimensions généreuses, l’essence de bois employé, la profusion et la qualité d’exécution de la sculpture, tous ces éléments indiquent qu’il s’agit d’un siège de commande, fabriqué pour une riche demeure dans l’un des meilleurs ateliers de la capitale. Aux amateurs qui s'étonneraient qu'un si beau siège ne soit pas estampillé, rappelons qu'à
cette époque l'estampille n'existait tout simplement pas encore : Sageot, Gaudreaux et Doirat furent les premiers ébénistes à estampiller leurs meubles, mais
seulement vers la fin de la Régence. De même, la marque
de Jurande (JME) n'apparaîtra qu'après 1743, et c'est seulement à cette époque que se généralisera l'usage de l'estampille chez les grands menuisiers en siège. |
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Dans
son ouvrage intitulé |
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A noter : (voir
cliché ci-dessus)
A - Le très bel épaulement du dossier ourlé d’un mouvement en S ponctué de crossettes. B - L’ornementation à double coquille du bout d’accotoir se prolongeant par un entrelacs ponctué d’un fleuron.C - Les sculptures de fleurettes à
la base du petit dossier mais plus encore à l’écoinçon D - La rosace quadrifoliée sculptée
dans une élégie pratiquée à l’attache
du dossier. |
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A - Le motif
central de la traverse antérieure en forme de C affrontés
bordés C - Le rappel de ces fleurettes parmi
les arabesques des pieds antérieurs où s’étirent
coquilles concaves et coquilles en palmettes, mouvements en C ponctués
de crossettes et ourlés de collerettes festonnées, fleurons… |
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A - Le chantournement
du châssis épousant celui de la traverse B - Le dévers (environ 11 cm) du large dossier assurant le confort. C - Les traverses de côté sculptées de rinceaux fleuronnés. D - La finition des pieds postérieurs sculptés d’acanthes. |
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Dimensions
: Hauteur : 106 cm - Largeur : 61 cm - Profondeur : 53 cm. |
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Ce
fauteuil, bien au delà de sa fonction de pièce de mobilier,
se regarde comme une oeuvre d'art. Bien qu'âgé
de près de 300 ans, il se présente aujourd'hui à
nos yeux dans un état d'origine des bois remarquable. La canne, ancienne,
est elle aussi en très bon état. Il est agrémenté d'un ancien coussin en galette garni toutes faces d'un lampas
de soie à décor de branchages fleuris. |
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