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PAIRE D'ENCOIGNURES PIÉMONTAISES
DE LA COUR DE SAVOIE - XVIIIe SIÈCLE

Paire-Encoignures-piémontaises-bois-laqué-doré-Turin-XVIIIè
 
   

 

Exceptionnelle et très rare paire d'encoignures italiennes à transformation d'époque XVIIIe.

Datant du début du Barrochetto italien, correspondant à la Régence française (au sens stylistique du terme, soit avec un décalage historique, environ entre 1710 et 1740), ces encoignures sont originaires du Piémont, et plus exactement de sa capitale Turin. Fabriquées pour l'apparat du cabinet de toilette, "Gabinetto di toeletta" ou antichambre d'appartements princiers d'un palais turinois, elles y étaient à l'origine intégrées à la boiserie, ce qui permettait la suspension du meuble indispensable à la transformation de la console en siège, dissimulation d'un grand raffinement dont il n'est pas à notre connaissance d'autres exemples dans le mobilier.

Bombées en façade, ces encoignures ou "angoliere" ouvrent par une porte et un tiroir médian surmonté d'une tirette, et se composent de trois parties.
- La partie supérieure, coiffée d'une corniche fortement architecturée, est sommée d'une large coquille au naturel encadrée de pots-à-feu. Elle ouvre par une porte, haute et étroite, épaulée de pilastres à réserves sculptées de chutes florales, de coquilles et palmettes. Le décor le plus riche est réservé aux portes ornées de mascarons féminins sculptés en haut-relief, Cérès ? Pomone? Ou bien plutôt faut-il y voir une allégorie des saisons qui laisserait à penser qu'il en fut fabriqué quatre (comme souvent dans les grandes résidences de Savoie - Voir en documentation), notre paire figurant en ce cas le printemps et l'automne. Un jeu de bandes à l'imitation de la ferronnerie, sur lequel paraît suspendu le riche décor de volutes, coquilles, palmettes, acanthes, culots, motifs en C, chutes de laurier et festons de fleurs, rythme la juxtaposition des tons entre laque et dorure. La moulure de soubassement sert de rebord à une tirette parfaitement dissimulée.
- La partie médiane, certainement construite à part dans un soucis de renfort de stabilité (on trouve encore les traces, sous celle-ci tout comme sous les montants de la partie haute, des équerres de fixation) se voit agrémentée d'un large tiroir sculpté et flanqué de deux consoles à enroulements de palmettes et coquilles.
- La partie basse en console, à traverse avant fortement chantournée et galbée en plan et en élévation, crée la surprise lorsqu'elle est tirée vers l'avant et devient un siège canné tripode.
Les appartements dit cabinets de toilette étaient destinés à recevoir de nombreux visiteurs qui assistaient au cérémonial de la toilette princière ou étaient en attente d'une audience. Plus encore qu'ailleurs dans le palais, l'apparat y était bien entendu de rigueur et les sièges pouvaient parfois venir à manquer. Cette invention a donc certainement permis de remédier à ce problème en proposant, outre une tablette de lecture, des sièges d'appoint sans déroger le moins du monde à l'apparat.

 

Note : En confrontant attentivement les deux meubles, on ne peut manquer de remarquer, tout en constatant leur superbe homogénité et en étant absolument convaincus qu'ils sont bien de la même main, des différences aussi subtiles que variées dans les motifs. Nous restons frappés par la parfaite assurance de ce maître-sculpteur qui allait visiblement de l'avant avec une grande liberté qui induit expérience et savoir-faire, poussant sa sculpture sans "remords".
Il convient d'imaginer ces encoignures autrefois placées dans une pièce aux lambris semblablement laqués et sculptés.

 

 

Turin - Italie du Nord.

Époque premier tiers du XVIIIe siècle.

 

 

Dimensions : 2,18 m de hauteur x de 0,65 m de largeur x 0,45 m de profondeur.

Les deux meubles demeurés dans un superbe état d'origine, quasiment sans
aucune restauration des bois, les dos rapportés à la fin du XVIIIe siècle,
relaqués en vert "feuilles d'olivier" avec transparences turquoise,
et pour majeure partie dans leur dorure d'origine.
Intérieurs laqués "sang de boeuf" rafraîchis.

 


"Résidences des Savoie :
Lorsque le duc de Savoie, Emmanuel-Philibert, choisit de déplacer la capitale du duché à Turin en 1562, il entreprit un vaste programme de construction, symbole du pouvoir de la maison royale des Savoie, qui allait être mené à bien par ses successeurs. Cet ensemble de bâtiments de haute qualité, conçu et décoré par les plus grands architectes et artistes du temps, rayonne sur la campagne environnante, à partir du palais royal situé dans la « zone de commandement » de Turin, pour atteindre de nombreuses résidences de campagne et des pavillons de chasse" - (Unesco). Parmi elles citons les différentes résidences de Moncarlieri, Rivoli, Venaria et Stupinigi.

 

 

   
 
 
 
 
 

Paire-encoignures-piémont-Turin- bois-laqué-doré-Barochetto-XVIIIè

 
 
 
 

Angoliera-piemontese-in-legno-dipinto-laccato-dorato-secolo-XVIII-Torino

 
     
 
Coppia-angoliere-piemontese-laccate-dorate-Torino-secolo-XVIII
 
     
 
PAIRE-ENCOIGNURES-PIÉMONTAISES-ÉPOQUE-REGENCE-VIIIè
 
     
 
Coppia-angoliere-piemonte-laccate-dorate-Torino-secolo-XVIII
 
     
 
Paire-encoignures-de-boiserie-a-transformation-Piémont-Italie
 
     
  Encoignures-piemontaises-Regence-bois-laque-dore-18è  
     
 
exceptionnelles-encoignures-a-transformation-palais-Italien
 
     
   
     
 
 
 

DOCUMENTATION

 
 

L'ouvrage de Roberto Antonetto : Il mobile piemontese nel settecento, fait référence en la matière et offre une abondante illustration.

Plusieurs types d'encoignures piémontaises.

 
 

 
 

 

 
 

Un paire d'encoignures piémontaises.

 
 

 
 

 

 
 

Palazzio di Caccia di Stupinigi - Antichambre du Roi.
Encoignure d'une paire de 1757 - Travail d'un ébéniste inconnu.

 
 

 
 

 

 
 

Palazzio di Caccia di Stupinigi - Cabinet de toilette du Roi (originellement de la Reine)
Encoignure d'une paire de 1782 - Travail de l'ébéniste Giuseppe Maria Bonzanigo  pour la fille de Charles-Emmanuel III,
roi de Sardaigne et duc de Savoie, SAR La Princesse Marie-Félicité de Savoie.
Il semble que ces deux encoignures furent fabriquées dans le style des premières (photographies ci-dessus et ci-dessous)
pour être leurs pendants dans le futur Cabinet de toilette de la Reine.

 
 

 
 

 

 
 

Palazzo Real - Turin
Paire d'encoignures (deux autres légèrement différentes fabriquées par la suite en assortiment)
Travail de l'ébéniste Francisco Bolgié (anciennement attribuées à Bonzanigo)  pour SAR La Princesse Marie-Félicité de Savoie.