COMMODE MAZARINE DE LANDERNEAU

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Rare commode Mazarine en bois de Saint-Martin rouge,

bombée en façade et ouvrant par trois rangs de tiroirs.

 

 

 

Très bel état d'origine des bois, plateau, pieds, façade et côtés,
tout de Saint-Martin massif,
finition cirée conservant la patine d'origine.

Garniture en laiton coulé et serrures en fer d'origine.

 

 

Landerneau - Premier tiers du XVIIIe siècle.

 

 

Le bois de Saint-Martin rouge (existe aussi les variétés jaune et blanc) est un bois exotique originaire des Antilles et plus précisément des Caraïbes (celui utilisé pour les meubles de port provient certainement de Guyane) de couleur brun-rouge. C'est un bois aussi dur que décoratif que l'on rencontre parfois, bien que ce soit très rare, sur des meubles de port (il est d'ailleurs cité dans la liste des bois exotiques du Malfoy). Pour notre part, nous ne l'avions rencontré qu'une seule fois, et ce fût sur la plus exceptionnelle commode nantaise que nous avons achetée par le passé, ce qui nous laisse à penser, à la vue de cette nouvelle commode, qu'il était effectivement considéré dès le XVIIIe siècle comme un bois des plus précieux.

 

Commode de port nantaise en bois de Saint-Martin rouge - Documentation Antiquités Philippe Glédel / Ancienne collection

 

Pour en apprendre davantage sur ce bois exotique, un pdf est mis en ligne par le CIRAD : ctbg.cirad.fr/content/download/1053/5624/file/st%20martin%20rouge.pdf

 

 

Dimensions : 79 cm de haut x 129 cm de large x 64,5 cm de profondeur.

 
 

 
 
 

 
 

commode-portuaire-bois-Saint-martin-Caraïbes-Antilles-acajou-18e-XVIII

 
 

 
 

Avec pour hauteur 79 cm seulement, cette commode est basse, et telle que l'on aime à voir les commodes Louis XIV. Ses larges tiroirs où viennent s'intercaler de fines traverses à bourrelets et ses quatre pieds "Mararin" ponctués de sabots nervurés finissent "d'asseoir" le meuble et de lui donner toute sa noblesse.

 
 

 
 

 
 

 
 

Mais surtout la présence des quatre montants à décrochement en pied Mazarin délicatement sculptés lui donne un raffinement suprême et la distingue comme étant l'une de ces meubles d'apparat meublant autrefois les hôtels particuliers des riches négociants de Landerneau.

 
 

 
 

 
 

 
 

La commode vue de trois quart gauche.

 
 

 
 

 
 

 
 

La commode vue de trois quart droit.
Elle ouvre par trois tiroirs sur trois rangs, le tiroir supérieur glissant directement sous le plateau. Ils sont ornés de poignées de tirage et entrées de serrures malouines en laiton coulé.

 
 

 
 

 
 

 
 

On remarque que le plateau, composé d'une large planche et de son large cadre monté à coupes d'onglet, est mouluré sur l'intégralité de son pourtour d'un bec-de-corbin épousant les formes de la commode. Ce détail, les pieds Mazarin arrières à décrochement de 45° ainsi que le dos mouluré et ciré (voir dernière photographie) font penser à une commode de milieu.

 
 

 
 

 
 

 
 

Les côtés sont lisses et dits "en miroirs", ils sont faits de trois planches laissées rectilignes à la base, toujours dans l'esprit Grand Siècle.

 
 

 
 

 
 

 
 

Vues du montant avant droit en trois clichés : fleuron d'où s'échappe une chute florale, coquille à double valve et volutes affrontées, chute d'acanthe crispée et nervurée, coquille au naturel, sabot à astragale et nervures.

 
 

 
 

 
 

 
 

Le bois de Saint-Martin, proche d'un Saint-Domingue sur le plateau mais avec un veinage "ailes de perdrix" par endroits, veinage plus présent et ramagé sur les façades des tiroirs.

 
 

 
 

 
 

 
 

 
 

L'une de ses trois serrures d'origine, ici celle du tiroir supérieur munie d'une clé ancienne.

 
 

 
 

 
 

 
 

Au dos de la commode on remarque le plateau débordant et mouluré, les pieds en bois de Saint-Martin placés en ressaut à 45°, un cadre panneauté en bois de chêne à enfourchements simples.

 
 

 
 


DOCUMENTATION

 
   

 

Faisons en préambule un peu de "bruit dans Landerneau", ne pas en faire serait prendre le risque d'être pris pour incompétent, puisqu'en effet ce modèle de commode, très particulier, est par ailleurs presque toujours donné à tort pour Saint-Malo. Il serait donc temps de rendre à Landerneau ce qui lui appartient, d'autant que les deux grands ports bretons sont aux deux pôles opposés de la Bretagne.

Reconnaissons cependant, et c'est bien naturel, à ce modèle léonard quelques traits communs avec celui du pays malouin, et particulièrement avec celui du type Louis XIV : le tiroir supérieur à fleur de plateau, les côtés lisses le plus souvent, l'utilisation fréquente d'un acajou foncé, et enfin ajoutons à celà que certaines commodes de Landerneau se sont retrouvées parées, quelquefois même dès l'origine comme c'est le cas ici, de poignées de tirage à plaquette malouines, ce point en particulier finissant d'entretenir la confusion, même si c'est aussi le cas pour des commodes de la côte atlantique, y compris bordelaises. Notons cependant que la liste des différences serait beaucoup plus longue et enfin que la commode landernéenne est plus rare encore que la malouine.

Nous verrons plus bas la commode meublant la Maison de la Fontaine-Blanche à Landerneau. Tout près de là, l'ouverture prochaine et fort attendue de la Maison de la Duchesse Anne ou Maison de la Sénéchaussée, ancien hôtel des Rohan, permettra enfin au public, avec ses collections, d'en apprendre davantage sur ce mobilier spécifique encore secret.

 

   
 

LE MEUBLE DE PORT - Louis Malfoy / Les éditions de l'amateur

 
 

 
 

Le Pont de Rohan, dernier pont habité d'Europe - La Maison de la Sénéchaussée

 
 

 

Si Brest fut le principal port militaire de Bretagne, Landerneau participa également à la guerre de course. On cite notamment le cas de Barthélémy Kerros, natif des environs et devenu corsaire par lettre de marque du Roi, qui à bord du Furet captura un navire anglais et qui s'établit comme négociant et armateur à Landerneau. La ville prit un essor considérable au XVIIIe siècle grâce à la double position stratégique qu'elle occupait, à la fois par sa situation aux confins navigables de l'estuaire de l'Elorn (dite rivière de Landerneau, permettant la navigation de bateaux de plus de 50 tonneaux) qui en fit l'arrière port brestois, mais aussi par le fameux pont de Rohan (péage au bénéfice des Ducs de Rohan), dernier passage de Léon en Cornouaille (ce n'est donc pas un hasard si les deux quais opposés du pont se nomment quai de Léon et quai de Cornouaille). Les florissants commerces se rattachant à la culture du lin et de l'élevage (en particulier de chevaux) s'y associaient, et les échanges maritimes d'un commerce important contribuèrent à l'émergence d'une bourgeoisie de négoce qui fit bâtir de superbes hôtels particuliers à encorbellement, à Pondallez, en pierre de Logonna ou de kersanton. Il fallut bien les meubler, une petite communauté de menuisiers s'installa sur le site.

Attachons nous à présent à décrire le modèle landernéen. Il connaît trois principales déclinaisons :

- La commode à coins arrondis : il est probable que ce soit la plus ancienne, mais aussi celle qui a perduré dans les intérieurs les plus modestes.

- La commode Mazarine de premier type : modèle intermédiaire qui présente un piétement en console renversée à la base (généralement galbé en façade et avec pieds avant en console) mais dont le montant n'est pas sculpté.

- La commode Mazarine : c'est le modèle landernéen typique et reconnaissable des intérieurs les plus aisés, aux montants entièrement sculptés et finissant par un pied sabot, plus rare encore que la malouine galbée en arbalète à pieds jarrets (c'est dire!). Deux formes se différencient :

- la commode plane, que l'on rencontre parfois à deux pieds en console, mais le plus souvent à quatre pieds en console.

- la commode galbée, qui pour sa part ne présente généralement que deux pieds en console, Certaines commodes de grand luxe peuvent encore en présenter quatre, comme ici, de même qu'une traverse basse parfois sculptée. Certaines fois les côtés seront moulurés, le plus souvent de type "en chapelle". Enfin nous avons eu un modèle qui présentait des chérubins au sommet des montants.

Les bois employés varient des bois indigènes aux bois exotiques, dont l'acajou principalement.

Les poignées de tirage vont des modèles en laiton embouti ou coulé, parfois locaux et typiquement léonards, parfois importés de Nantes (à la marguerite) ou de Saint-Malo, aux modèles en bronze Louis XV commandés à la capitale, pour bien entendu les plus riches exemplaires.

 
   
 

 
 

Documentation - Argus Valentine's - Documentation La Gazette Drouot

 
 

Commode de Landerneau à coins arrondis - Commode Mazarine de Landerneau du 2e type. La première sans doute en bois exotique - La seconde arborant des poignées malouines.

A noter que notre commode est très semblable à ce dernier modèle, ajoutant cependant un bombé en façade. De même, elle nous apparaît comme le modèle landernéen le plus ancien, que nous datons très tôt d'époque.

 
 

 
 

 
 

Documentation - S.V. de la Roche sur Yon / Prix obtenu : 11.000 € hf. - Documentation Antiquités Philippe Glédel / Collection personnelle

 
 

 
 

Commode Mazarine de Landerneau du 1er type - Commode Mazarine galbée du 2e type. Bois de Saint-Martin et poignées de Saint-Malo - Archétype de la commode landernéenne.

 
 

 
 

 
 

Documentation Antiquités Philippe Glédel / Ancienne collection - Documentation Antiquités Philippe Glédel / Ancienne collection

 
 

 
 

Commode Mazarine de Landerneau du 2e type - Commode Mazarine de Landerneau 2e type. En bois naturel, sculptée sur la traverse - Montants ornés de chérubins.

 
 

 
 

 
 

 
 

 

Le modèle référent est la commode qui meuble aujourd'hui la Maison de la rue de la Fontaine-Blanche à Landerneau. Elle représente le parfait archétype : bel acajou sombre, somptueux montants en consoles renversées aux bois entièrement sculptés, riche ornementation de bronze Louis XV. Ses lignes douces et épurées, la douceur de grain du Cuba, sa puissance et sa prestance de commode Mazarine en font l'une des plus "classieuses" commodes de port qui soit.