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Commode-Régence-tombeau-estampillée-MM-Michel-Mallerot

 
 

COMMODE RÉGENCE ESTAMPILLÉE MM

 
   

 

Exceptionnelle large commode dite en tombeau ou à la Régence, ouvrant à quatre tiroirs sur trois rangs, en placage de bois de violette disposé en marqueterie de frisage sur bâti de sapin (celui des tiroirs en noyer), galbée toutes faces et coiffée d'un marbre rouge de Rance* au pourtour épousant les formes de la commode, mouluré d'un bec-de-corbin souligné d'un congé.
Le meuble est paré d'une très riche ornementation de bronzes ciselés et dorés de grande qualité à décor végétal : important tablier (40 cm de largeur) à décor d'un cartel flanqué de motifs en C affrontés ponctués d'ailes de dragon - chutes d'angle à décor de figures féminines se faisant face, palmettes, culots, coquilles, enroulements de feuilles d'acanthe et feuilles godronnées typiques de la période Régence - larges poignées de tirage (31,5 cm de largeur) en arabesques de feuillages nervurés à fleurons - entrées de serrure (16 cm de hauteur) à motifs en C et collerettes festonnées.
Les galbes de ses côtés la distingue de beaucoup, car en effet ceux-ci ne sont pas simplement galbés en élévation, ce qui est la caractéristique des commodes dites en tombeau, ils le sont aussi en plan, ce qui est beaucoup moins courant, et ainsi la commode s'évase vers l'arrière cependant que le galbe de sa façade est également nettement plus prononcé qu'à l'ordinaire. A remarquer également la qualité des panneaux de côté à frisage en diamant, et enfin le charmant ancien badigeon rose pâle couvrant les fonçures du meuble, et notamment le plancher et le dos.

La façon du bâti (montage à plat et queues d'arondes) et son essence de conifère, l'utilisation du noyer pour les fonçures de tiroirs **, l'ordonnance encore symétrique, les bronzes aux espagnolettes, le tracé de l'estampille ***, l'absence de poinçon de Jurande et enfin la période d'activité de l'ébéniste Mallerot confirment une datation contemporaine de la Régence.
A noter les larges filets placés au centre des deux traverses médianes, en fac-similé des cannelures de laiton des anciens modèles Louis XIV, et marquant parfaitement le passage entre Louis XIV et Louis XV.

La commode se présente dans un superbe état d'origine (aucun accident notable à signaler), avec tous ses bronzes d'époque délicatement ciselés et dorés à l'or moulu, son remarquable marbre d'origine et non accidenté d'une épaisseur de 28 mm avec tranche arrière découpée au ciseau et chant débité à la scie à eau et finis manuellement (et donc offrant une surface non parfaitement plane mais légèrement en vague) ainsi que ses anciennes serrures, un état d'origine sublimé par une très délicate restauration.

Par ses dimensions (150 cm) hors du standard (d'environ 130 cm) sa qualité et la richesse de ses bronzes qui marquent l'apparat, on devine sans mal que cette commode était destinée à l'ameublement d'une grande demeure, et très probablement même d'un château.

 

Estampillée (deux fois) M M pour Michel Mallerot
avec signature manuscrite au crayon.

Estampille-M.M.- Michel-Mallerot

Double grande estampille MM aux angles supérieurs de chacun des montants antérieurs.

Signature-manuscrite-Mallerot-ébéniste-au-XVIIIe-siècle

Signature manuscrite Mallerot M au crayon au centre du plancher.

 

Travail parisien de la fin de l'époque Régence ou tout début du Louis XV,
circa 1720 - 30.

 

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Michel Mallerot (1675 - 1753), est un ébéniste parisien encore peu connu. Il est sans doute mentionné pour la première fois dans l'édition de 1927 de l'ouvrage du Comte de Salverte : Les Ébénistes du XVIIIe siècle. Leurs œuvres et leurs marques (corpus corrigé et complété) et Pierre Verlet le cite dans la nomenclature des ébénistes de la seconde édition de son ouvrage : Les meubles français du XVIIIe siècle parue en 1982. S'il convient d'évoquer le problème des estampilles abréviatives, il y a certes un parallèle à faire avec l'ébéniste François Lieutaud (qui signait FL) dont nous avons actuellement également un modèle Régence mais aussi François Garnier (qui signait FG) dont nous avons eu un modèle de commode plus proche de celle-ci, tous ébénistes nés à la fin du XVIIe et travaillant bien avant que l'estampille ne soit en usage. Dans ce contexte, nous citons souvent le cas d'une dynastie entière de très grands ébénistes parisiens et fournisseurs de la couronne, les Bernard (I-II&III) Van Riesen Burgh (ou Van Risenburgh ou encore Vanrisamburgh) qui signaient BVRB et dont le nom n'est sorti de l'ombre qu'en 1957 grâce aux travaux de Jean-Pierre Baroli, alors élève de Pierre Verlet à l’École du Louvre. Reprenons ici un passage du descriptif d'une commode de Garnier de nos anciennes collections : En ce qui concerne François Garnier, les raisons de cette méconnaissance sont très simples, cet ébéniste est né avant 1700, et a donc travaillé sous la Régence, période pendant laquelle l'usage de l'estampille n'existait pour ainsi dire pas et ainsi lorsque Pierre Kjellberg nous dit que "nombre des ses ouvrages, réalisés avant 1743, ne peuvent être identifiés faute d'estampille", il faut comprendre tout simplement que l'estampille n'était pas répandue avant cette date (Sageot, Gaudreaux et Doirat furent les précurseurs et parmi les seuls à estampiller sous la Régence) et rappeler que c'est justement en cette année 1743 qu'apparaîtra pour la première fois la marque de Jurande parisienne (JME), en même temps que de nouveaux statuts et de strictes obligations. Lorsque l'usage de l'estampille s'est généralisée, François Garnier s'est servi d'un fer à ses simples initiales, comme d'ailleurs nombre d'ébénistes de cette période, soit FG, rendant la paternité de ses productions plus délicate pour la postérité, cette marque ayant d'ailleurs longtemps figurée comme celle d'un ébéniste inconnu ...comme ce fut le cas, plus longtemps encore, de celle de Michel Mallerot.

Du point de vue documentation historique, notre commode, outre qu'elle apporte un nouveau modèle à mettre à l'actif de cet ébéniste parisien, vient par sa signature manuscrite dite "à la rubrique" (il arrivait que les ébénistes signaient ainsi, et Le Verlet évoque ces signatures ainsi "mises à la plume ou au crayon, qui sont à ranger parmi les marques d'auteurs") corroborer de manière définitive l'attribution des initiales MM à Michel Mallerot.

 

Les Ébénistes du XVIIIe siècle. Leurs œuvres et leurs marques. - Comte de Salverte

 

En référence à ce texte, et sans doute par lecture trop hâtive conduisant à une mauvaise interprétation, nous avons pu lire que Michel Mallerot aurait été reçu maître ébéniste en 1740. A l'âge de 65 ans il aurait battu le record du plus vieux postulant à ce titre. En vérité, nous ne connaissons pas la date de son accession à la maîtrise (Verlet, ci dessous, ne l'indique pas davantage) et Salverte reprend ici un texte ancien qui pourrait être une entête de lettre par exemple et ainsi donc Michel Mallerot n'était ni davantage bourgeois ni davantage ébéniste après 1740 qu'avant. Etant français, ce qui n'était pas sans avantages, et vu sa date de naissance, nous pouvons bien plutôt présumer d'une accession à la maîtrise dans les toutes premières années du XVIIIe siècle.

 

Les meubles français du XVIIIe siècle - Pierre Verlet

 

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* "Rance, village situé dans la région Wallonne de la province de Hainaut en Belgique, abritait une carrière d’exploitation, aujourd’hui arrêtée, dont le marbre a été largement employé dans la construction du château de Versailles. Rance est l’une des plus ancienne et plus importante localité marbrière.
Louis XIV a ajouté à la façade du Château de Versailles, construite sous Louis XIII, une colonnade de marbre de Rance. Le marbre rouge de Rance ou « Vieux Rance » est probablement celui qui a été le plus utilisé dans la décoration du château, notamment dans la Galerie des Glaces, le Grand vestibule, dans divers salons, aussi bien employé pour des portiques, des lambris, des chapiteaux
… La beauté du marbre rouge de Rance correspondait à la volonté de Louis XIV d’employer à Versailles les matériaux les plus nobles. Durant les années 1660-1670, une véritable politique « marbrière » fut menée, sous l’impulsion de Colbert. Les ressources du Nord, désormais français, étaient connues, notamment pour le très apprécié rouge de Rance. A l'époque de la construction du Château de Versailles, c'était la carrière de la Margelle à Rance, qui fournissait la majorité des marbres mais n'arrivant plus à satisfaire tous les besoins d'autant plus qu'on demandait des blocs de plus en plus grands pour les colonnes, on décida l'ouverture du gisement du "trou à Rocs" dénommé depuis "Trou de Versailles" pour faire face aux besoins croissants." Documentation Antiquités Marc Maison

** Propos de l'Etude Berger et Associés tirés du descriptif d'un bureau plat Régence donné pour "Travail parisien dans l'entourage de Noël Gérard" circa 1720 :
"Le bâti en résineux (essence composant notre bureau) est caractéristique des fabrications des ébénistes parisiens de la période Régence, habitude de construction issue de la période Louis XIV. Quelques années après les bâtis seront en chêne.
L'utilisation de noyer pour la construction des tiroirs de notre bureau témoigne d'une part d'un travail bien parisien et d'autre part d'un travail soigné : meuble de commande.
Sur des bureaux ordinaires, les tiroirs seront soit en chêne... Avec la pénurie du noyer consécutif au grand gèle de l'année 1709, le noyer sera remplacé par du chêne, dans les années suivantes."

***

L'art et la manière des ébénistes français au XVIIIe siècle - Jean Nicolay

   
 

 

 

 
 
 
 

 

 

 
 

Commode-18e-Régence-parisienne-marquetée-estampillée-Mallerot-Michel

 
 

Dimensions : 0,84 m de haut x 1,50 m de large x 0,67 m de profondeur.
 
 


 
 
 
 

 

 

 
 

Commode-18e-Régence-estampillée-MM-bronzes-ciselés-dorés-meuble-parisien

 
 

La commode vue de léger trois quarts gauche.

 
 


 
 

Grande-commode-de-château-Régence-18e

 
 

La commode vue de trois quarts gauche. On note le puissant galbe de façade.

 
 


 
 

 
 

La commode vue côté gauche et son superbe frisage en diamant.

 
 


 
 

 
 

La commode vue côté droit et son superbe frisage en diamant.

 
 


 
 

Plateau-de-marbre-Rance

 
 

Vue du dessus du plateau de marbre.
Sans doute le cliché le mieux à même de rendre compte de l'ampleur du galbe de façade.


 
 


 
 

 
 

Détail des motifs diaprés du Vieux Rance - Angle à ressaut en bec-de-corbin et son congé.

 
 


 
 

Bronzes-ciselés-dorés-Regence-Commode

 
 

Détails des bronzes d'ornement de la façade :
Poignées de tirage - Entrées de serrure - Tablier.

 
 


 
 
 
 

Détails des bronzes d'ornement des montants (partie haute) :
Espagnolettes gauche et droite de modèles différents.


 
 


 
 

 
 

Détails des bronzes d'ornement des montants (partie basse composée de trois éléments) :
Sabots en panaches d'acanthe - Chutes d'angles godronnées sommées de coquilles au naturel
- Courte astragale reliant ces deux éléments.

 
 


 
 
 
 

La commode, marbre et tiroirs ôtés.

 
 


 
   
 

La commode, de dos. Montage à plat et queues d'arondes typiques des plus anciens modèles.
On note que sa largeur à nécessité la pose d'une traverse intermédiaire.


 
 


 
   
 

La commode, du dessus. Sans doute la photographie la mieux
à même de permettre de visualiser le galbe en plan des côtés.


 
 


 
 
 
 

 

A bon descriptif mauvais plagieur...