ARMOIRE DE MARIAGE PROVENCALE

 

 

Grande armoire arlésienne en noyer massif coiffée d'une épaisse corniche droite, ouvrant par deux portes en accolade à trois panneaux moulurés à plate-bande. Les traverses sont moulurées en creux dans le style particulier de Fourques, celle du bas bien découpée et sculptée de volutes affrontées. Les côtés du meuble sont eux aussi richement moulurés, avec rappel des volutes de façade, et enfin les montants avant sont décreusés de moulures et ponctués de pieds "escargots" que l'on retrouve aussi sur les montants arrière. L'intérieur du meuble comprend trois étagères, celle du centre à trois tiroirs dont un plus petit fermant à clé par une grosse serrure de fer, celle du bas à un grand tiroir chantourné en écho de la traverse basse, le tout richement mouluré.

On remarque la qualité des garnitures métalliques, la triple paire de longues entrées de serrure en fer découpées en ajouré ainsi que les six épaisses fiches à larder, la petite entrée de serrure du tiroir central et enfin les quatre belles poignées à platines.
Il convient de souligner la présence d'un très rare système de fermeture à trois serrures (chacune à pêne demi-tour en biseau) reliées par une crémone, la très grosse serrure centrale à deux pênes, l'un à ressort actionnant la crémone et l'autre à pêne dormant classique. Une seule (et superbe) clé commande ainsi l'ouverture et la fermeture du battant droit tandis que le gauche est doté d'une belle espagnolette.

 

Modèle d'excellentes proportions, bien mouluré et bien ferré, d'une très bonne facture.

Excellent état de conservation, sans restaurations, avec toutes ses garnitures d'origine. Meuble revu par notre menuisier.

 

Les meubles rougis se rencontrent par tradition dans quelques régions de France. On pensera immanquablement aux meubles des paludiers de la presqu'île guérandaise, mais ces derniers sont peints tandis qu'ici il s'agit d'une teinture relativement transparente et qui n'est pas sans rappeler celle utilisée par les ébénistes parisiens (pour les fonds et les intérieurs) mais aussi et surtout par les Hache sur des meubles grenoblois en noyer. Nous n'en connaissons pas la composition mais elle certainement à base de colle de peaux et d'ocre rouge. Pierre et Jean-François employaient en effet cette technique de teinture sur des commodes en noyer massif. Fourques est également coutumier des meubles rougis, le plus souvent sur des armoires en aulne. Précisons donc bien qu'ici il s'agit bien d'une armoire en noyer, et même un noyer d'une d'excellente qualité.

 

Fourques, pays d'Arles, époque fin XVIIIe.

 

 

 

Mobilier Provençal - Ed. Massin.

Salle des ventes d'Arles - Etude holz