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S'il est un fleuron du mobilier normand, c'est certainement le buffet deux corps de Vire, meuble d'autant plus recherché qu'il est d'une très grande rareté. Celui-ci constitue un superbe exemplaire présentant une ornementation botanique riche et variée où l'on retrouve l'opulence et la virtuosité des plus beaux modèles des ateliers virois :
- Corniche saillante à décrochement à cinq larges rangs de sculpture (frise de feuilles d'eau lancéolées, ruban torsadé, fil de perles, frise d'oves et dards, frise de rai-de-cœur) coiffant des montants aux colonnes bien dégagées à cannelures rudentées de pointes d'asperges et fourreaux de feuilles de chêne, ponctués en partie basse de pieds typiquement virois enrichis d'une marguerite et finis d'un enroulement feuillagé.
- Traverse supérieure ornée d'une coupe contenant un bouquet en haut relief garni de roses, pivoines, lilas, vigne... et de part et d'autres d'un triple feston de rubans plissés, de fils de perles, d'une double guirlande de roses, fleurettes et pommes de pin, le tout suspendu à des écussons d'attache d'où pendent des boucles de perles en alternance avec des campanes en paires (à noter la grande qualité de la sculpture très fouillée et parfaitement dégagée des drapés et principalement des roses du panier, dont certaines traitées en fort relief).
- Larges cordons torsadés (ou pirouettes) ceinturant les portes.
- Rai-de-cœur sur des panneaux à la maille bien répartie.
- Faux dormants
sculptés de chutes de feuilles de chêne crispées et nervurées de fils de perle (certaines en encorbellement), festons, cordons torsadés, cannelures rudentées de pointes d'asperge.
- Traverses de portes parées de cornes d'abondance d'où s'échappent des festons de roses.
- Médaillons aux traditionnels instruments de jardinage (arrosoir et échelle pour l'un, panier tressé avec pelle et râteau pour l'autre, accompagnés d'un ruban noué à une campane écussonnée, de feuilles de fougères, de festons de roses épanouies ou en boutons et de feuilles de vigne avec grappes de raisin).
- Traverse basse enfin, généreusement chantournée et ornée de rinceaux fleuris de part et d'autres d'un cul-de-lampe en haut relief ponctué d'une pomme de pin.
- Fabrication exclusive en chêne et principalement en bois maillé dit "merrain".
Le chêne maillé est obtenu, à l'inverse du sciage de long, par un débit de l'arbre en quartiers. Il nécessite des arbres centenaires et sans défauts et induit davantage de pertes puisque le sciage n'est pas parallèle (similaire aux quartiers d'une orange) et d'autre part ce bois est réputé comme extrêmement délicat à travailler à la gouge.
Cependant il présente l'avantage d'être à la fois plus léger et plus solide, ainsi que moins sujet aux attaques des xylophages, mais surtout il apparaît, de part ses moirures, comme le plus beau chêne qui soit une fois ciré ou vernis. Les ateliers virois se sont spécialisés dans la fabrication de meubles en merrain, ce qui constitue (avec ceux de Fécamp en Haute-Normandie) une véritable spécificité.
Le meuble s'éclaire de longues entrées de serrures à col de cygnes et dauphins gravées de bouquets fleuris et de deux gonds par porte, le tout en laiton et originaire de la dinanderie de Villedieu-les-Poêles. Intérieur du corps supérieur avec ses trois anciennes étagères en chêne, la plus basse à deux tiroirs coulissants directement sur le plateau. Intérieur du corps inférieur également muni de son étagère d'origine en chêne). Serrures et clés en fer d'origine.
État : Meuble exclusivement fabriqué en chêne, demeuré dans un état exceptionnel et dans sa patine d'origine, entièrement révisé et soigneusement ciré.
Note : modèle des plus luxueux, à la qualité de menuiserie irréprochable, à la sculpture de haut niveau, à la fois très fouillée et bien dégagée.
Origine : Vire, Basse-Normandie.
Époque : première moitié du XIXe siècle.
Dimensions : Hauteur 2,40 m (corps inférieur 1,02 m - corps supérieur 1,38 m)
x Largeur 1,42 m x Profondeur 0,56 m.
Avec débords du plateau : Largeur 1,54 m x Profondeur 0,58 m.
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