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COMMODE DE FRANÇOIS LIEUTAUD
D' ÉPOQUE LOUIS XIV

Commode d'apparat d'époque Louis XIV  par François Lieutaud

 
   

 

Commode d'époque Louis XIV, dite à cadres, plaquée de palissandre en chevrons et en frisages, coiffée d'une pierre de Rance, incrustée de filets de laiton et garnie d'une très riche ornementation de bronze, sa façade bombée ouvrant par trois larges tiroirs.

 

L'ornementation de bronze ciselée et dorée de cette commode est absolument somptueuse : astragales de bronze formant cadres autour des tiroirs (d'où le nom de commode à cadres), en frises ciselées de palmettes alternées d'oves pour deux et en frise de mouvements en C à culots pour une troisième sur le plan horizontal et en baguettes ciselées de fleurons épaulant les montants sur le plan vertical, filets de laiton(1) en double encadrement sur le parement des tiroirs, des montants et des côtés, exceptionnelles entrées de serrures au masque d'Apollon enrubanné(2), poignées de tirage aux monstres marins, agrafes en palmettes aux écoinçons des tiroirs et en cantonnement des côtés, très rares chutes d'angle en espagnolette(3) et sabots en coquilles à rinceaux d'acanthe sur les montants, rare cul-de-lampe au souffleur (ou encore au Zéphyr) flanqué de spires d'acanthe au tablier(4), et enfin grands motifs à l'Uranie(5) disposés au centre des côtés.

Complément au descriptif de la garniture de bronze.
François Lieutaud, ébéniste mais aussi fondeur, a pris soin d'orner cette commode de bronzes qui figurent parmi les plus précieux et dont certains sont absolument rarissimes :
1- Notons que ces filets, qui ont été entièrement démontés (et ré-aplanis avant que d'être nettoyés puis remontés) présentent une façon qui nous permet, plus encore que par l'examen du bâti, de dater très tôt notre meuble. En effet leur contre-parement, soit la partie non visible en intarsia dans le bois, n'est pas simplement rectangulaire comme on le voit sur les modèles du XVIIIe siècle étirés de manière plus mécanique dirons nous, mais d'une forme triangulaire, inégale et grossière, car entièrement dégauchie à la main, et tels que ceux fabriqués au XVIIe siècle (il en est ainsi par exemple des filets incrustés sur les armoires d'André-Charles Boulle). Bien entendu, il est possible que Lieutaud, ébéniste dès le dernier quart du XVIIe siècle, ait conservé cette façon plus longtemps que d'autres mais il n'empêche que, dans le cadre d'une expertise scrupuleuse, ces filets seraient
datés XVIIe.
2- Modèle très louis-quatorzien (Apollon et Hélios sont les symboles du Roi Soleil), fréquemment utilisé par François Lieutaud, Nicolas Sageot et d'autres (nombreux surmoulages plus tardifs), mais quasiment jamais avec les deux prolongements verticaux que l'on peut leur voir ici (culots en fleurons au sommet et à la base très exactement délimités par les deux filets de laiton). Nous avons longuement recherché ce bronze dans cette formule ultime sans jamais le trouver, exception faite de seulement deux commodes de Nicolas Sageot, la première vendue chez Christie's et la seconde, provenant de la collection des ducs de Cavendish, chez Sotheby's (voir ci-dessous).
3- L'espagnolette dérive des figures à têtes couronnées de plumes des gravures de la seconde Renaissance. Cressent, s'inspirant des figures de Watteau, en dessinera des bustes féminins. L'inspiration est surtout boullienne sur ce modèle particulier d'espagnolette que nous n'avions jamais rencontré auparavant, et leurs mascarons féminins coiffés d'un panache de plume en palmette rappellent en effet ceux des lustres d'André-Charles Boulle.
4- De semblables tabliers, avec mascaron au souffleur et enroulements d'acanthes, sont visibles sur les plus anciennes commodes de Charles Cressent.
5- Uranie, muse de l'astronomie, est représentée sur une terrasse ajourée, appuyée sur un globe étoilé et tenant un compas. Il s'agit là encore d'un bronze sophistiqué mais familier des côtés des plus luxueux bureaux Régence en placage d'ébène de Lieutaud, des plus fastueuses bibliothèques de Sageot ou commodes d'Oppenordt.

 

Meuble découvert dans un bel état de conservation, se présentant quasiment dans son intégrité de bâti et de placage, un beau palissandre du Brésil en frisages, avec sa pierre d'origine de la variété dite Vieux Rance (plus profonde que le meuble pour recouvrir une cimaise de boiserie), les bronzes et les filets d'époque, tout comme les trois serrures (une clé assortie les fait fonctionner).
Comme il est légitime sur une commode d'époque Louis XIV, le bâti est entièrement en sapin tandis que les caissons des tiroirs sont en noyer. Le montage de la caisse est exclusivement effectué par queues d'aronde assemblées à fleur de parement, tant sur la façade que sur les côtés du meuble, d'où la légitime nécessité d'une très sérieuse restauration après 300 ans d'existence.

De la restauration :
Nous parlons parfois (encore que pas assez) à notre clientèle de coûts de restauration, et tâchons de la sensibiliser à ce qui fait la différence entre une pseudo restauration -quelquefois "elle brille" même par son absence totale- et une véritable restauration dans les règles de l'art.
Pour présenter cette commode de Lieutaud dans cet aspect au plus proche de l'origine nous préciserons que nous l'avons confiée pour une période de près de deux années à un maître ébéniste dans l'atelier duquel elle a nécessité plus de 250 heures de travail (ceci en dépit, précisons le, de ce qui sera communément jugé comme un bon état de conservation / Nous tenons un cliché de la commode telle qu'achetée et la facture de restauration à la disposition de notre clientèle). Par ailleurs son marbre a été reconditionné par notre marbrier tandis que ses bronzes l'ont été tout d'abord par notre ciseleur (qui n'a eu, car la ciselure était bien présente, sinon pour une feuille de spire d'acanthe à restaurer, que de la remise en forme à effectuer) avant que de l'être par notre doreur pour une dorure à l'or avec polis et amatis patinés. Ajoutons (pourquoi pas) les déplacements nécessaires à toutes ces étapes et nous pourrons alors annoncer un chiffre de largement 300 heures entièrement dédiées à la restauration de ce meuble... Autant dire que (pour peu que les deux branques qui sont à la tête des deux grandes puissances nucléaires se tiennent tranquilles) notre commode de plus de 300 ans sera encore là dans les 300 prochaines années.

 

On peut considérer cette commode comme un modèle d'apparat où Lieutaud exprime pleinement son goût et sa créativité. Très tôt d'époque, elle figure très probablement parmi les toutes premières réalisées par cet ébéniste de très grand talent, soit contemporaine des premières réalisations de Nicolas Sageot et de Noël Gérard, et contemporaine également des commodes d'André-Charles Boulle, trois ébénistes avec lesquels François Lieutaud entretenait des relations professionnelles.

 

 

Travail parisien d'époque Louis XIV,
vers 1710
- 1715, par François Lieutaud.

 

 

Lieutaud  François (1665-1748), ébéniste d'origine marseillaise qui reçut ses lettres de maîtrise à Paris à la fin du XVIIe siècle et fut actif sous Louis XIV et la Régence. Il travailla dans l'enclos privilégié du cloître Saint-Jean-de-Latran et Louis XIV lui accorda le rare privilège de pouvoir créer et fabriquer les bronzes de ses meubles (à cette époque en effet la corporation des bronziers-fondeurs s'en arrogeait l'exclusivité). Nous avons toutes les raisons de croire qu'il fut le principal fournisseur en bronzes de Thomas Hache et que son travail inspira les productions dans le style parisien de ce dernier.
Nous savons aussi qu'il œuvra en collaboration avec Noël Gérard (qui était également marchand mercier) mais aussi avec Charles Cressent et André-Charles Boulle (qui le désigna comme son expert personnel au cours d'un procès en 1719).
Il est à l'origine d'une dynastie d'ébénistes puisque son fils Charles ainsi que son petit-fils Balthazar (célèbre pour ses régulateurs) exerceront le même métier.
Longtemps demeuré inconnu des historiens de l'art du fait de son estampille aux simples initiales (rappelons que l'usage de l'estampille ne fut réglementé et répandu que seulement durant l'époque Louis XV), il figure parmi les plus grands ébénistes de son temps.

Pour en savoir plus, à lire sur le site : https://www.anticstore.com/ebeniste/lieutaud-francois

 

 

Notre commode d'époque Louis XIV est née avec un marbre, comme son plancher en atteste, et nous avons toutes les raisons de croire qu'elle est toujours recouverte de sa pierre d'origine. Nous attirerons l'attention sur ce fait que les commodes véritablement de la fin de l'époque Louis XIV recouvertes d'un marbre (dès l'origine, car en effet on en verra beaucoup dont le plateau de bois a été remplacé par un marbre) sont en vérité extrêmement rares, car c'est l'apanage des commodes "de grands noms", des ébénistes parisiens proches d'André-Charles Boulle et du Garde-Meuble de la Couronne. Pourquoi ? Tout simplement parce que le marbre à cette époque était considéré comme un matériau de grand luxe car le coût de son transport l'amenait à un prix de revient bien supérieur à celui d'un plateau de bois recouvert de placage ou même de marqueterie.

 

"Le marbre de Rance (également appelé Rouge de Rance, Rouge de Flandres, marbre rouge des Flandres, ou Rouge belge) est une variété de marbre de couleur rouge, rayé de veines grises et de taches blanches et bleuâtres. Exploité dès le XVIe siècle dans la région de Rance, dans le Hainaut (Belgique), il obtint une grande renommée surtout grâce à l’usage intensif qui en fut fait lors de la décoration du château de Versailles où on le trouve utilisé à profusion tant en dallages, placages, qu'en pilastres, comme dans la Galerie des Glaces, pour la confection de colonnes, d'escaliers et de cheminées monumentales. Ces éléments étaient réalisés en marbres de provenances diverses, en grandes quantités des provinces septentrionales appelées Flandres, d'où l'origine des qualificatifs erronés de « Rouge de Flandres » ou « marbre rouge des Flandres ».
Le rouge de Rance n'est pas un marbre au sens géologique du terme car il ne s'agit pas d'une roche métamorphique ayant été soumise à haute température à la suite d'un enfouissement à très grande profondeur ou au contact avec une roche ignée intrusive. Le terme "marbre" se réfère ici à une simple roche calcaire prenant un beau poli et utilisée comme pierre ornementale.
Un texte de 1608 montre que le marbre rouge de Rance est déjà bien connu loin de son lieu d’origine : « laquelle pierre est fort recherchée de toute part, et par spéciale de la ville de Bruxelles et Anvers, d’où icelle passe plus outre tant pour le roy de Danemark que autres princes et Seigneurs voisins ».
Plus que tout autre, les lettres de noblesse du marbre rouge de Rance lui viennent de l’utilisation extensive qui en est faite pour la décoration du château de Versailles, surtout durant la seconde phase de construction (1668-1670). La demande est alors si pressante qu’une route est tracée à travers la forêt, entre Renlies et Cousolre pour acheminer plus rapidement les colonnes de marbre vers Paris et Versailles". Extrait de Wikipédia.
Rappelons que les carrières de Rance sont depuis longtemps fermées.

Pour en savoir plus, à lire cet excellent article Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marbre_de_Rance

 

   
 
 
Dimensions : 0,83 m de haut x 1,21 m de large x 0,62 m de profondeur.
  Commode Louis XVI en place et riche garniture de bronze. Paris XVIIIe Lieutaud  
 

La commode vue de face.

 
 

 
 

 

 
 

Commode Louis XIV d'époque et marbre de Rance

 
 

Vue en plongée sur le superbe marbre diapré dit Vieux Rance
avec débordement arrière destiné à recouvrir une cimaise de boiserie.

 
 

 
 

 

 
 

Commode Louis XIV a dessus de marbre Rance en placage de palissandre et riche parure de bronzes dorés

 
 

La commode vue de léger trois quarts gauche.

 
 

 
 

 

 
 

Commode Louis XIV en D garnie de bronzes toutes faces

 
 

La commode vue de trois quarts gauche.

 
 

 
 

 

 
 

 
 

La commode vue de trois quarts droit.

 
 

 
 

 

 
 
 
 

Chacun des côtés de la commode.

 
 

 
 

 

 
   
 

Un des côtés de la commode centré d'un important motif à l'Uranie dans un double
encadrement de filets aux angles arrondis cantonnés de larges coquilles en palmettes.


 
 

 
 

 

 
 
 
 

Une poignée aux monstres marins.

 
 

 
 

 

 
   
 

Une large entrée de serrure au masque d'Apollon.

 
 

 
 

 

 
   
 

Les espagnolettes ponctuées de chutes florales, baguettes, frises et coquilles en palmette.

 
 

 
 

 

 
 

 
 

Palmettes, filets, frises en festons et baguettes - Détail du bronze à l'Uranie.

 
 

 
 

 

 
 

 
 


Le tablier de la commode avec son cul-de-lampe au Zéphir et ses spires d'acanthe affrontées.
A noter la très riche frise inférieure dont l'ornementation s'affranchit de celle des deux autres,
sur celle-ci un décor de mouvements en C à culots fouillé d'une formidable ciselure.


 
 

 
 

 

 
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Les sabots en spires d'acanthe centrées d'une coquille au naturel.

 
 

 
 

 

 
 

 
 

Le dos de la commode en planches jointives de sapin par lesquelles se finit le montage.


 
 
 
 

 

 
 

 
 



 
 
 
 

 

DOCUMENTATION

 

Documentation Sotheby's
Diverses commodes de Nicolas Sageot, pourtant de grande qualité, arborant les bronzes (classiques) au masque d'Apollon.

 

Documentation Christie's (en haut).
Documentation Sotheby's - Provenance Chatsworth - Collection Cavendish, ducs du Devonshire.
Deux commodes de Nicolas Sageot aux masques d'Apollon semblables à ceux de notre commode.

 

De gauche à droite : entrées de serrure (classiques) de Thomas Hache et de Nicolas Sageot puis (évolutives) de Sageot et de Lieutaud.

 

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Corpus de commodes de type Louis XIV
(certaines d'époque Louis XIV, d'autres d'époque Régence) estampillées, attribuées ou
encore attribuables à François Lieutaud (des plus simples vers les plus riches modèles on
remarquera qu'elles furent fabriquées à l'unité, pas une n'étant semblable à une autre).

 

 
 

 

 
 

Hôtel des ventes Giraudeau

 
 

Commode estampillée François Lieutaud

 
 

 

 
 

Ancienne collection Antiquités Philippe Glédel
Commode Louis XIV à lingotière en marqueterie

 
 

Commode attribuée à François Lieutaud avec entrées de serrure au masque d'Apollon.

 
 

 

 
 

Ancienne vente Hôtel Drouot

 
 


Commode attribuable à Lieutaud où l'on retrouve un semblable tablier.

 
 

 

 
 

Christie's

 
 

Commode estampillée Lieutaud

 
 

 

 
 

Hôtel des Ventes de Dreux

 
 

Commode que nous attriburons à Lieutaud et qui nous permet d'observer une
nouvelle fois les bronzes au masque d'Apollon dans leur formule classique.

 
 

 

 
 

Christie's

 
 

Modèle à cadre et à l'Uranie avec mêmes écoinçons en palmettes, très probablement de Lieutaud.

 
 

 

 
 

Christie's

 
 

Commode attribuée à Lieutaud par Christie's où l'on retrouve les mêmes palmettes d'écoinçons
sur les pieds profilés ainsi qu'un cul-de-lampe au tablier semblable aux sabots de notre commode.

 
 

 

 
 

Hôtel Drouot - Etude Ferri

 
 

Commode estampillée François Lieutaud où l'on retrouve les mêmes palmettes d'écoinçons,
de semblables spires d'acanthe au tablier et allégories de l'Astronomie en côtés.

 
 

 

 
 

Hôtel Drouot - Etude Giafferi

 
 

Commode attribuée à Lieutaud par l'étude Giafferi se référant à la commode ci-dessus.

 
 

 

 
 

Documentation Interenchères

 
 


Autre modèle de commode tout à fait typique de François Lieutaud.

 
 

 

 
 

Guillaume Janneau - Les commodes

 
 


Autre modèle d'apparat proche de la précédente dont la paternité
à François Lieutaud ne fait également aucun doute.

 
 

 

 
 

Vente Christie's - Collections Hubert de Givenchy

 
 


Autre commode d'apparat (estampillée Balthazar Lieutaud) attribuée à François Lieutaud.
par Christie's (résultat 88.200 € / bronze du tablier rapporté comme précisé au catalogue).

 
 

 

 
 

Collection du musée du Louvre/ Photographie Louvre Collections / Attribuée à A-C Boulle

 
 


Cette commode du musée du Louvre, toujours attribuée à André-Charles Boulle, nous apparaît bien plutôt comme une œuvre de François Lieutaud.
Voilà qui met encore en perspective la qualité du travail de cet ébéniste.
Calin Demetrescu, qui la reproduit dans son ouvrage Le style Régence, l'attribue à l'atelier d'André- Charles Boulle et de ses fils et écrit : "ce modèle fut produit avec de petites variations par plusieurs autres ébénistes, tels François Lieutaud, François Mondon, Louis Delaître, Mathieu Chevalier..."

Pour notre part nous ne constatons ici aucune variante par rapport au travail de François Lieutaud (les bronzes des trois commodes ci-dessus et de la commode ci-dessous en font la démonstration)
et n'avons pas le souvenir d'avoir vu des commodes similaires de Delaître, Mondon ou Chevalier.


 
 

 

 
 

Alexandre Pradère - Les ébénistes français de Louis XIV à la révolution

 
 

Commode de grand apparat estampillée Lieutaud de l'ancienne collection des Barons
Foley de Kidderminster vendue 115.000 USD le 20 octobre 2018 chez Sotheby's.