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COMMODE RÉGENCE DE FRANÇOIS LIEUTAUD

Commode d'époque Régence estampillée FL pour François Lieutaud
 
 

 

Commode d'époque Régence ouvrant à trois tiroirs sur deux rangs séparés par des traverses foncées de cannelures de laiton et coiffée d'un marbre rouge des Flandres. Construite en placage d'amarante sur un bâti de sapin de qualité avec ses caissons de tiroirs en noyer, elle présente en façade un puissant galbe en arbalète, des montants à épaulements et des côtés galbés.
Le meuble est paré d'une ornementation de bronzes ciselés et dorés de grande qualité à décor végétal dont la souplesse fait écho aux lignes de la commode : un important cul-de-lampe au tablier à décor d'une coquille flanquée de feuilles d'acanthe nervurées et crispées - deux chutes d'angle à décor de rinceaux d'acanthe enrichis de cartouches d'oves, de palmettes, de fleurons, de fonds réticulés piqués de quartefeuilles - deux joncs de liaison à décor d'entrelacs - quatre sabots enveloppants dit "en chausson" à décor de palmettes d'acanthe, fonds réticulés et feuilles godronnées typiques de la période Régence - quatre poignées de tirage à rosaces - deux larges entrées ciselées dans le style des chutes d'angle (une réellement en fonction : tiroir inférieur) et quatre plus petites entrées de serrure de forme losange (deux en fonction : tiroirs supérieurs). On note que l'ordonnance des entrées de serrure est au service d'une parfaite symétrie ornementale héritée du Grand Siècle avec lequel notre ébéniste conserve des attaches.

La commode se présente dans un superbe état d'origine, avec ses bronzes d'époque (les deux sabots arrière refaits au modèle) et ses anciennes serrures en fer.

Ce meuble d'un grand raffinement est représentatif des plus charmantes réalisations de la période Régence.

 

Estampillée (deux fois) F L pour François Lieutaud.

Travail parisien de la fin de l'époque Régence, vers 1720.

 

Estampille-de-François-Lieutaud

Estampille de François Lieutaud frappée sur notre commode.

 

LIEUTAUD François (1665 - 1748), ébéniste d'origine marseillaise qui reçut ses lettres de maîtrise à Paris à la fin du XVIIe siècle et fut actif sous Louis XIV et la Régence. Il travailla dans l'enclos privilégié du cloître Saint-Jean-de-Latran (où travaillait également Philippe Poitou, le fils) et Louis XIV lui accorda le rare privilège de pouvoir créer et fabriquer les bronzes de ses meubles (à cette époque en effet la corporation des bronziers-fondeurs s'en arrogeait l'exclusivité). Nous savons aussi qu'il œuvra en collaboration avec Noël Gérard (qui était également marchand mercier) mais aussi avec Charles Cressent et même André-Charles Boulle (qui le désigna comme son expert personnel au cours d'un procès en 1719). Il est à l'origine d'une dynastie d'ébénistes puisque son fils Charles ainsi que son petit-fils Balthazar (célèbre pour ses régulateurs) exerceront le même métier. Longtemps demeuré inconnu des historiens de l'art du fait de son estampille aux simples initiales (rappelons que l'usage de l'estampille ne fut réglementé et répandu que seulement durant l'époque Louis XV) il figure parmi les plus grands ébénistes de son temps.

Pour en savoir plus, à lire sur le site : https://www.anticstore.com/ebeniste/lieutaud-francois

 

 

Amarante (Peltogyne venosa)
Au Brésil : Pau roxo, au Royaume-Uni : Purpleheart, violetwood, et en créole : Bois violet.
Du détroit de Panama au centre du Brésil.
Arbre entre 38 et 45 mètres de hauteur donnant un bois de coeur violet plus ou moins foncé s'accentuant lentement avec le temps pour devenir parfois brun sombre à l'air et à la lumière.
Grain fin et fil droit parfois légèrement ondulé. Séchage normal, belles finitions.
Bois lourd et dur, de densité 0,85 (850 kg/m3), bonne durabilité.
Sa couleur prédispose ce bois à des utilisations en décoration et en ébénisterie (tournage, sculpture, objets d'art...), mais il convient aussi pour les meubles massifs et la menuiserie intérieure (lambris, parquet, escalier...), les instruments de musique, queues de billard, manches d'outils.
On observe différentes variations de couleurs de l'amarante dans son processus d'oxydation. Ces couleurs peuvent se fixer à n'importe quel stade, les scientifiques en cherchent toujours la raison...

Le placage d'amarante a été principalement utilisé par les grands ébénistes du temps de la Régence, tels que Pierre Migeon II et Charles Cressent qui en parent alors nombre de leurs commodes. Parlant de cet ébéniste, on notera (clichés ci-dessous) également la parenté de certains de ses bronzes avec ceux de Lieutaud. Enfin c'est une interprétation (il s'agit en effet d'une attribution), car il en est une seconde : ne serait-ce pas plutôt une autre commode de François Lieutaud?

 
 

 

 

 
 

 
 

 

 

 
 

"Dans l'histoire du mobilier, le placage unique de bois d'amarante correspond à une période très courte du mobilier parisien. On situe la durée de cette mode à environ 5 ans, autour des années 1720. Le bâti en résineux (essence composant notre bureau) est caractéristique des fabrications des ébénistes parisiens de la période Régence, habitude de construction issue de la période Louis XIV. Quelques années après les bâtis seront en chêne. L'utilisation de noyer pour la construction des tiroirs de notre bureau témoigne d'une part d'un travail bien parisien et d'autre part d'un travail soigné : meuble de commande. Sur des bureaux ordinaires, les tiroirs seront soit en chêne...Avec la pénurie du noyer consécutif au grand gèle de l'année 1709, le noyer sera remplacé par du chêne, dans les années suivantes."

Propos de l'Etude Berger et Associés (ci-dessus et ci-dessous) tirés du descriptif d'un bureau plat Régence en bois d'amarante (Estimation 25-30.000 € / Vendu 62.000 €) donné pour "Travail parisien dans l'entourage de Noël Gérard" mais où une possible attribution à François Lieutaud est évoquée.


 
 



 
 

"Trois à quatre ébénistes parisiens de renom dans les années 1720, sont capables de réaliser ce type de bureau. André-Charles Boulle et Charles Cressent tous les deux sculpteurs fondeurs laisseront une empreinte majeure dans les ornements de bronze. Les chutes de notre bureau composées d'une tête de femme sont une variante des têtes de satyre innovées par Boulle et des chutes à têtes d'indiennes créées par Cressent et figurant souvent sur leurs bureaux. Noël Gérard est un ébéniste contemporain des deux maîtres précédents, moins connu, mais qui nous a laissé lui aussi des chefs d'oeuvre. Le bronze en tablier ornant notre bureau et figurant «La Justice» est un bronze très souvent utilisé par Noël Gérard. Des chutes à têtes de femmes proches sont aussi connues sur d'autres bureaux de Noël Gérard. Un autre maître ébéniste du nom de Lieutaud est également à citer car ce dernier à souvent utilisé les superbes sabots en chausson à feuilles d'acanthe croisée que nous retrouvons aussi dans la production de Noël Gérard. Lieutaud a lui aussi orné des commodes et des bureaux avec des chutes à têtes de femmes.

Les experts observent la parfaite similitude de ses chutes de bronze ainsi que des "superbes sabots en chausson" avec ceux fabriqués par Lieutaud, pour notre part, tout en rappelant la collaboration connue de Lieutaud avec Gérard en tant que marchand mercier, nous observons la similitude des sabots et des entrées de serrure avec celles de notre commode. A noter également que nous avons en collection une commode de Lieutaud avec de semblables bronzes à l'astronomie en côtés, bronze dont l'utilisation est récurrente chez cet ébéniste.

Et en effet, nous retrouverons un autre bureau chez Hampel, nanti d'une étude sérieuse préparatoire à la vente, cette fois attribué à François Lieutaud pour le marchand Noël Gérard.

 
 

 

 
 

 

 

 
 
 
 

 

 

 
 

Commode d'époque Régence à la Cressent ou en sauteuse estampillée FL pour François Lieutaud

 
 

Dimensions : 0,80 m de haut x 1,20 m de large (1,03 m à l'avant) x 0,55 m de profondeur.
 
 


 
 

 
 

Plateau de 28 millimètres d'épaisseur en marbre rouge des Flandres à écoinçons, ceint
d'un congé bordant un large bec de corbin épousant les formes de la commode, et d'une
largeur destinée à couvrir un soubassement (accident à l'angle arrière gauche recollé).
 
 


 
 

estampille-FL-ébéniste-François-Lieutaud

 
 

Estampilles de François Lieutaud placées sur les montants arrière de la commode.
 
 


 
 

Commode arbalète d'époque régence en placage d'amarante XVIIIe

 
 

La commode vue de léger trois quarts gauche.
 
 


 
 

Commode 18e Régence en placage d'amarante parisienne estampillée Lieutaud Style de Migeon Doirat Noël Gérard ou Cressent

 
 

La commode vue de trois quarts gauche.
 
 


 
 

Commode 18e époque Régence garniture de bronzes ciselés et dorés meuble parisien de qualité

 
 

La commode vue de léger trois quarts droit.
 
 


 
 

 
 

Le côté droit de la commode.
 
 


 
 

 
 

Le côté gauche de la commode.
 
 


 
 

 
 

Vue rapprochée côté gauche.
 
 


 
bronzes ciselés dorés Paris époque de la Régence
 

Détails des bronzes d'ornement des tiroirs et du tablier.
 
 


Notons ici la qualité des garnitures de bronze de la commode (les petites perces éparses sont particulières aux bronzes peu épais des fontes de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe, mais un défaut récurrent sur les sabots (Voir bureau estampillé FL/Vente Crait Muller du 22 avril 2022) nous permettra d'attribuer une petite commode à Lieutaud, bien que non estampillée.

Nous savons que F. Lieutaud créait lui même les bronzes de ses commodes et nous considérons ceux-ci comme à la fois proches de certains modèles utilisés par Charles Cressent et Noël Gérard et bien typiques de la production de Lieutaud, et notamment pour ce qui concerne les petites entrées de bronze losangées, récurrentes sur ses meubles (nous en verrons un autre exemple en documentation).

 
 


 
 
 
 
Détails des bronzes d'ornement du piètement.
 
 


 
   
 

La commode, tiroirs ouverts.
 
 


 
   
 

Fonds de qualité (à encastrement toutes faces) en noyer.
 
 


 
   
 

Tiroirs ôtés laissant apparaître un bâti d'un superbe fini pour l'époque.
 
 


 
 
 
 

Le dos de la commode.
 
 


 
 


 

 
 
 
 

DOCUMENTATION

 

 

 

Si l'on devait chercher au nom de Lieutaud dans le Nicolay ou le Kjellberg, on ne trouverait trace que de Balthazar, et pas un mot sur François. Notre inquiétude se devrait d'être toute relative, puisqu'il n'y est pas davantage par exemple fait mention d'une dynastie entière d'autres grands ébénistes parisiens et fournisseurs de la couronne, les Van Riesen Burgh qui signaient juste BVRB, comme François Lieutaud signait juste FL. Et pour ce qui est de l'auteur de la première commode que nous mettons ci-après en documentation, il est en 2019, et malgré son talent, toujours inconnu de l'étude de Maigret du fait qu'il ne signait pas, et nous devrons nous contenter de son pseudo de Maître aux Pagodes donné par Pradère, et celà jusqu'à la diffusion d'une découverte récente, l'estampille NG dissimulée sous un plateau, qui est celle de Noël Gérard, ébéniste proche de François Lieutaud. Nous ne manquerons pas d'ailleurs au passage d'observer la ressemblance entre le bronze agrémentant le tablier de cette exceptionnelle commode et celui de notre commode.
Quoi qu'il en soit il est visible, par le biais notamment des prix réalisés en ventes publiques pour des meubles estampillés de Lieutaud ou de certains autres non signés qui lui sont désormais attribués, que la renommée de cet ébéniste, dont la découverte est relativement récente, est appelée à s'accroître encore dans les années à venir.
Témoigne d'ailleurs de cette renommée (rançon du succès?), l'apparition (récente) de fausses estampilles FL (il est vrai qu'elle ne semble pas, pour peu que l'on soit doué d'un peu d'habileté et complètement démuni de scrupules, difficile à reproduire, et pourtant...). Nous l'avons vue, grossièrement reproduite, sur une commode qui ne peut prétendre, ni par la qualité, ni même par l'époque de fabrication, être de la main de ce grand maître. C'est pourquoi nous commencerons par reproduire l'estampille figurant par deux fois sur notre commode ainsi que deux autres frappes documentées par l'étude parisienne Ferri.

 

 
 

 
 

 

 
 

Double estampilles de Lieutaud sur notre commode.

 
 

 

 
 

 
 

 

 
 

Double estampille de Lieutaud - Documentation étude Ferri.

 
 

 

 
 

 
 

 

 
 

Fausse estampille de Lieutaud (au ciseau) - Documentation Proantic.
On y joignait (mais pourquoi pas tant qu'on y est!) une fleur de lys frappée à la suite.

 
 

 

 
 

 
 

 

 
 

Commode attribuée au Maître des Pagodes. / Noël Gérard.

 
 


"La commode dite «à la Régence» que nous proposons s'inscrit dans ce contexte particulier. Sa composition parfaitement équilibrée, sa marqueterie en bois de violette, enfin, son décor original de bronze ciselé et doré, témoignent d'un ébéniste parisien de tout premier plan, maîtrisant parfaitement son art. Elle est relativement proche de certaines réalisations de François Lieutaud, BVRB, Etienne Doirat, des fils Boulle ou de Charles Cressent, mais Alexandre Pradère l'a intégrée, à juste titre, dans un corpus restreint de meubles qu'il attribue à un ébéniste parisien actif au début du règne de Louis XV, précisément vers 1730-1745, et qu'il nomme «le Maître aux pagodes», en référence à l'attrait de cet artisan pour la mode des Chinoiseries appliquée aux décors originaux des bronzes de la plupart de ses meubles." [Etude Thierry de Maigret]

 
 

 

 
 

 

 
 

 
 

 

 
 

En vérité le Nicolay ne manquait pas de signaler, et de manière élogieuse, un exemplaire Régence (très certainement également en amarante) estampillé F L (et bien évidemment de François Lieutaud) et pour laquelle nous apparaît une évidente parenté avec notre commode.

 
 

 

 
 

 
 

 

 
 

Cependant voici le modèle le plus proche de notre commode que nous ayons pu voir, meuble passé en vente chez Kohn à Drouot en mars 1994 (A noter que le descriptif au catalogue stipulait que des bronzes avaient été remplacés / Il pourrait s'agir des sabots, et éventuellement du bronze du tablier, car tous les autres bronzes de la garniture, mains tombantes, chutes et baguettes sont parfaitement conformes aux modèles de Lieutaud).
De même dimension, avec des galbes semblables et une même essence d'amarante, cette commode non estampillée est incontestablement sortie de l'atelier de François Lieutaud. On y retrouve les mêmes rosaces et les mêmes chutes de bronze avec des joncs à décor d'entrelacs exactement semblables à ceux de notre exemplaire.

 
 

 

 
 

 

 
 

 
 

 

 
 

Un exemplaire Régence estampillé FL plaqué de palissandre passé en vente publique en 2019. Modèle relativement proche de notre commode, certes plus réduit et simplement galbé.
A noter de semblables poignées de tirage et entrées de serrure en losange, un bronze au tablier quasi identique, des chutes d'angle très proches de modèle et cette fois encore des joncs de bronze à décor d'entrelacs exactement semblables.

 
 

 

 

 

 

 
 

Commode vendue 16.250 € (frais compris / sur une estimation ridiculement basse), mais modèle nettement moins large, en palissandre et non en amarante, galbé et non en arbalète,
et enfin proposé "en l'état".

 
 

 

 
 

 
 

Commode présentée à la Biennale par la Galerie Pellat de Villedon.

 
 

Un exemplaire Régence estampillé FL également en amarante avec de semblables
chutes et cornières, semblables poignées de tirage et entrées de serrure en losange.

 
 

 

 
 

 
 

Commode présentée à la BRAFA par la Galerie François Léage.

 
 

Un exemplaire Régence estampillé FL qui démontre le savoir faire incontestable
de François Lieutaud et laisse entrevoir sa proximité avec André-Charles Boulle.

 
 

 

 
 

 
 

 

 
 

Un exemplaire encore très "Grand Siècle" avec la même double estampille.
A noter encore les mêmes entrées de serrure posées ici sur les deux tiroirs du rang supérieur.

 
 

 

 
 

 
 

 

 
 

Un exemplaire Louis XIV récemment passé en vente publique démontrant, tant par le biais de l'attribution que par le résultat obtenu, l'intérêt croissant porté à l'ébéniste François Lieutaud.

 
 

 

 
 
 
 

 

 
 

Un exemplaire Régence en amarante estampillé FL avec semblable cul-de-lampe.

 
 

 

 
 

 
 

 

 
 

Autre exemplaire Régence en amarante avec une nouvelle attribution à François Lieutaud.

 
 

 

 
 

 
 

 

 
 

Un modèle Régence avec une nouvelle attribution à François Lieutaud par le Cabinet Dillée.
Une fois encore on observe les mêmes entrées de serrure (tiroirs du rang supérieur).

 
 

 

 
 

 
 

 

 
 

Une attribution à Lieutaud pour une commode d'une grande collection suisse
vendue chez Koller-Zurich près de 150.000 euros.

 
 

 

 
 

 
 

 

 
 

 
 

 

 
 

Un exemplaire Louis XV également doublement estampillé FL provenant du
Garde-Meuble royal pour Madame de Pompadour au château de Bellevue.
Livrée vers 1750 : sachant que Lieutaud est décédé en 1748 nous pouvons imaginer qu'elle fut faite ou terminée par son fils Charles Lieutaud
(dont on ne connait pas d'estampille propre et qui aura utilisé le fer de son père).