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COMMODE LOUIS XIV |
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Son vernis au tampon est un véritable miroir, ceci explique les inévitables et nombreux reflets sur les photographies, reflets qu'il convient de ne pas confondre avec des défauts des bois et des teintes du placage et de la marqueterie. De même la différence de coloration entre la façade et les côtés est quelque peu accentuée par la lumière studio. |
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Dimensions : 85,5 cm de haut x 133,5 cm de large x 69,5 cm de profondeur. |
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DOCUMENTATION |
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La principale singularité des Hache, la plus déterminante à leur réputation, est d'être les seuls ébénistes de province à avoir égalé les plus grands maîtres parisiens. Nous avons pu lire "surpassé" (par une "jeune historienne de l'art" qui se contente de reprendre les écrits de Pierre Rouge, de Marianne Clerc et de René Fonvieille en les amalgamants "à sa sauce" sans rien apporter de nouveau, et qui de plus vient légender les meubles de "jeunes antiquaires" qui ne sont pas absolument pas de la main de Thomas Hache) mais il conviendrait tout de même de garder la tête froide. D'un point de vue d'ébénisterie pure, c'est sans doute Thomas qui se sera le plus rapproché des modèles de la capitale avec ses commodes mazarine dites au Jasmin à la manière d'Aubertin et de Renaud Gaudron et ses modèles bombés traités à la manière des Gaudron mais aussi de François Lieutaud. Sur cette commode, tant le choix du palissandre du Brésil que la luxuriance de l'ornementation, rares chez les Hache, démontrent la volonté de Thomas d'être au plus près des grands maîtres de la capitale. Mais s'il est bien entendu influencé par le goût et le savoir-faire parisien, ses commodes, marquées par sa forte personnalité (pourquoi ne pas dire son génie créatif, pour reprendre un terme de l'intitulé de l'ouvrage de référence) sont parfaitement reconnaissables et ce modèle, issu du classique modèle "en D" enrichi d'une large console en saillie à l'avant (inspirée du Baroque italien) et d'un décrochement à l'arrière, lui est même particulier.
On remarquera la très riche ornementation de bronze de ces modèles parisiens où nous retrouvons tout un répertoire commun : cannelures de laiton horizontales (3-4) et verticales (1-2-4), plateau à décrochement arrière (4) et ourlé d'une lingotière (3-4), encadrement de tiroirs à écoinçons (1-2-3), semblables entrées de serrures au masque d'Apollon (4), petits mascarons féminins au dessus des poignées mobiles (1-2), larges tabliers (1-3), bronzes sur les montants arrière (1) et opulents masques ornant les panneaux des côtés (1-2-3?-4). A noter que l'on retrouve le même modèle de coquille aux écoinçons des commodes 1 & 3 à la base des consoles et des pieds arrière de notre commode.
On observe un certain nombre de ressemblances entre les bronzes de cette commode de François Lieutaud et de la nôtre : coquilles-écoinçons à volutes exactement similaires encadrant chez Lieutaud les entrées de serrures et posées aux angles des tiroirs chez Hache, coquilles stylisées ici posées au centre des pieds semblables à celles posées aux bases des consoles chez Hache, feuilles d'acanthe sur les pieds avant des deux commodes également très proches. Il semble même y avoir une similarité entre les grands mascarons des côtés (hélas peu visibles sur ce cliché). |
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Dans le cadre du descriptif d'une précédente commode de Thomas Hache nous avions souligné que, contrairement à ses successeurs et à de rares exceptions près, il n'aura quasiment travaillé qu'en ébénisterie pure et que pour l'aristocratie. Artiste novateur, il vouait à son travail une véritable passion et c'est elle sans doute qui le poussait à ne jamais se répéter mais à se renouveler chaque fois, ceci étant peut-être plus encore perceptible concernant les premières décennies de son activité à Grenoble. Ainsi en est-il pour notre commode, unique mais cependant reconnaissable du fait tant de la forte personnalité artistique que de la maestria technique de son auteur. La commode étudiée ici est bien également unique tout en étant aisément rattachable au corpus des modèles dits "à consoles rapportées" fabriqués entre 1715 et 1720 que nous sommes tenté de nommer "au grand masque de Cérès". Nous trouverons ainsi dans l'ouvrage Le génie des HACHE une commode lui faisant écho, illustrée planche 93 et nous ajouterons en documentation deux autres commodes référantes connues. |
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Meubles référents parmi le corpus de commodes produites entre 1715 et 1720. |
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1 |
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Provenance ancienne collection Pandéris / Modèle très proche de notre commode. A noter qu'à la date de parution de son ouvrage (2005) Pierre Rouge la donne donc pour "modèle de commande", ce qui laisse entendre qu'il perçoit tout comme nous le caractère élitiste de cette commode et sans doute qu'à l'époque il n'a pas connaissance d'une seule autre commode semblable, ceci conjecturant de la rareté du modèle. |
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Ornementation de bronze des montants et des pieds exactement identique, semblables platines de poignées (modèle délicatement ajouré rarement usité chez les Hache) mais ici entrées de serrures aux sphinges. On note toutefois un mascaron différent au tablier, l'absence de bronzes aux écoinçons des tiroirs et en côtés. |
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2 |
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Provenance ancienne collection Marcel Puech / Garniture de bronze beaucoup plus sobre mais apparition du grand masque de Cérès. propre à Thomas Hache. Entrées de serrure cette fois aux Bacchus et tiroirs encadrés d'une moulure baguette de bronze très pari- sienne, mais cependant on constate à nouveau l'absence de mascaron sur le flanc et de bronzes sur les pieds arrière à décrochement. |
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3 |
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Cette commode, passée dans diverses ventes publiques (à tel point qu'elle aurait pu nous faire croire que le modèle est commun) est manifestement la plus proche de notre modèle, avec cette même particularité des bronzes "en ailettes" placés aux écoinçons des tiroirs (d'un modèle déjà rencontré sur une commode de François Lieutaud mais jamais sur d'autres commodes des Hache). |
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On retrouve ici les classiques entrées de serrures aux sphinges adossées tandis qu'une nouvelle fois le large tablier au (grand) masque de Cérès est semblable à celui de la commode Puech et de la nôtre. |
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Comme pour la commode Pandéris, on remarque que l'ornementation de bronze du montant et du pied est absolument à l'identique et on constate derechef l'absence de bronzes sur les côtés et les montants arrière. |
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Notre commode (en haut à gauche) illustrée au côté des trois autres modèles véritablement référents.
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Cette confrontation permet de prendre la mesure du supplément d'excellence de notre commode, plus fastueuse en effet par sa garniture toutes faces (ornementation des montants arrière, des panneaux de côté ainsi que des faces externes des consoles des montants avant). |
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Les commodes de Thomas Hache sont en effet très rarement ornées de bronzes en côtés, nous nous en retrouvons cependant deux autres (détails tirés de l'ouvrage de référence Le génie des HACHE, planches 85 et 96) : |
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On voit en effet sur celle de gauche une large baguette, sur celle de droite un grand mascaron. |
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Commode que l'on pourrait presque attribuer au même corpus (tiroir affleurant sous le plateau), mais on constate que ce modèle, dont il existe d'autres exemplaires, est déjà simplifié, le pied plus lourd et le tablier absent, et enfin et surtout la garniture de bronze bien moins opulente. Le large bronze en rinceaux recouvrant les pieds de cette commode, quasi inconnu sur les modèles de Thomas, sera par la suite maintes fois visible au tablier des commodes de Pierre Hache (dans l'atelier de son père) dans les années 1730 - 1740, et de même pour la chute de bronze entre les cannelures que nous retrouverons sur nombre des commodes suivantes. (Ceci confirmant l'éventualité d'une attribution du modèle 2 - documenté plus bas - à Thomas et Pierre Hache). Il ne fait cependant pas de doute que cette commode est un peu plus tardive que les modèles précédents et on peut voir en elle une étape intermédiaire entre le premier et le second modèle que nous nous proposons d'illustrer ci-après. |
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Intéressons-nous toutefois au préalable à une commode qui semble être complètement passée inaperçue, en ce sens qu'elle n'a pas été identifiée, et en effet Pierre Rouge ne la mentionne pas, bien qu'elle figure dans un ouvrage de 1966, "Meubles et Ensembles" Époques Louis XIII et Louis XIV, édité chez Massin, dans lequel elle est présentée comme une commode Louis XIV parisienne, et il en sera de même lors de son passage plus récent en vente publique chez Rouillac. Cette commode, du fait de son style très parisien, n'avait donc pas été attribuée à Thomas Hache, mais nous savons que Hache a utilisé vers 1710-1715 la marqueterie Boulle (voir Le Génie des Hache / planche 72) et nous reconnaissons ici, outre la manière du pied avant et du montant arrière à ressaut, toute la panoplie des bronzes d'ornement de Thomas Hache (et en particulier les agrafes de pied en entrelacs de mouvements en C et de tablier au grand masque de Cérès dans un cartouche déroulé, ceci venant confirmer qu'il en avait la quasi exclusivité puisque lorsque nous rencontrons une commode présentée comme parisienne ornée de ces deux modèles de bronzes particuliers, nous sommes bien en vérité confrontés à une commode de Thomas Hache). A propos encore du masque de Cérès comme élément récurrent il convient de noter que Thomas et Pierre en ont sculpté comme élément central au tablier de diverses tables en console Régence en noyer (voir Le Mobilier Savoyard et Dauphinois / Massin et Quand les Hache meublaient Longpra / Glenat).
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Corpus de commodes produites entre 1725 et 1730. |
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Précisons en effet qu'il existe un autre modèle de commode, illustré planche 102 dans Le génie des HACHE, et dont Pierre Rouge nous dit qu' "elle s'en rapproche beaucoup". La première observation que nous pouvons faire est que ce second modèle se distingue par une traverse sous le plateau comme le souligne Pierre Rouge, qui le date dès lors plus tardivement (vers 1725-1730), soit conjointement à l'apparition des marbres dans la production de Thomas Hache. En confrontant les deux modèles on ne peut cependant négliger de remarquer que les découpes des pieds ainsi que celle du tablier diffèrent complètement, le second modèle n'ayant indiscutablement pas la souplesse de ligne du premier. Mais c'est surtout la différence de l'ornementation de bronze qui nous frappe, le second modèle ne pouvant incontestablement prétendre à l'apparat de celui d'avant 1720. |
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(Il est décrit ici un petit masque de Cérès qui ne doit pas prêter à confusion avec les deux autres que nous comparerons.) En dessous, en moustaches à la base du tablier, il est deux bronzes exactement semblables à ceux figurant sur les bases (pieds et tabliers) des commodes du modèle 1. Nous ne trouverons cependant pas d'autres bronzes communs aux modèles 1 et 2. |
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Si on devait comparer les bronzes de cette commode et de la nôtre, on n'en trouverait pas un seul de commun. Le chapiteau est toutefois très ressemblant, mais à y regarder de près on constate que les boucles aux extrémités diffèrent. |
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Sur ce modèle, le masque de Cérès au tablier fait son apparition, mais il s'agit d'un motif en réduction du grand mascaron. Spécifions bien toutefois que Thomas Hache a utilisé l'un et l'autre sur ses commodes dès les années 1715, ce dernier étant beaucoup plus commun alors que le grand mascaron aura exclusivement habillé les tabliers des commodes du modèle 1. Précisons encore qu'un bronze proche de modèle habille le tablier de certaines commodes de François Lieutaud. |
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On le retrouve ici les entrées de serrure aux sphinges et de semblables poignées (De nombreuses platines accidentées ainsi que les deux poignées du centre rapportées sur la précédente). Sera reproduite dans le second tome de l'ouvrage Le génie des HACHE. |
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Et là encore, et il faut avouer qu'il est peu de variations entre cette commode et les deux précédentes, entrées de serrure, poignées et cul-de-lampe identiques. Les Hache jouent simplement sur le placage et les bronzes ornant les montants. |
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Commode absolument identique (mais ce n'est pourtant pas elle) au modèle de l'ouvrage Le génie des HACHE. Comme nous le suggérions, la volonté de créer chaque fois des commodes uniques semble moins affirmée sur le modèle 2 qu'elle ne l'était pour celui, en tous points plus élitiste, des années antérieures à 1720. |
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Retour ici du cul-de-lampe au masque de Céres, fait d'une seule pièce, moins complet dans sa partie centrale. Il s'agit d'un modèle plus commun, que l'on rencontre sur de nombreuses commodes de Thomas et Pierre Hache. |
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Un ouvrage récent, intitulé L'ébénisterie provinciale en France au XVIIIe siècle, fort intéressant, notamment concernant les meubles de Lyon et de Montbéliard, mais qui n'est pas exempt par ailleurs de quelques approximations, tend à remettre en cause l'attribution de ce dernier modèle aux Hache. On peut en effet se poser la question. Dans ce livre, les auteurs présentent ainsi deux commodes "à consoles rapportées" et traverse sous le plateau et, soulignant une parenté avec les modèles lyonnais, proposent une possible attribution à un ébéniste hollandais établi dans cette ville ou encore à Mondon de Grenoble (bien que, et les auteurs eux-mêmes en conviennent, ce dernier chevillait ses dos de commodes de manière conventionnelle et non pas tel que les Hache). Il semble que le propos ne soit pas suffisamment étayé (ou mal, comme par exemple quand il nous est dit que le poinçon au R couronné figurant par coïncidence sur les bronzes des deux commodes illustrées tendrait à corroborer l'origine Lyonnaise. Hors d'une part ce poinçon nous l'avons trouvé sur des poignées en laiton coulé indiscutablement malouines, et même si nous admettrons qu'il semble bien en effet particulier à une région que nous délimiterons au nord par le département du Rhône, mais au sud par celui de l'Isère et d'ailleurs nous ajouterons que statistiquement, nous avons dans notre carrière plus souvent trouvé ce poinçon sur des commodes grenobloises (et même plus particulièrement de Pierre Hache datables des environs de 1730) que sur des commodes lyonnaises. Aussi nous remercions les auteurs car leur observation tendrait donc plutôt à fortifier notre proposition d'attribution du modèle 2 pour partie à Pierre Hache), loin d'être assez probant donc pour remettre en cause l'attribution établie par Pierre Rouge. |
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Exemple de commode (pourtant attribuée à Thomas Hache par les experts de Sotheby's)
d'origine grenobloise. Pour voir d'autres commodes de ce type (simples grenobloises attribuées à Thomas Hache) se reporter aux catalogues de Proantic ou de l'hôtel des ventes de Chantilly (Oise enchères). |
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Pas mieux avec cette commode en vente à Zurich chez Koller. |
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EXAMEN TECHNIQUE D'AUTHENTIFICATION Dossier en collaboration avec notre ébéniste. |
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Au premier examen de cette commode à dessus de bois nous avons observé qu'elle se présentait dans son intégrité de placage (une petite greffe sans gravité à la base du côté gauche et rien d'autre de notable à signaler) et surtout que son plateau, partie sensible sur ce type de commode, n'avait pas souffert de dommages trop importants, ce qui est particulièrement rare. Il fut donc inutile de le déplaquer ou d'y insérer une âme de renfort tel que nous avions dû nous y résoudre pour notre précédente commode de Thomas Hache. Cependant comme il se trouvait voilé (concave) et que de plus son âme avait séché (problème récurrent des dessus plaqués), le placage fendu au centre bouché à la résine tandis qu'avait été rapporté en dessous un épais renfort de contreplaqué, renfort dont notre ébéniste à fait table rase avant de couper en deux planches égales qu'il a pu parfaitement redresser. Signalons qu'un angle de placage du plateau a été décollé puis recollé, ce qui nous a permis de noter que le placage est encore particulièrement épais et que son contre-parement porte les traces de 10 dents pour 2 cm, ce qui correspond parfaitement à une réalisation du tout début du XVIIIe siècle. |
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Le plateau dans l'atelier avant restauration. |
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Nos observations nous permirent de constater que le bâti du meuble est entièrement en sapin. La liaison des côtés et de la traverse supérieure est réalisée dans la pure tradition des Hache, à savoir queues d'aronde et tenons-mortaises. Les tiroirs sont montés en feuillure (dit encore à encastrement, c'est à dire le fond maintenu dans une encoche du bord inférieur de chacun des côtés), soit le procédé le plus sophistiqué, et donc sur les quatre faces (dos compris), ajustage que nous avons toujours mis en avant dans nos examens des meubles de Hache comme l'un des éléments d'attribution le plus déterminant. En effet ce montage d'ébéniste est fort peu utilisé en province (et plus rarement encore s'agissant du dos du tiroir), hormis par la famille Hache et quelques rares autres artisans du dauphiné parmi lesquels Mondon de Grenoble, mais aussi les Couleru à Montbéliard, on le rencontrera encore à Nantes où était établie une petite corporation d'ébénistes. Presque chaque fois que nous avons vu une commode du Dauphiné copiant le style des Hache, elle ne manquait pas, pour peu qu'elle fut sincère (nous voulons dire par là véritablement ancienne et pas une contrefaçon récente), de se trahir par l'absence de ce montage. Cependant, comme toujours pour un meuble de cette qualité de la période Louis XIV (ici nous sommes en présence, rappelons-le, d'un meuble d'un peu plus de 300 ans) une restauration méticuleuse s'avérait nécessaire. La commode a donc été l'objet d'une restauration de haut niveau, qui s'est espacée sur une année. Cela a permis au meuble lui même de s'adapter à l'hydrométrie de l'atelier, de ménager des temps d'imprégnation, d'assouplissement, de tension, de séchage et d'absorption nécessaires par exemple à la dissolution des colles. |
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